Chapitre 2

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Quand nous sortîmes du long couloir et arrivâmes dans la cour, la domestique fit une révérence respectueuse et s'éclipsa à l'intérieur, me laissant seule près d'une foule rassemblée autour d'une table remplie d'encas.

En examinant les personnes présentes, je me rendis compte que je ne connaissais quasiment personne. Les invités devaient tous être des bourgeois, des ministres, des nobles ou juste des gens riches, qui avaient sûrement cher payés pour pouvoir assister à la cérémonie. Bien que tout le monde se ressemblait, paradoxalement, on pouvait bien distinguer les trois peuples différents de Mizuha:

Déjà, il y avait des nobles de Shimochi, le royaume du nord. Dans cette partie du monde, les gens, dont la grande partie étaient des moines ou des croyants, habitaient dans les montagnes, dans des chalets fait de glace et de bois de sapin, où il y faisait très froid en hiver. Les populations locales savaient maîtriser le gel comme personne et s'en servaient pour créer des armes redoutables. Les habitants de Shimochi se reconnaissaient très facilement à cause de leurs cheveux bleus givre et de leurs yeux clairs comme la lune. Leurs kimono étaient principalement blanc avec des motifs de flocons.

Je jetai un coup d'œil en leur direction, espérant y apercevoir mes parents. Malheureusement, leur haine envers moi les avait empêchés de venir, ce à quoi je m'étais préparée. Quand ils m'avaient abandonné, quand je n'avais que six ans, ils étaient retournés à Shimochi pour reprendre la vie de bourgeois qu'ils y avaient laissée en se transférant à Oyachi. Cela faisait maintenant dix ans que je ne les avais pas vus.

Sinon, il avait les nobles de Kuygenchi, le royaume du centre. C'étaient l'endroit où siégeaient le conseil d'administration de Mizuha et le roi suprême. La population de ce royaume se reconnaissait facilement grâce à leurs cheveux de couleur source bien coiffés, leurs yeux pétillants et, pour certain, leurs rondeurs apparantes. Dans ce royaume, il n'y avait pas seulement la plus grande concentration de riches tous royaumes confondus, mais également le grand nombre de sans domiciles fixes du pays.

Petite, mon père, qui avait voyagé un peu de partout durant sa jeunesse, m'avait raconté la vie désastreuse dans les banlieues de la capitale de Kuygenchi, d'horribles habitations où trois murs étaient considérés comme des maisons et où les gangs de délinquants se déchiraient entre eux une fois la nuit venue. Mais le pire, c'était que le gouvernement n'en avait rien à faire que des centaines de personnes n'aient rien pour vivre. Personnellement, depuis le jour où mon père m'avait dit ceci, une haine féroce envers le ministère avait grandi en moi jusqu'à aujourd'hui.

Enfin, il y avait Oyachi, le pays du sud. C'était le pays où j'était née et que je n'avais jamais quitté, avec les gens les plus normaux que je connaissais. Ici, les personnes avaient de longs cheveux couleur océans et des yeux sombres comme la nuit. On avait également la meilleure maîtrise de l'eau car il nous suffisait d'extraire les particules d'H2o de l'air pour pouvoir manier le liquide avec facilité. Mais paradoxalement, nous étions ceux qui avaient le plus besoin de nos pouvoirs.

En effet, nous partagions nos frontières avec un ennemi redoutable: le Pays du Feu! Ce peuple avait été créé artificiellement il y a de celà des siècles par la troisième Erimaa qui avait, à l'époque, complètement perdu la tête. Depuis, la grande partie de notre territoire avait régressé et les morts chez nous se comptent par dizaine à cause d'eux. Comme le Pays du Feu se trouvait au Sud de Oyachi, nous avions, à chaque instant, peur d'une invasion. Heureusement, leur dernier assaut remontait il y a quatre ans et il n'y avait eu qu'un blessé ce jour-là.

Jinaho m'avait, une fois, à mon plus grand soulagement, raconté que nos ennemis perdaient petit à petit leurs forces et qu'il allait, après notre mariage, organiser un assaut pour essayer de tuer la population nocive de ce pays.

Soudain, quelqu'un m'agrippa la main et me prit dans ses bras. En relevant la tête, je vis Yona, ma nourrice et celle qui, elle et sa femme, m'avait recueillie le jour de mon abandon, avec un large sourrire:

<< Oh, Maya! Tu vas enfin devenir une femme aujoud'hui! Si tu savais comme Kanchi et moi sommes fière de toi! Que tu es belle en plus. Qu'a ton prince à ce sujet?

Je ne l'ai pas encore vu, dis-je en faisant respectueusement un pas en arrière.

Tu lui fais la surprise, hein? ria-elle d'un ton amusé. D'ailleurs, tes parents sont ici?

Non, malheureusement...

Ah d'accord, répondit simplement Yona. Je suis vraiment désolée.

Mais ce n'est pas grave, m'exclamai-je pour la rassurer. Mes parents, c'est vous maintenant et pour être honnête, je m'y attendait à ce qu'ils ne viennent pas.

Oh Maya! Tu as toujours sut trouver les mots justes, toi!>>

C'est alors une autre domestique, plus blasé que la précédente, s'approcha de nous et s'exclama:

<< Mademoiselle Erimaa! La cérémonie commence dans une minute. Veuillez vous rendre sur le seuil de la coupole. Quant à vous, madame, veuillez l'accompagner le long du tapis bleu. Bonne chance!>>

La domestique s'en alla et Yona me prit la main:

<<Viens! Tu ne dois absolument pas rater le jour le plus important de ta vie>>

"Le jour le plus important de ma vie", hein? 

Les Portes des Étoiles; L'Écho de l'Eau (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant