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Une grimace de douleur passe sur le visage de Farès et elle me donne un profond sentiment de soulagement, avant d'être remplacé par l'inquiétude.

"Farès" je dis, en prenant sa main dans la mienne.

Il lève doucement son autre main et la dépose sur mon visage.

Ses lèvres bougent doucement mais je ne comprends rien. Alors, je fais ce que je n'aurais pas cru possible: je caresse doucement son visage du bout des doigts.

Ce moment de calme après la terrible tempête est de courte durée, et l'agitation se fait autour de nous. Farès enroule ses bras autour de moi et me plaque contre son torse, en glissant sa main sur mon voile avec douceur. Après quelques secondes, il se redresse en me gardant contre lui. Il dit quelque chose à Farouk et je réalise que des ambulances se sont approchées. Il n'y a plus guere de traces de la voiture où j'étais assise quelques secondes plus tôt.

Un pompier se baisse à ma hauteur et me parle mais encore une fois je n'entends rien que le sifflement infernal dans mes oreilles. Farès me tâte sans que je réagisse et soudain, quand sa main gantée effleure ma cheville, je pousse un cri de douleur et Farès se redresse soudain.

Malgré la douleur qui déforme ses traits, il me soulève dans ses bras et m'emporte jusqu'à une ambulance. Avec des gestes tendres, il m'aide à retirer mon voile et à m'installer à l'intérieur. Il soulève ma robe pour exposer mon pied et retire doucement ma chaussure. Ma cheville est enflee et violacée. Farès s'adresse au médecin qui l'enveloppe d'un bandage et dispose une poche de glace dessus.

Farès retire le haut de sa combinaison et le jette à l'extérieur du camion, révélant une énorme tâche violette en travers de son dos.

"Farès!" Et pour la première fois ma voix me parvient a travers le brouillard du sifflement.

"Farès, votre dos" je répète. Il s'assoit sur le strapontin tandis que le médecin jette un regard à son dos et discute avec lui.

L'ambulance s'élance et je regarde autour de moi.

"N'y a t-il pas d'autres blessés !?"

Tous deux se retournent vers moi.

La première réponse ne parvient pas à mes oreilles et Farès se rapproche pour crier a mon oreille : "pas de blessés graves. Quelques brûlures, ils sont pris en charge aussi, ne t'inquiètes pas"

"Mais et vous?"

"Ce n'est rien, une pièce de la voiture m'a percuté"

Mon menton tremble et Farès est obligé de me prendre dans ses bras pour me calmer.

La doctoresse qui entre pour me soigner s'excuse de déranger un moment d'intimité , rappelant que nous sommes certainement très choqués par les évènements et précisant qu'elle comprend qu'on ait besoin de se retrouver.

"Amira, vous devrez appliquer le protocole ICE : glace, calme et élévation. On va vous donner une attelle pour vous aider dans vos déplacements mais il vaut mieux éviter de poser le pied par terre car"

"Je la porterais" coupe le cheikh

"Ce n'est pas raisonnable après votre choc et "

"Ce n'est pas discutable. Ma femme ne posera pas le pied par terre tant qu'elle aura cette foutue entorse"

"Je.. d'accord" marmonne la médecin "passons à vous votre Altesse"

Elle passe dans son dos et observe les marques violacées.

"J'aimerai vous faire passer un scanner"

"Je vais très bien. Une crème pour résorber l'hématome suffira docteur. Si vous voulez bien, je vais ramener mon épouse au palais, je pense qu'elle a besoin de se reposer"

"Bien sûr, bien sûr" marmonne la jeune femme avant de nous faire signer les décharges. Nous rendons rapidement visite aux gardes qui se sont portes volontaires pour ma sauver de l'explosion et les blessures sont superficielles. Je les remercie chaleureusement un à un avant d'accepter de rentrer à la maison.

***

Farès tient sa parole et me transporte comme une mariée jusqu'à un véhicule du palais qui nous attend.
Un petit groupe de sujets et de paparazzis nous attend Farès fend la foule sans hésiter. Les flashs crépitent autour de nous mais nous essayons de ne pas y faire attention.

Les gardes nous entourent et ouvrent la portière d'une limousine. J'ai un mouvement de recul dans les bras de Farès et il a l'air de comprendre mon malaise.

"Vous préférez qu'on prenne une ambulance !"

"Ça va aller" je murmure, surtout pour me convaincre moi même.

***

Une fois rentrés au palais, Farès m'installe dans ma chambre et les petites bonnes s'empressent autour de moi, m'apportent un goûter, de la glace, un masque pour le visage tout en perorant

"Quelle horreur votre Altesse!"

"On a eu tellement peur! On a vu l'explosion depuis le perron du palais, nous étions horrifiés!"

"Les chaînes de télévision ne parlent que de ça! Farouk dirige l'enquête, on ne sait encore rien des revendications des poseurs de bombe !"

"Oh! Le cheikh a été si héroïque ! Avez vous vues les images?"

"Non je..." Je n'ai pas le temps de leur dire sue je n'ai pas envie de revoir mon traumatisme de la journée qu'elles allument la télévision où un présentateur est en train de revenir sur l'événement

Série: L'otage. Tome 5. Les Yeux De LailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant