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"la... Tout va bien... Réveillez vous habibti" la main de Farès caresse doucement mon visage et me tire de mon évanouissement.

"Farès ?"

"Navré habibti, vous êtes plus délicate que je le pensais" dit il, en replaçant une mèche derrière ma nuque - et je ne sais si il fait référence à mon évanouissement ou à la couleur violine des hématomes de mon cou.

"Je... Je ferai tout ce que vous voudrez, je le promets" je murmure.

"Je vais vous laisser vous reposer quelques jours, puis nous ferons des apparitions publiques, histoire de calmer les journalistes. Si vous jouez le jeu, je suspendrais les tortures pour... Ce traître"

"Suspendez les maintenant, s'il vous plaît, et je jure de mettre tout en oeuvre pour vous satisfaire"

"Vraiment?" Murmure Farès, en me jetant un regard intense, tandis que sa main caresse la courbe de mon visage.

Mon ventre se tord et je sens une grimace de terreur se peindre sur mon visage.

Farès retire sa main et s'incline, jusqu'à ce que son visage soit si proche du mien que je sente les poils de sa barbe effleurer ma peau. Sa bouche est tout contre mon oreille et je sens un frisson me parcourir lorsqu'il murmure:

"Nous avons un accord habibti. Je vais laisser votre petit camarade tranquille... Pour le moment"

Farès dépose un léger baiser contre ma tempe avant de se retirer dans ses appartements, tandis que je ressens un étonnant soulagement.

En tournant la tête, j'aperçois un reflet sur ma table de chevet.
Ma liseuse.
Une vague de plaisir m'envahit, puis j'ai une pensée pour mon ami, retenu dans sa cellule. Farès tiendra t il sa promesse?

***

Quatre jours plus tard, feroudja m'aide à fixer un voile bleu océan sur mes cheveux.

"Voilà qui est merveilleux. Cela tranche avec l'auburn de vos cheveux et accentue la profondeur de votre regard" sourit-elle, tandis que je jette un regard au miroir. Elle a camoufle les bleus avec un fond de teint et a accentué mon regard.

"Tachez de sourire, le cheikh appréciera" me conseille t elle.

"Merci feroudja"

Je quitte ma chambre et m'installe au salon, attendant Farès. Il m'a rendu l'accès au salon et à sa chambre lorsqu'il a compris que j'avais tambourine a la porte pour obtenir de l'aide sans que quiconque m'entende.

"Vous êtes prête, habibti?"

J'acquiesce et il vient prendre ma main pour la déposer sur son avant-bras.

Il sort une antique petite boîte de sa poche, dont il fait sauter le couvercle pour révéler une élégante bague. Un saphir bleu en forme de larme, entouré de diamants, sur une monture en or blanc.

"Il s'agit de la bague de fiançailles de la défunte reine

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"Il s'agit de la bague de fiançailles de la défunte reine. Donnez-moi votre main"

Je me rends compte du double sens de sa phrase. Je tends ma main sans discuter et il m'enfile le bijou.

"Vos... Récents passages aux urgences, les diatribes enflammées de votre amie kimy et les allocutions de votre père m'ont donné beaucoup de travail ces derniers temps. Je souhaite calmer les journalistes qui campent devant le palais. Vous allez redresser la tête habibti, et montrer que vous êtes bien traitée ici n'est ce pas?"

"Oui Farès"

"Ne faites pas vos yeux de chiot battu"

"Je vais m'y efforcer"

"Merveilleux "

Farès m'entraîne vers une limousine officielle, ornée du drapeau officiel de l'Etat, et m'aide à m'y installer avec douceur, tandis que les journalistes mitraillent la scène .

Le nouvel aéroport international est inauguré aujourd'hui, et je n'ai que trop conscience de la violence symbolique qu'il y a, a emmener sa prisonnière visiter l'endroit de où, symboliquement, je pourrais quitter ce fichu pays.

Les journalistes sont nombreux et je m'efforce de m'accrocher au bras de Farès, qui, tout sourire, visite l'aéroport ultra moderne et ses commodités.

Alors que les caméras tournent à moins d'un mètre de moi, il m'explique d'une voix douce :

"Le précédent aéroport a été détruit lors de la guerre, faisant de nombreux morts  et j'ai pris le parti de profiter de ce drame pour offrir à mon pays un hub international de grande envergure"

Je déglutis à l'allusion, puis m'efforce de vanter l'architecture en souriant.

"Qu'en dites vous"

"Vous devez être fier d'avoir pu doter votre Etat d'une telle merveille"

"Notre État, habibti... Notre État..." Dit-il, en me souriant. Puis, il salue les officiels présents, les caméras et la petite foule qui s'est amassée pour nous voir, et il m'entraîne vers le véhicule qui va nous ramener vers le palais.

Une fois que nous sommes seuls, je m'effondre sur la banquette.

"Je suis satisfait de votre prestation habibti"

Je lui offre un long regard douloureux et il y répond d'un sourire goguenard.

"Vous avez bien mérité une compensation... Mettons... Que vous puissiez offrir quelque chose à votre petit camarade en signe de ma gratitude...."

Je me redresse et lui jette un regard plein d'intérêt.

"Vraiment?"

"Vraiment"

"De quoi manque-t-il ?"

"Allons lui demander..."

J'ai un noeud dans l'estomac jusqu'à ce que le véhicule se gare. Farès m'escorte jusqu'à la cellule où Farouk se trouve.
Lorsque la porte s'ouvre, je le découvre, torse nu, appuyé contre le mur, une chaîne aux pieds.

"Farouk"

"Laila" dit-il, surpris "comment...?"

Farès se dresse dans mon dos de toute sa hauteur.

"Vous voyez habibti... Il n'est plus battu..."

"Mangez vous à votre faim, Farouk ?"

"Je..." Alors qu'il essaye de se redresser, j'aperçois les cicatrices purulentes dans son dos

"Offrez lui des soins pour son dos, Farès"

"Très bien habibti... Vos désirs sont des ordres"

"Laila" hurle Farouk, alors que Farès me pousse vers la sortie et qu'on repousse la lourde porte.

Série: L'otage. Tome 5. Les Yeux De LailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant