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Un coup d'oeil a mon mari me confirme les paroles de mon père. Peut être craint il que je fasse un coup d'éclat? Bizarrement son regard me chauffe le ventre et les jours.

Les dernières mesures de la chanson arrivent et je me separe de mon père, pour rejoindre kimy.

"Tu as bien géré toute seule, tu n'as pas vraiment besoin de moi"

"Tu plaisantes? J'ai été débordée et j'ai sollicité les employés du palais a plusieurs reprises! Non, vraiment j'ai besoin de toi!"
Je réponds mais son attention est étrangement fixée sur autre chose, à l'autre bout de la piste.

"J'y crois pas, elle ne te lâche pas des yeux?" Je suis son regard pour tomber dans celui d'aicha, qui détourne le regard quand nos yeux se croisent. Une sueur glacée traverse mon corps et instinctivement je cherche Farès des yeux. Il est entouré de ministres et ne semble pas lui prêter attention.

Je reviens a elle et elle semble avoir repris du poil de la bête. Elle me regarde avec insolence, elle attrape un cocktail sur le plateau d'un serveur et le lève comme si elle me portait un toast de loin. Je relève le sourcil d'un air hautain et rejoins le groupe le plus proche de moi. A mon grand désespoir, il s'agit de Farouk et d'un ministre des finances du pays.

"Amira nous évoquions votre beau projet de rénovation des logements du quartier de caserne" énoncé farouk

"Oui, c'est une bien belle idée Amira Laila, mais je crains fort que le budget n'ait pas été correctement anticipé et..."

"Je dispose de l'intégralité des devis dans mon bureau"

"Certainement mais, disons que là, il s'agit d'avantage d'un projet du gouvernement que des prérogatives d'une Amira, aussi charmante soit elle"

"Est il dans les prérogatives d'un ministre des finances de dire à la reine ce qu'elle doit faire de sa cassette personnelle?"

"Amira je..."

" Vous semblerait-il plus correct que je me contente d'investir dans des motifs frivoles? Des parfums et des manucures seraient peut être plus adapté à ce que vous attendez d'une reine?"

"Votre Altesse je..."

Farouk m'observe l'air amusé par la déconfiture du ministre.

"Peut être devriez vous disparaître de ma vie avant que je ne rapporte à mon mari votre attitude?"

"Certainement Amira"

L'homme s'éloigne après une courbette fiévreuse sans demander son reste.

"Vous l'avez mouché!" S'amuse Farouk.

"Merci. Je suis toujours en colère contre vous"

"Je sais, mon plan était... Dégradant."

"Néanmoins je n'oublie pas votre aide lors de l'attentat" Farouk s'incline et porte la main, les doigts joints, a sa bouche, y dépose un baiser et pose ensuite sa main à plat sur son coeur. Dans cette partie du monde, cela signifie qu'on ressent de la dévotion. Mon cœur rate un battement et je l'observe, éberluée. Farouk se redresse et comme si de rien était et me fait un certain nombre de propositions pour la rénovation du quartier. Notre discussion est animée jusqu'à ce que du coin de l'oeil, j'apercoive mon mari engagé dans une valse endiablée avec aicha.

Alors qu'ils passent devant moi, j'aperçois le dos de sa robe et j'en reste estomaquée. Son dos est nu jusqu'aux reins où repose la main de Farès qui la guide dans des mouvements élégants.

La peste!

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La peste!

"... Cette danse?" Je me tourne vers Farouk, qui une main dans le dos, est légèrement incliné vers moi et je comprends qu'il vient de me solliciter pour danser.

Je lui donne ma main et il m'entraîne sur la piste. Il est un piètre danseur. Il est incapable de répéter le rythme et de respecter les temps, ses gestes sont mal-assurés, et plusieurs fois, il se prend les pieds dans ma robe mais chacune de ses maladresses me fait beaucoup rire et c'est hilares que nous regagnons l'alcôve où nous discutions quelques minutes plus tôt.

"Laila?"

Farès se tient droit comme un piquet devant moi. Il a l'air en colère.

"Oui Farès?"

"Je souhaite vous parler en privé"

"Je suppose que nous pourrons nous entretenir plus tard Farès"

Il saisit mon bras d'un geste sec et Farouk s'avance d'un pas, l'air menaçant.

Farès nous lance un regard, passant de l'un à l'autre.

"Farouk" dit il d'une voix sèche.

"On a déjà eu cette discussion Farès" je découvre une sécheresse insoupçonnée dans sa voix.

Farès arbore un regard choqué puis me relâche. Il esquisse un rictus amer, et retourne vers un groupe de dignitaires, sans rien ajouter.

"Qu'est ce que...?"

"Vous vous rappelez notre conversation après votre mariage votre Altesse?"

"Je... Oui"

"Farès et moi avons eu matière à discussion ensuite"

Il s'incline dans un salut formel et s'éloigne pour rejoindre un ministre.

Série: L'otage. Tome 5. Les Yeux De LailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant