6 - Entrainement

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Deux jours plus tard, de retour dans les vestiaires pour le premier véritable entrainement, je sens une montée de tension me faire trembler. J'ai l'impression de ne pas mériter ma place, et que malgré ma réussite modeste aux épreuves de sélection, Lola pourrait encore me virer à n'importe quel moment. 

Tandis que les filles enfilent leur tenue de sport, de nouvelles joueuses arrivent au compte goutte. Certaines font partie des cinq autres candidates qui ont réussi à être choisies. Les autres, je ne les connais pas, mais leur assurance me laisse deviner qu'elles étaient déjà dans l'équipe l'année dernière. Elles ont quelque chose d'intimidant. Pour avoir survécu un an auprès de Lola, elles doivent être de vraies guerrières. 

Alors que je suis en train de me changer, Camille s'assoit à côté de moi. Comme pour le jour de la sélection, elle a ses cheveux mi-longs plaqués en arrière. Leur teinte platine, très probablement artificielle, les font rayonner dans le vestiaire. Entre ça, le septum qui perce son nez fin et le trait d'eye-liner qui souligne son regard vert, elle semble apprécier l'idée de se faire remarquer. 

— Alors, t'as réussi à récupérer ? me demande-t-elle en retirant son t-shirt. 

Je détourne le regard tandis que son soutien-gorge se dévoile. Le plancher : toujours fixer le plancher. 

— Non, j'ai le corps en bouilli. Hier matin, j'ai crû que j'allais jamais réussir à sortir de mon lit. 

— Pareil ! Et je sens que ça va être pire aujourd'hui. 

— Si on doit faire la moindre pompe, je pense que j'abandonne. 

— Bonne idée, au moins ça fera chier la capitaine d'avoir organisé sa sélection pour rien !

Camille retire son pantalon et met un short de sport. C'est un modèle assez large, qui lui arrive au niveau des genoux, le genre d'allure qui semble plutôt destiné aux hommes en règle général. Mais ça lui va particulièrement bien. Avachie sur le banc du vestiaire, les jambes écartées comme pour affirmer son calme, elle dégage une assurance assez impressionnante. 

— Toi aussi c'est ta première année ici ? 

— Ouaip. Je viens du sud, mais j'étais dans un lycée de merde donc mes parents m'ont forcée à bouger ici. Et toi ? Tu viens d'arriver aussi ? Je t'ai jamais croisée dans les dortoirs. T'es à l'internat ? 

— Non, j'vis avec mes parents. Ils viennent d'arriver ici. Ils ont été grave surpris quand ils ont vu que le lycée était sélectif comme ça, mais bon, ils ont réussi à me faire rentrer malgré tout. 

— Je t'envie. Moi je dois subir les dortoirs, entre ma colloc qui parle tout le temps et la queue tous les matins devant les douches, c'est juste l'enfer. 

— Mes parents sont probablement aussi insupportables que ta colloc, et j'ai ma soeur pour bloquer la salle de bain, donc on est à peu près dans la même merde. 

— Ouaip, mais tu vis pas dans quinze mètre carrés. 

— Pas faux. 

Notre discussion, comme toutes les autres, s'interrompt avec l'arrivée de Lola. Elle porte une chemise ample qu'elle déboutonne en débarquant dans le vestiaire. Malgré une certaine honte, je ne peux m'empêcher d'admirer les abdos et les épaules musclées qui se dévoilent lorsqu'elle fait tomber son haut. Elle salue quelques unes de ses coéquipières tout en retirant son jean. Je jette un coup d'oeil coupable vers ses jambes et ses hanches, juste avant qu'elle ne les recouvre par l'uniforme de l'équipe. 

Je ne me lasse pas de ses gestes, la confiance décomplexée avec laquelle elle se déplace, la puissance qui se dégage de chaque mouvement. La voir enfiler un maillot est une expérience de pure fascination. 

Dans la même équipe [girlxgirl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant