Variety Show Romance [Terminée]

Chapitre 21 : Épreuves à distance (Soo-jin)

L'air londonien me frappe comme une vague de thé Earl Grey particulièrement corsé alors que je descends de l'avion. Mes jambes sont engourdies après douze heures de vol, et mon cerveau oscille entre l'excitation et le jet lag. L'aéroport de Heathrow bourdonne d'activité, un mélange cacophonique d'annonces en anglais britannique (qui sonne bizarrement comme du coréen à mes oreilles fatiguées) et de valises à roulettes qui claquent sur le sol.

Je jette un coup d'œil à mes membres de Starlight. Yoo-na, notre maknae, sautille sur place comme si elle avait ingéré tout le sucre du duty-free. Ji-soo ajuste nerveusement ses cheveux, probablement inquiète que l'humidité londonienne ne ruine sa coiffure parfaite. Min-jae, toujours pragmatique, vérifie pour la énième fois que nous avons bien tous nos passeports.

— Les filles, on y est ! je m'exclame, essayant d'insuffler un peu d'enthousiasme dans ma voix malgré la fatigue. Le festival "Harmonie Globale" nous attend !

Alors que nous nous dirigeons vers la sortie, mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors, mon cœur faisant un bond quand je vois le nom de Jun-hyuk s'afficher.

"Hwaiting, princesse éternueuse ! Montre-leur ce que tu sais faire (et n'oublie pas de ramener des scones pour le petit-déj) 😘 P.S. : J'ai une surprise pour toi pendant le festival. Garde l'œil ouvert !"

Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement à mon écran. Même à des milliers de kilomètres, Jun-hyuk arrive à me faire sentir comme si j'étais à la maison.

— Soo-jin ! La voix de Ji-soo me ramène brutalement à la réalité. On y va ! Le tapis rouge nous attend !

Je range précipitamment mon téléphone, sentant mes joues rougir. (Note à moi-même : travailler sur mon poker face quand il s'agit de Jun-hyuk. Je suis aussi transparente qu'une vitre fraîchement nettoyée.)

Le trajet jusqu'au lieu du festival passe dans un flou de paysages londoniens et de selfies excités. Big Ben, le London Eye, le Tower Bridge... tout semble sortir d'une carte postale. Yoo-na ne cesse de pousser des petits cris d'excitation à chaque nouveau monument, comme si elle jouait à un jeu grandeur nature de "Spot the Landmark".

Enfin, nous arrivons. Le tapis rouge s'étend devant nous comme une langue écarlate, bordée de chaque côté par une mer de paparazzi aux appareils photo voraces. L'excitation monte en moi comme des bulles dans un verre de champagne (ou de Chilsung Cider, pour rester fidèle à mes racines).

— Okay, les filles, je murmure alors que nous nous alignons pour notre grande entrée. C'est notre moment. Montrons au monde entier ce dont Starlight est capable !

Nous avançons sur le tapis rouge, la tête haute et le sourire aux lèvres. Les flashs crépitent autour de nous comme un orage de paparazzi. Je me sens comme une star hollywoodienne, prête à conquérir le monde.

Et c'est là que ça arrive.

Mon pied, ce traître, décide soudainement qu'il en a assez de marcher normalement. Peut-être était-ce le jet lag, peut-être était-ce le destin qui avait un sens de l'humour particulièrement tordu ce jour-là. Quoi qu'il en soit, mon talon s'accroche au tapis (qui n'est même pas censé être accroché, pour l'amour du ciel !) et avant que je ne puisse dire "bibimbap", je me retrouve étalée de tout mon long sur le tapis rouge.

Le temps semble se figer. Je peux presque entendre le bruit de ma dignité qui se brise en mille morceaux, chaque éclat reflétant mon expression horrifiée. Les flashs redoublent d'intensité, capturant mon moment de gloire (ou plutôt de chute) sous tous les angles possibles.

(Note à moi-même : vérifier si on peut poursuivre un tapis rouge pour agression caractérisée. Ou mieux, demander à Jun-hyuk s'il connaît un bon avocat spécialisé dans les litiges entre idoles et accessoires de décoration perfides.)