Chapitre 38

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Je regardais Tomoyo d'un air déconcerté. 348 ans, ce n'était pas possible pour un être humain, non?

<< Toi aussi, tu es un spectre? lui demandai-je.

QUOI? sursauta-elle. Les fantômes, ça existe? Et moi qui pensais avoir tout vu...

T'inquiète, je t'expliquerais un jour... Mais si tu n'es pas un esprit, alors comment fais-tu pour vivre aussi longtemps?

La vérité, commença-elle en baissant les yeux. C'est que pendant tout ce temps, on m'a empêché de mourir. En d'autres termes, je suis immortelle!

Mais alors, demandai-je, perplexe. Pourquoi as-tu l'apparence d'une fille de seize ans?

Pour être honnête...Je ne sais non plus! ria-elle dans un ton ironique. Je pense que c'est lié au fait que c'est à seize ans qu'elle nous a fait arrêter de vieillir et devenir immortels.

C'est qui "elle"? Et qu'attends tu par "nous"?

Tu sais quoi? Je vais un peux te raconter ma vie! Mais d'abord, j'aimerai que l'on trouve un banc.>>

Elle se tourna alors une dernière fois vers la tombe de son amie, pencha la tête et s'en alla en direction de la fontaine, qui crachait deux allées plus loin.

Une fois arrivée au point d'eau, nous nous essayames sur un petit banc vert canard.

Tomoyo détacha alors son chignon et laissa sa longue chevelure argentée volée au vent.

Puis, elle commença à me raconter son histoire:

<< Je viens des quartiers au nord d'Osaka, de celui de Kita pour être précis. À ce moment-là, deux riches clans rivaux, qui se détestaient plus que tout, régnaient sur le monopole immobilier. D'un côté, il y avait les Yamauzuro, ma famille, qui se reconnaissait très facilement grâce à leur yeux d'une magnifique couleur améthyste. Ils étaient très patriarcaux et très peu tolérants envers les autres familles moins riches. Je l'autre côté, il y avait les Kokaro, je pense tu as compris...

Jiyune?

Jiyuno! me corrigea-t-elle. Mais oui, lui aussi est immortel! Mais j'y viendrais plus tard. Pour en revenir à son clan, ils se remarquaient grâce tâche de rousseur ou généralement à leur grain de peau particulier. Contrairement à nous, ils étaient très amicaux envers les étrangers et avait toujours une femme à la tete, ce qui énervait mon père, le chef des Yamauzuro à ce moment-là. Quant à moi, j'étais son cinquième enfant, autant te dire qu'il s'en fichait de moi... Je n'avais même pas été élevée par ma mère, qui avait donné ma garde à sa belle-sœur! Pour revenir à Jiyuno, il avait été choisi pour devenir un des subordonnés de leurs cheffe, bien qu'il ne faisait pas descendant de la lignée principale. Tout nous opposait lui et moi et pourtant, nous tombames directement amoureux l'un de l'autre lors d'une cérémonie dans le quartier, à laquelle nos deux clans étaient présents. Nous commençames à nous fréquenter de jour, puis de nuit, puis tout le temps. Quand nous apprenames l'appartenance au clan de chacuns, nous fûmes dans le froid pendant quelques temps, avant de se remettre ensemble, jugeant notre amour comme inconditio...>>

Elle sursauta et rougit quand elle vit que je souriais jusqu'aux oreilles. Puis elle continua, plus confiante:

<< Bref... Un jour, alors que nous étions en train de discuter sur nos projets en tant que couple interdit, quand une femme nous a approché. Elle nous disait qu'elle avait entendu notre discussion et qu'elle avait le moyen de nous lier pour l'éternité! Nous étions stupide à l'époque et avions accepté son pari risqué. Alors elle nous emmena dans une clairière, où elle nous fit faire un rituel assez particulier.Quand Jiyuno et moi nous réveillames, nous découvrîmes qu'on ne sentait plus la douleur physique. Nous étions devenus immortels! Mais quand je l'ai annoncé à mon père, qui devait déjà se remémorer qui j'étais, il était furieux, non pas d'avoir écouté une inconnue, mais de m'être lié au clan de Jiyuno!

Puis, il s'était dit que ce serait drôle de montrer mon immortalité au monde. Alors, il me vendit à un cirque en provenence de Tokyo, qui me fit subir toute sorte de torture pour divertir leur publique. Évidemment, je ne sentais aucune douleur mais j'étais tout de même profondément brisé. Je n'étais plus personne et n'avait même pas pu dire au revoir à Jiyuno! Quarante ans plus tard, à la mort de mon propriétaire, je fut enfin libre de retourner à Osaka. Entre-temps, mon père et ma mère étaient décédés, ainsi qu'une partie des adultes que j'avais connue. Pourtant, Jiyuno n'avait pas changé, il était toujours aussi beau et avait toujours le physique d'un garçon de 16 ans. Par contre, pendant que je n'étais pas là, il m'avait complètement oublié et avait même fondé une famille! Je ne m'en suis jamais vraiment remis...

Attends Tomoyo! l'arretais-je. Je sais qui est la femme dont tu as parlé! C'est Erimaa Mugino, la cinquième magicienne de l'eau. Oh Tomo, Jiyune et toi êtes dans mes livres d'histoire!

Erimaa? Attends, elle est de ta famille???

Pas vraiment, dis-je. La seule chose qui nous unit est notre pouvoir en commun!

Toi aussi, tu sais rendre les gens immortels?

En théorie, répondit-je

Et du coup, tu saurais arrêter mon immortalité?

En théorie, répétai-je>>

Tomoyo me prit alors dans ses bras et nous pleurames toutes les deux. Je ne m'étais pas imaginé de chose aussi triste venant de quelqu'un d'aussi joyeux. Pleine de compassion. je lui dit alors:

<< Tes pouvoirs sont incroyables. Tout ce que je veux moi, c'est de pouvoir finir ma vie avant la personne que j'aime!

Tu sais, je ne sais pas encore aussi bien appliquer ma magie que la cinquième! Mais en attendant, je pense que parler de ça à Jiyuno est une bonne idée! Qui s'est, peut-être aura des surprises, qui c'est?

Non Maya, répliqua-t-elle en s'éloignant poliment de moi. Je ne crois pas que Jiyuno veuille de moi après tout ce que je lui ai dit ce matin ou généralement depuis toutes ces années... De plus, après qu'il m'est détruit intérieurement, j'en ai conclu que je préférais les femmes aux hommes...>>

J'éclatai alors de rire en déduisant qu'encore une fois, Tomoyo et Jiyune était vraiment faite l'une pour l'autre. Mon amie, en revanche, me regardait dans l'incompréhension:

<< Pourquoi tu rigoles? Tu te moques de moi, c'est ça?

Non, pas du tout, dis-je en essuyant mes larmes de joie. Mais je reste sur l'idée que dois lui en parler! Je pense que tu seras très, très surprise par ce qu'il te dira!

Ok si tu le dis, fit Tomoyo en se levant. Tu viens? Moi je rentre!

Oui, j'arrive! >>

Nous sortîmes du cimetière et courumes pour prendre notre bus. Le retour fut silencieux mais Tomoyo avait retrouvé le sourire, comme moi d'ailleurs!

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Bonjour à tous!

J'espère que ce chapitre vous a plus et que vous etes pret pour le prochain et dernier chapitre de l'arc de Tomoyo

(Spoiler: il y aura un peu de love;))

Avec amour,

- Mango_sp

Les Portes des Étoiles; L'Écho de l'Eau (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant