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17 - Burn-out

La professeur d'anglais passe dans les rangs pour remettre les copies. Elle accompagne chaque examen d'une remarque adaptée, encourageante pour les meilleurs, assassine pour les plus mauvais. J'avais passé une nuit blanche à réviser, donc je prie pour que ma note ne soit pas trop désastreuse. 

Ma scolarité est progressivement devenue impossible à gérer. Le niveau très élevé demandé par le lycée implique une charge de travail délirante, qui s'ajoute difficilement à mes entraînement pour le foot et à mes virées romantiques avec Camille. Alors, plutôt que d'accepter de voir mes notes baisser, je continue de rogner sur mes nuits pour travailler, mais je sens que mon cerveau ne suit plus tellement. 

— Ça va meuf ? Tu trembles de fou. 

Sur le siège d'à côté, Manon s'inquiète. Évidemment, elle a dû remarquer que ma santé mentale s'effondrait progressivement, et que les siestes en classe étaient devenus les seuls moment où je pouvais récupérer mon sommeil. 

— J'arrive pas à trop à dormir avec le foot, les révisions et Camille, mais ça va. T'inquiètes. 

— Tu fais trop de trucs là, faut te calmer. T'es obligée de te lever à six heure tous les matins pour t'entraîner ? Genre, maintenant que t'es trop forte, tu peux pas ralentir ? 

— Lola elle a pas ralenti. Elle est là tous les matins, sans exception. Je vois pas pourquoi elle pourrait y arriver et pas moi.  

— Ouaip mais Lola elle est pas en couple. Et je pense pas qu'elle essaie d'être première de sa classe dans tous les matières. 

— J'y peux rien si j'aime pas choisir. 

— Bah si, justement !

La professeur dépose ma copie : 16/20. La nuit blanche a payé ! Mon cerveau n'a pas été réduit en bouilli pour rien. J'attends son commentaire avec de me rendormir. J'espère qu'elle me félicitera mais au lieu de ça, elle prend un ton sérieux pour m'annoncer :

— Zoé, on a discuté avec les autres enseignants, et on aimerait avoir un mot avec toi à la fin de la journée. Ça te va ? 

— Quoi ?? Pourquoi ? 

— Tu en discuteras ce soir avec ton professeur principal. 

Le soulagement de l'examen réussi laisse immédiatement sa place à une nouvelle angoisse, décuplée par le mal de tête. Une fois que la prof s'est éloigné, Manon me lance un regard interrogateur :

— Tu sais ce qu'il te veut ? 

— Non... Tu penses que j'ai pas le niveau ? Pourtant j'ai des pas trop mauvaises notes... J'comprends pas... Ils vont me virer, tu crois ? 

— Meuf, ils vont clairement pas te virer, ta pire moyenne c'est quatorze. C'est peut-être pour le foot ? Ils vont te donner une médaille du mérite ou un truc comme ça ? 

— Pourquoi ce serait la prof d'anglais qui m'en parlerait dans ce cas ? C'est trop bizarre. Et puis en plus, ça avait pas l'air d'un truc positif. 

On soupir ensemble. La journée de cours progresse et ma tension s'accentue. Quand je ne suis pas en train de dormir au fond d'une classe, je m'imagine subir les réprimandes de mon professeur principal, sans raison. Ça va se retrouver dans mon bulletin. Mes parents vont me détester de gaspiller leur investissement en provoquant des rappels à l'ordre du corps enseignant. 

L'après-midi se termine enfin et, alors que toute la classe quitte la salle, il ne reste plus que moi et monsieur Jean. Manon me fait un signe de soutien avant de disparaître dans le couloir. Le professeur remet ses petites lunettes sur son nez et m'invite à m'assoir devant son bureau.