La tête posée contre le béton froid, je me concentre pour diluer mes pensées anxiogènes dans la jungle où je suis enfermée. Les yeux fermés, la ressemblance avec un zoo est à s'y méprendre. Les yeux ouverts, la frontière est presqu'invisible. Entre celles qui font les cent pas en se répétant que tout va bien se passer, celles qui tentent déjà de se faire des alliés, celles pour qui la cellule est leur deuxième maison et celles comme moi qui restent dans leur coin à attendre, l'animation de notre cage n'a rien à envier au plus grand zoo. Il ne manque plus que la présence du public nous jetant des cacahuètes pour garantir l'immersion.
— Hey Madini.
La voix rauque d'une femme m'extirpe de mon analyse. Adossée au mur, les genoux pliés et coudes fixés dessus, je pivote légèrement la tête vers la camionneuse qui s'avance vers moi. A son allure confiante et sa démarche sereine, je devine que ce passage ici n'est pas son premier. Ses deux ombres qui la suivent sans rien dire confirment mon hypothèse.
Sans daigner répondre, je lève un sourcil interrogateur.
— T'as repris les affaires de ton mari et tu t'es fais gaulé ? demande t-elle en plantant les piquets qui lui servent de jambes devant moi.
— Non.
— Causante la p'tite. Pourquoi t'es tombée ?
— Ca ne te concerne pas.
Elle jette un coup d'œil à ses sbires avant de m'adresser un sourire déformé aux dents jaunes.
— Mais c'est qu'elle a du caractère. Est-ce que t'ouvriras encore ta gueule après ça ?
Elle ne me laisse pas le temps de comprendre ses mots qu'elle m'épingle de ses mains rocailleuses au mur, ranimant la douleur de ma blessure. Ne voulant pas entrer dans son jeu, je ne réagis pas et continue de la toiser. Mon ignorance attise sa fureur qu'elle concentre dans le poing qu'elle est prête à m'écraser au visage.
Le bruit métallique de la matraque du garde ricoche sur les murs de la cellule.
— La spina ! Lâche la ou c'est l'isolement dès ton arrivée dans la prison !
Son sourire s'efface derrière la crispation de sa mâchoire carrée. Elle maintient sa poigne quelques secondes avant de tout lâcher causant ma chute lamentable sur le banc en bois.
— Ton merdeux de mari a eu ce qu'il méritait. Les nôtres l'ont eu comme ils t'auront toi. crache t-elle avant de me tourner le dos.
— Répète ce que t'as dit. menaçé-je en bondissant du banc.
Elle s'arrête net et je comprends à la tension de ses épaules et aux chuchotements ambiant qu'il est rare que quelqu'un lui tienne tête. Lentement elle se retourne pour ensuite me tuer de son regard.
— C'est à moi q'tu causes ?
— En plus d'être conne t'as des problèmes de vue ?
Soudain, je me retrouve à terre, La Spina à califourchon sur moi. Sous les braillements des singes, elle dégaine ses coups que je pare habilement.
— Mais t'es qui putain ?! s'essouffle t-elle.
— Celle qui va t'envoyer en isolement ! rétorqué-je en lui assénant un coup de poing avant de la faire basculer et de me poser sur elle.
— Sale conne ! T'es foutue ! J'vais te tuer !
— Prends un ticket, dis-je en l'accablant de coup, y'a une liste d'attente. finis-je en plantant violemment mes coudes dans ses seins.
Un hurlement de douleur jaillit de sa gorge.
— Tu fais partie de quel clan ?
Sinistrement, elle étend ses lèvres en un sourire qui laisse entrevoir ses dents jaunes recouvertes de sang.
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Le Phénix- Renaissance [TOME 2]
PrzygodoweDe nouvelles flammes de vengeance; Couvantes puis incandescentes; Aussi inattendues que mortelles; Sillonnent l'île du soleil; De l'envolée menaçante; D'une renaissance cruelle. Cette histoire est le deuxième tome de la série " Le phénix", digne suc...