Variety Show Romance [Terminée]

Chapitre 8 : Masques qui tombent (Jun-hyuk)

Le soleil de Séoul frappe fort en ce samedi après-midi, transformant l'asphalte du parc Yeouido en une fournaise ondulante. Je tire sur le col de ma chemise noire, regrettant déjà d'avoir choisi cette couleur (note à moi-même : le look "bad boy mystérieux" n'est pas adapté aux événements caritatifs en plein été coréen). Des gouttes de sueur perlent sur mon front, menaçant de ruiner le travail méticuleux de notre maquilleur.

Autour de moi, le parc bourdonne d'activité : des stands colorés aux toits de toile s'alignent le long des allées, des ballons multicolores flottent paresseusement dans l'air lourd, et surtout, des centaines d'enfants excités courent dans tous les sens, leurs rires et leurs cris créant une cacophonie joyeuse qui emplit l'atmosphère.

Bienvenue à la journée caritative annuelle "Stars for Kids", où les idols se transforment en animateurs de colonie de vacances pendant quelques heures. L'événement, organisé par l'association "Cœurs d'Enfants", rassemble chaque année les plus grandes stars de la K-pop pour une journée dédiée aux enfants défavorisés. Habituellement, je suis dans mon élément lors de ce genre d'événements. Mon charisme naturel (si je puis dire) et mon aisance avec les enfants font de moi une star de ces journées caritatives. Mais aujourd'hui, mon attention est inexplicablement attirée ailleurs.

Plus précisément, vers un certain stand rose pâle où une certaine chanteuse aux longs cheveux noirs semble captiver son audience juvénile. Le stand de Starlight, décoré de ballons en forme d'étoiles et de banderoles scintillantes, attire l'œil au milieu du parc. Et au centre de toute cette féerie, il y a elle. Soo-jin.

— Hyung, tu baves, me chuchote Tae-hyun avec un coup de coude joueur, son sourire en coin illuminant son visage habituellement sérieux.

— Je ne bave pas, je... j'observe la concurrence, je marmonne, essuyant discrètement le coin de ma bouche. Juste au cas où. On ne sait jamais avec cette chaleur.

Mais la vérité, c'est que je suis fasciné. Soo-jin, la princesse de glace, la rivale que je pensais connaître, est méconnaissable. Assise en tailleur sur un tapis d'herbe vert tendre, entourée d'une dizaine d'enfants aux yeux brillants d'admiration, elle raconte une histoire avec une animation que je ne lui avais jamais vue. Ses longs cheveux noirs, habituellement coiffés en une queue de cheval stricte, sont aujourd'hui lâchés, encadrant son visage d'une douce auréole sombre. Ses yeux, d'ordinaire perçants et froids quand ils se posent sur moi, brillent d'une chaleur et d'une joie que je ne lui connaissais pas.

Ses mains dansent dans l'air pour illustrer son récit, dessinant des formes imaginaires qui semblent prendre vie sous les yeux émerveillés des enfants. Et son rire... son rire est comme une mélodie cristalline qui s'élève au-dessus du brouhaha du parc, une symphonie que je voudrais écouter en boucle.

— Et alors, le petit lapin a dit au grand méchant loup... lance-t-elle, sa voix montant dans les aigus pour imiter le lapin, créant un contraste saisissant avec son timbre habituel.

Les enfants sont suspendus à ses lèvres, certains la bouche grande ouverte, d'autres serrant leurs peluches contre eux comme pour se protéger du loup imaginaire. Et moi ? Je suis là, comme un idiot, à me demander comment j'ai pu passer à côté de cette facette de sa personnalité. Comment ai-je pu ne voir que la rivalité, la compétition, quand il y avait tant de chaleur et de douceur cachées derrière ce masque de froideur ?

— Jun-hyuk oppa ! Une petite voix fluette me tire de ma contemplation. Tu viens jouer avec nous ?

Je baisse les yeux pour voir une fillette d'environ six ans me tirer par la manche de ma chemise. Ses grands yeux bruns, brillants d'espoir et d'excitation, me fixent avec une intensité qui ferait fondre même le cœur le plus dur. Ses cheveux noirs sont coiffés en deux couettes adorables, et elle serre contre elle une peluche en forme de lapin qui a visiblement connu des jours meilleurs. Comment résister à ça ?