Infidèle

1.1

Je venais d'avoir vingt et un ans quand mon petit ami m'a demandé de l'épouser. On était ensemble depuis seulement un an et je crois même qu'à cette époque je ne l'aimais déjà plus.... Mais comment dit-on non à un homme un genou à terre et une bague en main ? Comment peut-on briser un homme qui vous aime visiblement et qui croit en votre avenir ensemble ? On ne peut pas... En tout cas moi je ne pouvais pas.

Alors j'ai accepté, j'ai dis ce petit oui dont je n'avais pas forcément envie. Je n'ai jamais été le genre de fille à rêver au mariage de princesse et à penser à chaque détail, je pensais que le mariage était inutile et je le pense toujours. Un bout de papier ne rendra pas une relation plus sûre.

J'avais réussis à faire trainer les fiançailles pendant un peu plus de deux ans. Mais avec la pression de ma future belle-famille j'avais finalement céder. A plus de vingt trois ans j'avais donc commencé les préparatifs de mon future mariage et à maintenant vingt quatre ans j'allais me marier dans cinq mois.

Trop jeune, trop indécise trop stressée mais surtout pas assez amoureuse, voilà dans quel état d'esprit je préparais ce jour censé être le plus beau de ma vie.

- ­Ici la terre à Lilas ! m'interrompit ma mère alors que je trifouillais mes légumes du bout de la fourchette depuis un moment maintenant.

- Pardon, m'excusais-je, j'étais dans mes pensées. Tu disais ?

- Je te demandais quand tu allais poster les invitations ? demanda ma mère sans m'en vouloir de ne pas l'avoir écouté.

-Oh... les enveloppes sont dans mon sac, j'irais cette après-midi.

-Ce sera sans moi ! intervint mon fiancé Louis. Je profite de mon jour de congé pour aller voir mon pote.

- Je ne t'ai pas demandé de m'accompagner, répondis-je en soupirant.

Ma mère me caressa la main avec un petit sourire pour me calmer. Je suis sûre qu'elle voyait que Louis m'irritait de plus en plus souvent mais elle ne disait rien et pensait sûrement que cela était simplement dû au stress des préparatifs du mariage.

En réalité mon futur mari m'irritait pour tout. Il ne s'occupait absolument pas du mariage qu'il voulait tant. C'était soit disant mon boulot et j'avais carte blanche.

Un tour à la mairie et un coup à boire vite fait dans le jardin de mes parents aurait été suffisant pour moi si je faisais réellement les choses comme je le voulais. Mais je tentais de faire plaisir à tout le monde, de toute façon ce mariage n'était pas réellement le mien...

- Je peux t'accompagner si tu veux ? proposa mon père. Je laisserais ta mère seule à la boutique une petite heure.

- Ca ira papa je t'assure, le remerciais-je en souriant, tout est déjà timbré je n'ai qu'à les déposer et j'ai un colis à aller chercher, ça ne prendra pas longtemps.

Il acquiesça me souriant et n'insista pas plus.

- Tu ne manges pas ? demanda ma mère. Ça ne te plaît pas ?

Je jouais encore inconsciemment avec ma nourriture alors je reposais ma fourchette dans l'assiette pour arrêter.

- Elle préférerait sûrement un bon steak saignant, ria mon fiancé.

- Tu n'es vraiment pas drôle Louis ! m'énervais-je.

- Oh ça va, on ne peut même plus rire avec toi, se renfrogna-t-il.

Louis savait que j'étais végétarienne. Je l'étais depuis bien avant notre rencontre mais il ne l'avait jamais vraiment compris et s'amuser toujours à me faire des remarques qu'il trouvait drôle alors qu'elles ne l'étaient pas pour moi.

J'étais devenue végétarienne vers l'âge de douze ans. Voir ma grand-mère maternelle tranché le cou à une poule encore vivante m'avait à jamais dégouté de cette viande puis petit à petit tout les animaux y étaient passés et mes parents s'étaient fait à l'idée et avait accepté mon nouveau régime alimentaire.

- Bébé je suis désolé, s'excusa Louis en m'embrassant la joue.

- C'est bon ça va, mentis-je.

- Faut que j'y aille, dit-il alors en se levant, Steve m'attends.

Steve, son meilleur ami et macho par excellence. Avec lui c'était la femme aux fourneaux pendant que l'homme pouvait rester tranquille devant la télé. Moins je le voyais et mieux je me portais. À chaque fois que Louis passait du temps avec lui il revenait ensuite chez nous en agissant de la même façon que son ami. Je ne l'aimais pas et c'était réciproque.

- Tout va bien entre vous deux ? demanda curieusement ma mère une fois que Louis était hors de la maison.

- Très bien, souris-je.

- Lilas, commença mon père, tu sais qu'il n'est pas trop tard pas vrai ?

- Trop tard pour quoi ? l'interrogeais-je.

- Annulé ton mariage, fini ma mère à sa place.

- Pourquoi j'annulerais ? Tout va pour le mieux je vous rassure, c'est un peu de stress c'est tout, souris-je.

Ils n'insistèrent pas plus. Je n'aurais jamais pu faire une chose pareil à mon fiancé. Il avait été le seul homme à s'être jamais intéressé à moi, il m'avait aidé à un moment de ma vie ou j'en avais eu le plus besoin, c'est lui qui avait été présent pendant ma dépression. Il ne m'avait jamais jugé, m'avait laissé le temps qu'il me fallait pour me remettre sans jamais me brusquer. Il m'avait clairement sauvé, je savais que si je ne l'avais pas rencontré je ne serais plus en vie à l'heure qu'il est... Alors non je ne pouvais pas annulé et briser l'homme à qui je devais ma vie et même si l'amour s'était peu à peu enfui à mesure que les mois étaient passés je me devais de rester pour lui. Je ne pouvais pas abandonné celui qui m'avait redonné confiance en moi et qui m'avait aidé à me reconstruire.

J'avais eu la possibilité de partir à plusieurs reprises à cause de disputes plus grosses les unes que les autres que je pensais insurmontable. J'avais également eu deux hommes qui c'étaient intéressé à moi, un que j'avais connu bien avant Louis et un qui était l'ami d'une amie... Mais je n'avais jamais rien tenté.

L'homme qui me connaissait bien avant mon fiancé ne s'était jamais intéressé à moi avant que je ne sois prise et que je ne commence à prendre soin de mon apparence. Depuis que j'étais devenue « une femme » il me voyait enfin, moi qui avait eu un coup de cœur pour lui plus jeune je l'avais gentiment rembarré.

Idem pour l'ami de l'amie, j'avais d'abord commencé à lui parler et à faire connaissance, pensant que je ne faisais rien de mal. Puis il était devenu plus présent, voulais me voir et passer du temps seul avec moi. J'avais voulu accepter, m'en faire un ami mais il voyait plus, il m'avait avoué qu'il avait des sentiments pour moi alors j'avais lentement rompu contact avec lui ayant peur de ce qui pourrait se passer et en pensant toujours à Louis qui agissait toujours de façon aimante avec moi, même après nos disputes.