DESTINÉE (Finnick Odair)

Tournée de la victoire

Le vent puissant de l'hiver me glace le visage. J'enfoui d'avantage ma tête dans mon écharpe en laine épaisse afin de me réchauffer et de sentir à nouveau le bout de mon nez. Mais l'air froid parvient tout de même à se frayer un chemin par l'extrémité des manches longues de mon col roulé noir sous le long manteau cintré à la taille grâce à la grosse ceinture en cuire que Fiodora m'a forcé à porter. Lorsque sonnera midi, tout le monde débarquera chez moi au village des vainqueurs. Fiodora doit déjà être en train d'organiser l'arrivée d'une dizaine de cameramen et de journalistes. Durant les prochains jours une foule d'assistants seront au petit soins pour moi. La Tournée de la Victoire doit être l'événement au cours duquel le vainqueur des dernier jeu est mis à l'honneur. Pendant plus d'une semaine je vais devoir subir de multiples interviews et devoir énoncer plus d'une dizaine de discours dans les différents districts face aux familles des victimes des soixante-douzième Hunger Games. Chaque année la Tournée de la Victoire se tient à mi-chemin entre deux éditions des Hunger Games. C'est une manière pour le Capitole de ne jamais faire oublier les jeux dans les districts. Je vais donc devoir me rendre dans chaque district que compte Panem afin de recevoir les acclamations des habitants dont j'ai assassiné des proches.

Le port est encore très calme. Sur les vieilles lattes en bois troués à plusieurs endroits il n'y a pas âme qui vivent. Il est trop tard pour que des pêcheurs ne commencent à embarquer sur leurs rafiots et bien trop tôt pour qu'ils rentrent avec le fruits de plusieurs heures de travail pour les vendre directement aux habitants ou bien pour qu'ils soient envoyés par convoi dans les grandes usines de transformation. Ces derniers temps j'ai pris l'habitude de déambuler dans le district aux heures lors desquelles je suis quasiment sur de ne croiser personne. Il s'agit sans doute là d'une manière de me ménager avant la foule qui va m'étouffer les prochains jours. Finnick est lui porté absent du district Quatre depuis maintenant un mois. Il a été rappelé au Capitole par un énième milliardaire qui le paye pour ses services de mannequin. Le seul point positif de cette Tournée de la Victoire c'est bien le fait de pouvoir retrouvé le jeune homme en tant que mon mentor. Depuis qu'il est parti mon lit semble bien vide et ma maison bien trop sombre a mon goût sans son sourir divin.

- Comment sens-tu la journée qui s'annonce ?, lance l'individu derrière moi.

Avec ses cheveux auburn indisciplinés qui lui chatouille les épaules et qui lui couvrent partiellement les yeux avant qu'il n'y passe les maisn dedans pour les plaquer en arrière. Mon frère ainé a fière allure dans son costume noir droit d'une simplicité déconcertante. Ses yeux verts me scrutent d'une manière inquisitrice attendant ma réponse comme si il craignais que je lui annonce ma volonté d'organiser l'attentat du président lui même.

- Assez mal, je lui avoue sans mal. La première journée affreuse d'un voyage catastrophique.

Nous commençons alors notre périple jusqu'au petit coin tranquille où nous habitons tous les deux ainsi que le reste de notre famille. Dans les rues du petit village qui borde le port nous tombons sur quelques personnes qui flannent dans les rues, ce sont seulement des enfants et des personnes âgés trop malades pour travailler. A cette heure ci en pleine semaine tout le monde travaille durement, cela est le cas de mes amis les plus chers à qui j'ai pu faire mes adieux hier soir mais que je ne pourrais pas enlacer tout à l'heure à la gare. Lorsque nous regagnons le petit chemin pavé qui rattache la gare au Village des Vainqueurs le changement est flagrant. L'herbe est coupé à la perfection, les pavés ont été décrassés et les arbres qui ont depuis quelques mois maintenant perdu leurs feuilles ont vu leurs branches êtres taillés. Sur la grande place centrale du monde est déjà présent et une petite tâche de couleur bleu cours dans tout les sens comme un bébé animal perdu qui cherche sa maman. En me rapprochant je découvre l'identité de la personne sous les trop nombreuses couches de tissus. Et par la même occasion je découvre l'état dans lequel est sa chevelure. Plusieurs grandes vagues prennent place au sommet de son crâne ce qui doit lui faire gagner au moins une vingtaine de centimètre. Derrière lui comme des petits canetons suivant leur mère je découvre l'équipe de préparation qui m'a été attribué au début de cet été. C'est donc toute cette meute qui se jette sur moi pour m'assaillir de questions et de remarques.