[POINT DE VUE DE CAMILLE]
Je fais les cents pas dans mon salon comme une conne. J'ai pas vraiment donné d'heure d'arrivée à Zoé, je lui ai juste dit de venir en fin d'après-midi. À partir de maintenant, elle peut arriver tout de suite ou dans deux heures. Je tourne en rond à la recherche d'un truc à faire pour me changer les idées, mais je ne peux pas penser à autre chose qu'à elle.
Régulièrement, je m'assure mes vêtements me vont bien, ou alors que ma chambre est bien rangée. Comme si un esprit saboteur pouvait décider de foutre le bordel dans mes placards dès que j'avais le dos tourné. Finalement, je m'installe à une fenêtre et je commence à fumer. Je respire un grand coup en regardant la rue, en guettant sa potentielle arrivée.
Une clope. Puis deux. Non, vraiment, je stress trop. Je retourne me regarder dans le miroir. Je trouve que j'ai l'air conne. Dix minutes plus tôt, ma tenue m'allait parfaitement, mais là, soudainement, je trouve mon pantalon ridicule et ma chemise puérile. Je me déshabille en vitesse dans ma chambre et c'est évidemment pendant que je suis en sous-vêtements qu'on sonne à la porte.
Putain.
Après une seconde d'hésitation existentielle, je remets exactement la même tenue et je me précipite jusqu'à la porte d'entrée. Sauf que je suis essoufflée d'avoir couru à travers toute la maison, donc j'attends trois secondes, le temps de reprendre ma respiration. Je suis pitoyable.
D'autant plus pitoyable qu'en ouvrant la porte, Zoé me rappelle à quel point je ne la mérite pas. Elle porte un pantalon à pinces bleu marine dont la taille, prodigieusement haute, donne l'illusion que ses jambes sont encore plus interminables et minces et que d'habitude. En haut, rentré sous sa ceinture, un pull noir fin et serré épouse avec une fidélité renversante les courbes de sa silhouette. C'est une sorte de démonstration de force : la plupart des filles qui porteraient cette tenue ne feraient qu'appuyer toutes leurs difformités et leurs asymétrie, mais Zoé a exactement le corps qu'il faut.
Elle est magnifique.
En me voyant lui ouvrir, sa bouche surlignée par un rouge à lèvre remarquable forme un sourire auquel je ne peux pas résister. Je sens qu'un peu de son maquillage reste sur mon visage tandis que notre premier baiser s'achève. Comment j'ai fait pour réussir à lui plaire ?
— Wow, c'est pas mal chez toi ! C'est définitivement plus grand que ma chambre, en tout cas.
Elle se met à déambuler dans le salon et la cuisine, à étudier les canapés, les magazines de mes parents qui trainent sur la table basse. Sa curiosité m'amuse. Pendant qu'elle explore les environs, j'ouvre le frigo en essayant de calmer l'ardeur que la redécouverte de sa présence m'a provoquée.
— Tu veux boire un truc ? J'ai du cidre, de la bière... des trucs plus forts aussi, mais on va éviter pour des raisons évidentes.
Elle étouffe un rire gêné.
— Tant que tu me forces pas à enchaîner les gorgées en me déshabillant, ça devrait aller.
— Pour le fait d'enchainer les gorgées, promis. Par contre, pour le fait de te déshabiller, je risque de pas pouvoir résister.
Elle rougit et détourne le regard. Zoé a cette adorable manie de fuir les conversations compliquées. Je me souviens encore du jour où je lui avoué ce que je ressentais, et où elle avait passé les dix premières secondes à se cramer les yeux en fixant le soleil couchant, plutôt à me rendre mon regard.
— Je vais prendre du cidre alors.
— C'est comme si c'était fait !
Je nous sers deux verres et je lui apporte le sien tandis qu'elle poursuit sa visite de ma maison familiale. De temps à autre, elle m'adresse un sourire complice pour me faire savoir que même si elle est plongée dans la contemplation de la bibliothèque de mon père, elle n'a pas oublié que j'existais.
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Dans la même équipe [girlxgirl]
RomantikEn arrivant dans l'internat de son nouveau lycée, la solitaire Zoé intègre l'équipe de sport de l'établissement. Elle tombe rapidement sous le charme de la capitaine, aussi fascinante qu'impitoyable. Mise au défi, Zoé s'entraîne de plus en plus dur...