Boire pour oublier - 11

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J'arrive un peu plus tard qu'Andy et Andrea à ma nouvelle maison. Ils sont déjà en train de répartir les cartons dans les pièces correspondantes quand je les rejoins à l'intérieur.

Dès que je passe le pas de la porte, un sentiment de sérénité lié à l'adrénaline d'un nouveau départ s'empare de moi. Il est d'autant appuyé par le charme du bois naturel et clair qui domine l'intérieur de la maison. Le blanc immaculé des murs fait ressortir la chaleur du bois. Souligné par les grandes baies vitrées qui s'ouvrent sur la mer, il apporte à la pièce maîtresse qu'est le salon, une luminosité si éclatante qu'on a l'impression d'avoir le soleil pour lumière. Tout est décoré dans des tons chauds et clairs ce qui confère à la maison une ambiance chaleureuse, calme et apaisante.

Tout ce dont j'ai besoin pour me ressourcer, me reposer et me retrouver. Ce style, en total opposition avec le manoir, signe la cassure entre mes deux vies. J'ai besoin de me recréer, de faire une réelle scission entre ma vie d'avant et celle que je suis sur le point de vivre. Je veux assainir les bases de ma nouvelle vie et ne rien laisser au hasard pour ne pas être parasitée de souvenirs indésirables même s'ils ressurgiront certainement de temps à autre. La luminosité n'est pas non plus un hasard, j'ai bien trop passé de temps à rester dans l'obscurité, déprimée et recroquevillée sur moi-même. Ce havre de lumière et de paix signe mon désir de reprendre ma vie en main et de vivre. De savourer chaque rayon chaud de lumière caresser ma peau.

Lorsque j'ai visité pour la première fois cette maison, j'ai directement ressenti toutes ces ondes positives et au moment d'admirer la vue à travers les baies vitrées, les rayons du soleil m'ont enveloppé de leur chaleur. J'aime à penser que c'était Ezio de là-haut qui effleurait ma joue et me guidait dans ma décision. Comme un signe venu du ciel pour confirmer mon choix. Je me berce peut-être d'illusions mais c'est ce que j'aime croire, peut-être juste pour me déculpabiliser d'être partie et de l'avoir laissé derrière moi physiquement.

Je sors de mes pensées lorsqu'Andy me surprend en surgissant de nulle part.

— May ! Enfin tu es arrivée, je te soupçonne d'avoir pris ton temps exprès pour nous laisser faire ton sale boulot. me taquine-t-elle.

Je lui souris et lui envoie un bisou de loin.

— Allez, venez on va tenter de retrouver les verres et boire un coup pour fêter ça.

— Tu rigoles ? On n'est pas assez vieux pour rester s'emplâtrer ici ! On va plutôt fouiller dans tes cartons à la recherche d'une tenue de soirée et découvrir quels bars branchés se trouvent ici ! s'exclame Andy.

— Je ne suis pas sûre d'en avoir l'énergie. C'est sûrement trop tôt pour moi.

— Hin hin pas de ça avec moi. Je ne te demandais pas ton avis, il est temps de te dépoussiérer un peu.

Sans que je ne puisse répondre, elle me tire par la main et m'embarque dans ma chambre. Nous déballons les cartons assez vite grâce à la méthode Andy qui consiste à vider le carton en le renversant sur le lit et à faire de même avec les suivants tant qu'elle n'a pas trouvé l'objet de ses désirs. Quelques minutes de recherche et une montagne de fringue plus tard, nous trouvons enfin le carton de soirée.

— Parfait ! Je te pique cette bombe !

Andy se retire avec ma robe dorée courte, sexy et provocante, tout son style. Pour ma part, je choisis une tenue plutôt sobre. Pantalon droit noir assorti d'un bustier noir également, il reste sexy avec son jeu de transparence et sa dentelle. Élégamment conçu, il laisse deviner mes atouts sans basculer dans la provocation.

Je rejoins Andy dans la salle de bain pour me maquiller et la vue de ma tenue lui fait rouler les yeux.

— May t'es pas sérieuse là ? J'ai dit qu'on allait s'amuser pas qu'on allait à un enterrement d'une pute !

Je soupire à sa remarque.

— Je peux en dire autant de ta tenue, tu te baisses à peine qu'on voit l'origine du monde.

Elle grimace à ma remarque ce qui me fait sourire.

— Je disais ça parce que ta tenue est trop sage.

— Je sais mais tu ne me feras pas en changer. Je vous suis en moto donc j'ai besoin d'un pantalon et je me sens à l'aise comme ça donc c'est soit cette tenue soit je ne viens pas.

Andy me lance un regard dépité et déçu mais ne fait pas de remarque. Nous nous maquillons puis nous partons.

 Nous arrivons après une trentaine de minutes au centre névralgique de la ville. Nous nous garons et rejoignons les rues piétonnes animées par l'effervescence du samedi soir. Rapidement, nous trouvons un bar à notre goût. Une queue interminable se profile le long du bâtiment.

— On va mettre des heures à entrer, cherchons ailleurs. dis-je blasée.

— Mais non, tu vas voir. impose Andy déterminée.

Elle prend les devants et double tout le monde puis parle au videur qui nous laisse passer. Une femme derrière nous énervée nous lance:

— Allez faire la queue comme tout le monde !

— Occupe toi déjà de celle de ton mec et viens me parler quand t'auras nettoyé l'aspirateur qui te sert de bouche. rétorque Andy.

Les yeux écarquillés et la bouche ouverte elle reste silencieuse. Je réprime un rire et nous entrons à l'intérieur. Nous sommes vite submergés par la foule transpirante et en chaleur. Nous arrivons péniblement jusqu'au bar devant jouer des coudes pour y accéder puis commandons nos consommations. La musique emplit nos oreilles et les basses vibrent en harmonie avec les battements de nos cœurs.

— Ça change du rouge à lèvre où l'ambiance était bien plus intimiste ! crie Andy pour tenter de se faire entendre.

Je lui souris et acquiesce par un hochement de tête. Nous consommons nos boissons puis décidons d'aller posséder la piste de danse au plus grand désarroi d'Andrea qui reste inlassablement sur ses aguets. Nous nous déhanchons au fil de la musique et petit à petit Andrea se détend au contact d'Andy qui accapare toute son attention.

Il la dévore des yeux qui brûlent d'amour pour elle et leurs sourires échangés trahissent leur complicité fusionnelle.

Je me prends vite à devenir triste, le souvenir d'Ezio, de son visage, ses yeux perçants et de son sourire radieux me submergent comme une vague qui nous renverse et nous bouscule dans tous les sens avant de nous laisser remonter à la surface.

Je retourne vers le bar pour commander un verre d'eau et tenter de retrouver mes esprits. Une fois le verre vidé, je commande un shot pour chasser la pensée douloureuse d'Ezio. Demeurant dans mon esprit j'en recommande jusqu'à ne plus le voir sous mes paupières. C'est avec cinq shots dans le nez que je retourne en titubant sur la piste de danse. Je me sens si bien que l'euphorie de l'alcool me pousse à entrer dans une danse endiablée au milieu de la foule. Tout le monde est dans le même état secondaire, comme en transe, portés par la musique nous nous déchainons sur la piste. Nos corps s'entrelacent, s'emmêlent et se démêlent, tantôt collés serrés, tantôt distants, emportés par la folie de la nuit, nous vivons comme si cette soirée était notre dernière.

Le Phénix- Renaissance [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant