Le Phénix- Renaissance [TOME 2]

Aveuglée - 33

Les affaires bouclées dans le coffre, nous filons à vive allure vers le port. Amadeo roule en solitaire au guidon de sa moto. Dans un soucis de discrétion, nous nous sommes accordés pour prendre un chemin différent. 

Le pied enfoncé sur l'accélérateur, Andrea prend de l'avance pour arriver avant notre allié et ne rien rater de l'action.

Feux éteints, nous entrons dans le périmètre du port. Nous dissimulons la voiture en la garant discrètement sur le côté inondé d'obscurité. Armés jusqu'aux dents, nous nous dirigeons tels des ombres errant dans les ténèbres vers les quais où un faible faisceau de lumière perce la nuit noire de son halo.

En parcourant les allées définies par les containers, nous nous approchons à pas feutrés toujours sur nos gardes jusqu'à entendre des voix masculines. Sentant que nous ne sommes plus très loin, nous nous dispersons pour couvrir chacun un côté et les prendre par surprise au moment opportun.

Soudain le vrombissement de la moto d'Amadeo rompt le calme de la nuit. Habillé de tous les regards, il descend de sa monture pour aller saluer l'un des bras droit de Tony. Tous deux échangent quelques mots avant de se diriger vers un van contenant certainement la cargaison. En plus d'Amadeo et du bras droit, trois autres hommes sont sur place, vraisemblablement les deux chauffeurs et le vendeur.

Une fois la cargaison validée, nous jaillissons de la pénombre et abattons les hommes de sang froid. De la pluie de balles, seuls le bras droit et le vendeur arrivent à en sortir indemne. Dans une synchronisation spontanée, nous nous occupons des survivants. D'un côté Amadeo en duel avec le vendeur et de l'autre, dans un face à face équitable, j'affronte, aux côtés d'Andy et d'Andrea, le bras droit.

— Putain c'est quoi ce bordel ! s'exclame-t-il.

— Rien qui ne te concerne vraiment. répliqué-je en le tuant d'une balle dans la tête.

Je détourne mon regard du corps dont la vie s'échappe au rythme de l'écoulement de son sang pour le poser sur Amadeo. La main sur le poignard enfoncé dans le cœur de son adversaire, il le retire d'un coup vif avant de laisser tomber le corps dans un bruit sourd. Soulagée, je délie le nœud de mon anxiété par un soupir.

— Fernando était censé nous amener chez Tony, nous ne devions pas le tuer ! s'énerve Amadeo en nous rejoignant.

— Et comment on était censé le savoir hein ? Tu ne nous l'a jamais dit ! T'as merdé sur ce coup là ! m'exclamé-je en avançant vers lui de manière menaçante, les yeux noirs.

— Moi j'ai merdé ? me renvoie-t-il en s'approchant par mimétisme.

— Stop, ça ne sert à rien de s'entretuer, on va trouver une solution. s'interpose Andrea.

Encore prisonnière de ma colère, je me fais violence pour me calmer et distrais ma rage en scrutant la scène devant moi. Les rouages de ma réflexion s'activent alors à la recherche d'une solution qui ne tarde pas à venir.

— Andy, fouille ses poches. Il doit y avoir son portable et ses clés voire d'autres trucs qui pourraient nous servir. Andrea met sa veste de costume, ses gants et son chapeau puis prend sa voiture et agis comme si tu étais lui. Avec un peu de chance ils n'y verront que du feu et nous laisserons entrer dans l'enceinte du manoir. Toi Amadeo tu conduiras comme prévu le van Sans rien faire foirer cette fois. Toi Andy, prends la casquette du mec et porte là en fourrant tes cheveux dedans. Il ne faut pas qu'ils voient que tu es une femme puis installe toi aux côtés d'Amadeo. Quant à moi, je vais me cacher comme prévu dans le coffre du van. On doit y arriver, on n'a pas le choix, notre vie en dépend. ordonné-je d'un ton cinglant.

Tout le monde s'active sans poser de question ne voulant pas réveiller l'Etna qui sommeille en moi. Andy passe les clés et le téléphone de Fernando à Andrea qui prend ensuite le volant de la voiture. Amadeo suivi d'Andy prennent quant à eux le volant du van après m'avoir aidé à me cacher et refermé les portes du coffre.