Games of Blood

Sacrifice

Assis dans sa calèche, Elliot s'ennuyait.
Depuis le Château il y avait environ deux heures de route et c'était franchement rasoir en compagnie d'un garde du corps muet comme une carpe.
Le Sacrifice du mois lui filait la gerbe. Au sens littéral du terme. Il était malade en voiture. Alors faire deux heures de route juste pour satisfaire les petites lubies d'Oswald commençait à l'agacer !
Lau, son garde du corps assigné, lui adressa enfin la parole,
- Messire nous arriverons dans quelques minutes.
- Bien, répondit-il en soupirant.
Vraiment, désespéra-t-il, ne pourrait-il pas arrêter de tirer la tronche et engager la conversation ? Car toutes les tentatives de communication avec Lau depuis qu'ils était montés dans la calèche s'était soldée par un échec.
Elliot soupira de plus belle et posa sa tête contre la vitre du véhicule. Il ferma les yeux et essaya d'ignorer le tremolo de son estomac pour ne pas vomir sur son garde.
Plus tard, la calèche s'arrêta d'un coup sec et Elliot se réveilla en sursaut. Il se frotta les yeux tandis que la voix du chauffeur s'élevait,
- Le village numéro quarante cinq messires.
- Descendons, annonça-t-il à Lau avec un bâillement.
Après être sortis du véhicule, ils s'engagèrent sur un sentier boueux menant au village. De loin on voyait les immenses murs du village qui le faisait plus ressembler à une citadelle.
Elliot trébucha dans un nid de poule et failli s'étaler par terre.
- Oswald ne pourrait-il pas prendre plus soin des routes Nom de Dieu ?!, pesta-t-il entre ses dents.
Pour la première fois depuis une semaine, Lau pouffa discrètement.
- Quoi tu te moques de moi ?
- Non non je n'oserais jamais !
Elliot sourit.
Une petite amélioration dans l'humeur de Lau, pensa-t-il.
Elliot feignit de bouder ce qui fit se plier en deux son garde du corps.
Puis ils se turent. Les portes du village s'ouvrirent devant eux et Elliot n'eu plus du tout envie de rire.
Le reste du trajet se déroula en silence alors qu'ils déambulaient dans le dédale de rues et sentiers du village, suivant le schéma quasiment identique qu'adoptaient toutes les communautés. Elliot et Lau arrivèrent enfin à la grand place, l'estrade y avait été montée comme convenu et ils s'y installèrent. Elliot assis sur une chaise en vieux bois au centre de l'installation et Lau debout à ses côtés.
Le habitants étaient déjà là.
Elliot se racla la gorge et s'adressa à la foule.
- Mesdames et messieurs nous allons pouvoir commencer.
Les villageois se jetèrent des regards terrorisés.
Je ne veux pas mourir, au secours, qui sera choisi ?
Toutes ces questions ce traduisaient aussi bien dans le regard des villageois que dans les messes basses qu'ils s'échangeaient.
J'ai mal au crâne, se dit Elliot avec amertume.
- Veuillez maintenant mettre un papier avec votre nom et votre genre dans l'urne sur ma droite je vous prie.
Et ils passèrent. Tous. Lentement, évitant le regard d'Elliot, baissant la tête.
- Bon, soupira-t-il, Maintenant que tout le monde est passé passons au tirages au sorts. Scarlett Nann.
La pauvre fille regarda une femme - qui devait visiblement être sa mère au vu de leurs cheveux roux bouclés identique et leurs yeux verts - horrifiée, puis se s'avança et se plaça à droite de l'estrade.
-Avlin Rear, Valeria Johnson, Yohan Lecter...
Les noms se succédèrent jusqu'au tout dernier papier,
- Et Sharon Ao.
La jeune fille se dirigea vers l'estrade, elle avait des cheveux noirs coupés en carré court et des yeux bruns noisette, elle semblait très mince pour sa taille et ne devait pas avoir plus de dix-huit ans.
- Bien nous avons nos sept donneurs,
Elliot n'aimait pas dire Sacrifice il trouvait ça vulgaire,
- Nous allons nous en aller ce fut un plaisir.
Elliot fit semblant de ne pas remarquer l'hypocrisie de ses propos puis s'inclina et se retourna vers Lau,
- Allons-y... Vous autres, dit-il en s'adressant aux donneurs, suivez moi.
Ils descendirent de l'estrade, Lau se plaça derrière les donneurs afin qu'il ne tente pas la décision stupide de vouloir s'échapper- ce qui était néanmoins peut probable, mais comme disait la mère d'Elliot, deux précautions valent mieux qu'une- puis ils se mirent en marche vers le sentier boueux menant à la calèche.