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Laila relâche son amie dont le visage est ravagé par les larmes est confus.

"Mais?"

"Désolée kimy, tu ne pouvais pas faire partie du plan, il fallait que ta réaction soit naturelle..."

"Mais aux infos..."

"Écoute un peu" 

Le visage de son père apparaît. Il a l'air épuisé .

"Ce n’est pas facile de ressentir la perte d'un enfant. Au choc initial succède souvent un mélange d’autres sentiments : le désarroi, l’incompréhension, la colère et de la peine... C'est un père meurtri qui se tient devant vous, peuple de Parah, journalistes du monde entier.

Je tiens tout d'abord à saluer la mémoire de ma fille, Laila. C'était une enfant joueuse et créative, qui commençait tout juste sa vie de femme et qui avait de belles années devant elle. Elle était un être humain exceptionnel et talentueux. Une beauté et une belle âme. J'aurai aimé qu'elle connaisse l'amour et la maternité, hélas...

J'ai été un bien mauvais père, je ne l'ai pas reconnue, trop conditionné par des mœurs anciennes et par dévotion envers ma charge de père de la nation plutôt que de père de mon enfant, car elle n'était pas née dans les liens du mariage. J'étais le fautif, et je lui ai tout de même fait porter ma faute.  Ma fille a grandit sans pouvoir m'appeler son père. Quand enfin j'ai trouvé assez de courage pour la reconnaître publiquement, finalement poussé par la necessite de nommer un héritier pour mon royaume , il était trop tard pour elle, son avenir était déjà scellé à celui du meurtrier de mes fils, de mes frères et de mes neveux.

Je veux être un bon souverain, c'est tout ce qu'il me reste pour le temps qui m'est imparti, aussi, je vais sur le champs, révéler l'identité de mon nouvel heritier, afin de ne pas laisser Parah naviguer dans l'inconnu.

Vous savez tous dans quelles circonstances tragiques j'ai perdu mes deux fils. Ils ont voulu agrandir Parah et le cheikh Farès les a éliminé, ainsi que leurs cousins et oncles venus en renfort. Il y a une information que j'ai caché à la population. Abdallah a survécu, son état était grave et j'ai crains de le perdre a tout moment. Il a survécu oui, mais au prix d'immenses souffrances quotidiennes et d'un handicap qui le suivra toute sa vie. C'est lui que j'avais choisi comme époux pour Laila. C'est lui que j'envisageais comme successeur à travers elle. C'est lui que je désigne aujourd'hui, en remplacement de ma fille bien aimée..."

La caméra exécute un zoom arrière et un homme se tient près du drapeau de Parah en arrière plan. Il est debout, lourdement appuyé sur une canne. Il a l'air d'avoir au moins 45 ans. Son visage est couturé, fatigué, son corps courbé et il affiche une mine accablée.

"Quel comédien!" Tonne Laila "et dire que tu avais raison depuis le début!"

"...de la succession après Amira Laila ?" Demande l'un des  journalistes envoyés sur place à Abdallah, qui prend un air peiné avant de répondre.

"Poursuivre l'oeuvre de l'émir pour la grandeur de Parah et le respect des traditions "
"Maintenant qu'on a fait sortir le loup de la bergerie..." Dit Laila en me regardant

"Je m'occupe du reste habibti..." Je dis, en lui faisant un signe du menton vers la télévision.

Abdallah poursuit son discours: "Cheikh Farès devra s'expliquer sur les manquements à la sécurité de son épouse qui plonge notre nation dans un tel drame ... " ..  "Un second attentat à la bombe et..."

"Comment le sais tu, Abdallah?" Demande l'émir, accoudé à son bureau.

Abdallah ouvre et ferme la bouche avant de répondre.

"Les dernieres nouvelles que j'ai reçu de nos services.,."

"Parlent d'un accident" répond l'émir "pas d'un attentat..."

A l'image, on voit l'un des journalistes se détacher du lot et avancer avec son micro. Soudain, il jaillit sur scène, passant un cimeterre sur la gorge du tout jeune héritier, faisant crier les journalistes dans la salle. C'est là que je le reconnais. Faroukh.

"La vérité maintenant" tonne Faroukh,

Abdallah se débat mais la prise de faroukh est ferme.

"La vérité, je l'ai apprise il y a une heure, quelques minutes avant qu'on m'informe de "l'accident" de ma fille. J'ai reçu les images et les témoignages collectés par les services secrets d'hachim. C'est toi le meurtrier de mon fils ainé! Toi qui a tué mes freres, et ton propre frère en accusant le cheikh Farès ! Toi qui a organisé les deux attentats contre ma fille! Heureusement qu'ils ont été déjoués car ma fille est bien vivante! Tu seras jugé pour tes crimes Abdallah, moi qui était près à t'offrir ma fille et ma couronne, tu ne connaîtras que les geôles de Parah, traître familicide! Gardes! Saisissez vous de lui"

Série: L'otage. Tome 5. Les Yeux De LailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant