Dis moi Wen, sais-tu pourquoi ton père à décidé de faire revenir les humains au Moyen-âge ?
La princesse rêvait. Sa mémoire flambait comme le brasier derrière ses paupières closes. Elle se consumait, de la sueur gelée coulait le long de son dos. La jeune femme délirait.
Maman est posée sur le toit en pierre rougeâtre, en équilibre sur la corniche. Elle est belle
Tellement belle qu'elle me fait peur. Elle a la beauté angélique des êtres de lumières torturés sur les tableaux de ma chambre. Ses longs cheveux vert feuille lui arrivent d'habitude en bas du dos, mais aujourd'hui elle les a relevés.
- Wen ma vénéneuse, que t'ais-je dit sur le fait de me répondre...
Maman est la seule à m'appeler comme ça. Les autres me détestent. Pour eux, je suis juste "la princesse". Rien de plus. Je fais partie du décor, tels ces fichus tableaux torturés. Ils s'approchent de moi comme des loups vers un agneau. Je suis comme maman sur la corniche, sauf que si je glisse je meurs.
- Je réponds vite ou je ne réponds plus du tout, dis-je d'une voix machinale.
- Bien Wen. Très bien. Alors sais-tu pourquoi ?
- Non maman.
Les traits de maman se crispent et se tordent comme le fonds les aiguilles des horloges rouillées. Une épée de Damoclès flotte au dessus de ma tête. Elle me regarde, ses yeux se veulent affectueux mais ils sont las, piégés dans une autre réalité.
- Parce que c'est facile. Au Moyen-âge, le clergé et le royaume priment sur tout. Les vies humaines en deviennent malléables tel de la glaise. Le Roi est la main de Dieu. Oswald, ton père, veut en être un. Il veut être la source de leur tourment et de leur adulation. Se sanctifier dans le sang et la poussière, la terre et les os. Ainsi il est leur seul repère, leur lumière macabre dans la monotonie de leurs existences. Et aussi, Maman se lèche les babines, les humains meurent plus jeune dans ce genre d'époque. La vieux sang est plus âcre, à la manière d'un vin trop mûr. Moi je préfère la saveur sucrée des jeunes hommes. Et ainsi grâce au sacrifice du mois, maman pouffe méchamment, On renouvelle le stock d'Hommes même si ceux du mois dernier ne sont pas encore mort. Que veut-tu ma vénéneuse, j'aime avoir l'embarras du choix !
Et maman éclate d'un rire aigu et cruel. Le son est dissonant, tel le frottement de chaîne qui se disloquent. Maman plante son regard dans le mien encore plus profondément.
- Maintenant réveille toi.
La voix de maman a changée, c'est bien elle mais c'est ma voix que j'entends. Elle paraît plus mûre, plus adulte, et pourtant je n'ai que cinq cents ans.
- Tu as une couronne à porter. Et père n'aime pas que tu échoue. Tu sais ce qu'il fera sinon...
Wendji se réveilla en sursaut dans son lit, baigné dans sa propre sueur. Les baldaquins formant des motifs et des toiles duveteuses mauves au dessus d'elle.
La première chose qu'elle remarqua fût les digitales et aconits qui ressortaient dans la lumière rouge-orangé du feu de cheminée. Positionnées dans un vase en ivoire sur la table basse près de l'âtre. Les flammes étaient toujours vives et les bûches se craquelaient et crachotaient en gerbes d'étincelles dans l'obscurité de la chambre.
La deuxième fût ces horribles tableaux qu'elle aurait rêvé brûler et déchirés à coups d'ongles.
La jeune femme se leva de son lit en silence, une douleur atroce dans le bas du dos.
La floraison approchait.
Wendji dormait toujours mal à son approche. Encore plus lorsque qu'elle passait une mauvaise journée - certes tous les jours au palais étaient ainsi, mais certains se démarquaient des autres - et depuis le bal, quelques heures plus tôt - ce qui avait rendu sa journée abominable -, une migraine aigre empoisonnait son esprit. Après la fête elle était allé se coucher directement et au moment où elle s'était allongée, la migraine s'était muée en fièvre dévorante.
A présent, Wendji ressentait juste un grand vide.
Wen ma vénéneuse...
Ces pensées formaient un écho douloureuse dans sa tête. Pourquoi ce rêve ? Wendji ne pensait jamais à l'époque de sa vie où elle avait eu entre quatre et sept cents ans - en âge humain cela correspondait à peu près entre trois et dix ans -, c'était une période qu'elle avait enfouie tout au fond de sa mémoire et cadenassé a l'aide de grosses chaînes de fer. Elle représentait une trop grande blessure. Son regard dériva vers les tableaux placés sur le mur en face de son lit et un peu partout sur les murs. Il y en avait cinq au total. Une pointe de peur perça sa douleur.
Elle les haïssaient avec la puissance de dix-milles explosions simultanées.
La princesse bougea enfin d'à côté de son lit pour se dirigé vers l'un de ses fauteuils en satin près de la cheminée et attrapa la carafe de vodka à droite du vase fleuri. Elle en prit une grande rasade avant de s'asseoir.
Wendji toussota légèrement, la gorge séche mais les idées parfaitement claires. Limpides comme de l'eau de roche.
Un petit remontant l'aidait toujours à se calmer.
Elle commençait à échafauder le plan qui devrait annoncer sa victoire écrasante sur ses concurrents. Devait-elle capturer un dirigeant chasseur de vampires ? Non trop facile, de plus elle risquait de dévoiler ses pouvoirs alors que la communauté vampirique était persuadée qu'elle n'en avait aucun.
Tu sais ce qu'il fera sinon...
La jeune femme coupa court à son flot de pensées. Oswald était mort. Il ne pouvait plus rien lui faire, mais la peur, elle, était toujours là. Il fallait qu'elle s'empare du trône, non seulement parce qu'il était sien et la princesse mourrait d'envie de le posséder mais aussi parce que si elle échouait père allait...
Il suffit, s'intima-t-elle, Oswald est mort. Point final
Elle reprit ses recherches plus ardemment que jamais.
Deux minutes plus tard, Yohan débarqua en trombe dans la chambrée. Le feu brûlait dans une étreinte passionnée, l'esprit de compétition de Wendji aussi.
- Alors s'enquit-elle.
Ma petite séance d'espionnage à distance à-t-elle portée ses fruits ? jubilait-elle en silence.
Après qu'Elliot et Lau soient partis de la fête à la façon de deux amoureux transis en pleine querelle, la princesse avait envoyé son petit endoctriné en reconnaissance pour connaître le contenu de leur dispute de couple.
Même si elle ne récolterait peut-être que des ragots, Wendji était impatiente. Elle était réellement friande de potins. Et elle aimait avoir un coup d'avance sur ce qui serait dès à présent ses rivaux.
La seule chose qui est restée de l'ère moderne ma vénéneuse, ce sont les insultes. Elles sont interchangeables. Même certains de nos congénères les emploient. Mais que veux-tu...
La princesse chassa vivement sa mère de son esprit. Et pourquoi s'attarder sur des insultes ? Il devait sûrement lui resté quelques miettes de migraine. De plus, même si un nombre incertain de vampires utilisaient les jurons humain, jamais elle ne s'abaisserait à dire des fientes d'oiseaux de mots tels que "putain" ou "salopard". Elle était bien plus imagée et humiliante dans ses propos. Les injures humaines étaient d'une banalité flagrante.
- Mon cher Yohan, soit tu me réponds vite soit tu ne réponds plus du tout.
Le regard vide, le jeune homme s'avança vers elle avec la démarche mécanique et raide de quelqu'un de posséder.
Normal, gloussa Wendji, puisqu'il l'est.
Reprends toi ma chère, gronde la voix de maman.
La jeune femme se redressa sur son siège. Elle commençait à avoir mal à force de rester assise. Cela s'ajoutait à son mal de dos enflammé. Demeurer dans la même position commençait à être une torture. Mais néanmoins elle écouta maman.
Yohan prit enfin la parole
- Tout d'abord il se sont rendus dans la serre et...
- Mon cher viens en au fait. Arrête de tourner autour du pot et dis moi s'ils ont parlé de la succession au trône qui me revient. J'écouterai la suite avec plaisir quand tu m'auras informé de ce qui m'intéresse en premier lieu.
- Bien Milady, son petit endoctriné avait la voix rocailleuse. Comme si on lui avait roulé la langue dans du gravier.
Ils sont toujours comme ça, soupira Wendji. Leur voix ne change pas, elle reste toujours aussi pénible à supporter.
- Qu'attends-tu pour me dire ce que tu sais dans ce cas ?
- Veuillez m'excuser Milady. Messire Elliot a décidé qu'il ne prendrait pas part à la succession. Il a annoncé qu'il trouverait un moyen de m'être Messire Lau au pouvoir.
Tiens donc... Comme c'est étonnant. Son cher cousin n'aurait jamais eu les tripes de toutes façon. La jeune femme allait en toucher deux mots à ce chien galeux de Claus, le père d'Elliot. Son oncle, ancien secrétaire du roi et dont la compagnie était aussi agréable qu'une pierre tombale.
- Soit, tu peux disposer. Mais avant cela, raconte moi tout ce que tu sais sur leur dispute, répondit Wendji, un grand sourire au lèvres et les yeux pétillants. Elle en oubliait presque son mal de dos.
Et pendant que Yohan parlait, la princesse rayonnait. Défaire ses deux concurrents en même temps serait tellement plus facile !
Tout ceci était terriblement excitant.
Les paris sont lancés, la course pour le trône commence.
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Games of Blood
FantasyTout commence avec un mystérieux incident dans l'espace. Dans un monde où les humains ont presque été éradiqué et où désormais les vampires dominent, tous le monde lutte pour trouver sa place ; même les membres de l'espèce conquérante. Ils ont prit...