Les Portes des Étoiles; L'Écho de l'Eau (Tome 1)

Chapitre 36

Qui aurait pu imaginer que Jiyuno, ou plutôt Jiyune soit en fait une fille? Décidément, j'en apprenais tous les jours avec mes colocataires!

Personnellement, je n'avais rien contre ce genre de personne ou de couple. Après tout, on avait le droit d'aimer qui on veut, même si ce n'était pas mon cas...

À Mizuha, se marié à une personne du meme sexe était légal, meme pour quelqu'un de haut rang. Justement, si une Erimaa se révélait sous un héritier préférant les hommes, c'était une raison suffisante pour la marier à un autre prince ou noble de la région.

Les "spéciaux", comme on les appelait gentiment, pouvaient théoriquement aussi devenir roi, bien que leur compagnon soit un homme. La seule difficulté pour le couple sera alors d'avoir un héritier de leurs lignés, ce qui est très compliqué. Heureusement, personne n'a encore dû subir ça!

De plus, les mouvements anti-spéciaux était très sévèrement punie, très paradoxale quand on savait que le racisme, qui était tout aussi grave, n'était même pas considéré comme un délit.

Pourtant, ce qui m'avait le plus interrogé dans le discours de Jiyune, c'était le déroulé de leur relation. En seize ans, elles avaient eu le temps de se connaître, de se mettre en couple, de se séparer, de ne plus se voir pendant longtemps et de se retrouver ici, sous le même toit. Je savais que les alliances duraient beaucoup moins ici qu'à Mizuha, mais quand même!

Le lendemain, je fus réveillé par un rayon de soleil qui entra dans ma chambre et se posa directement sur mon nez, juste avant que mon réveil ne sonne. Abomination d'appareils électroniques!

Quand je sortit de ma chambre, je découvrit avec joie que Tomoyo était était assise à la table du salon devant moi, rétablie et semblant joyeuse:

<< Ah! Salut, comment ça va?

– Bonjour, Tomoyo, lui répondis-je. Tu vas mieux?

– Comment ça? J'allais bien hier, pourtant, enfin je crois!>>

Un long silence se fit entre nous. Ne se souvenait-elle pas de hier? Shino disait souvent que les neurones de Tomoyo pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Avait-elle donc raison?

<< Rappel-moi ce qu'on a fait hier? finis-je par demander.

– Alors... je me suis levé, j'ai vu Jiyuno maquillé, j'ai reçu un appel et... (elle arrêta de sourir) Je ne me souviens plus...>>

Comme elle était déboussolée, je lui expliquai brièvement le déroulé de la veille. Elle mit alors à crier et à devenir aussi rouge qu'une tomate.

<< QUOI???? Il est resté toute la journée avec moi??? Et il m'a nourrit??? Et il m'a fait un câlin??? Et, et...>>

Elle se mit alors à me fixer, les yeux ronds et le teint livide.

<< Attends... Il m'a demandé mon avis au moins?

– À vrai dire, dis-je, génée. Tu t'es toi même jeté dans ses bras et semblait... prendre un certain ... plaisir à l'enlacer...>>

Elle me fixa encore un court instant, avant de frapper frénétiquement la tête contre la table...

Irrécupérable...

Soudain, Jiyune apparut et regarda mon amie dans une incompréhension totale.

<<Mais qu'est ce que tu fais, Tomoyo? >>

Elles se fixèrent avant que mon amie n'explose, les joues rouges et le front plein de bleus:

<< Espèce de PERVERS! T'es tellement STUPIDE!!! Pourquoi t'es comme ça, aussi CON??? >>

Jiyune, confuse, se contenta de répondre en baissant la tête, avec de s'échapper avec un sanglot. Tomoyo s'attendrit alors et gémit en culpabilisant:

<< Jiyuno, je suis désolée... >>

Mais l'autre était déjà trop loin, dans sa chambre. Mon amie se retourna donc vers moi et dit:

<< J'ai tout gâché, hein?

– Je pense que c'est possible... >> répondis-je en allant dans la cuisine.

Nous restâmes donc en silence pendant un moment avant que Tomoyo reprenne, n'ayant toujours pas retrouvé le sourire:

<< Au fait, Maya... après les cours, j'aimerais que tu m'accompagnes quelque part...

– Où donc?

– Je préfère ne pas te le dire, du moins pas pour l'instant, dit-elle en baissant la tête.

– Je voudrais bien, lui répondit-je en mettant mes coudes sur le comptoir. Mais je travaille demain et je n'ai envie de laisser tout le travail à Aoi!

– S'il te plait, Mayazu! Je pense que tu as vraiment besoin de connaître la vérité... >>