𝟐𝟑 - 𝐕𝐢𝐯𝐫𝐞

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🎶You're the Only Good Thing in my life - Cigarettes After Sex🎶

" VIVRE est l'inverse de mourrir ;
Mais pour moi, vivre signifiait la guérison.

Guérir était devenu vital.

Après des semaines passées à me faire aider, à bénéficier d'un soutien moral sans faille de la part de mes proches, comme des professionnels, un diagnostic avait enfin été posé.

Burn-out.

Un verdict sans appel que j'eus du mal à accepter les premiers temps, remettant constamment en cause le jugement de la psychologue.

Je me souviens que, le jour où elle m'affubla de ce terme, je suis rentré à la maison et j'ai retrouvé Stéphane via le forum.

" - Les médecins appelleraient cela un burn-out, pour moi, ce n'est que mon quotidien depuis presque huit mois. Je ne comprends pas le nécessité de dramatiser ma vie."

Ce à quoi, l'homme avec qui j'entretenais une relation depuis presque un mois, m'avait répondu :

" - Je doute qu'elle cherche à dramatiser ta vie, Gabriel, au contraire. Je pense que, tout ce qu'elle souhaite, c'est te montrer l'ampleur de ces problèmes que tu continues de nier. Rappelle-toi comment et pourquoi on s'est rencontré."

Il avait fortement aidé au processus d'acceptation de ce jugement.
Sa présence dans ma vie n'était que plus bénéfique depuis que nous nous étions avoués la véritable nature de nos sentiments.

Plus que de l'amitié.

Lui et moi n'avions pourtant rien partagé, pas même le contact d'une poignée de main.
Et pourtant, j'avais l'impression qu'il me connaissait par cœur, et que tout le reste n'était que superflu.

Que rien, aucun contact physique, aucun effleurement, aucun baiser, aucun enlacement ne saurait être aussi fort que les mots que nous pouvions nous échanger via l'unique interface d'un ordinateur.

Parfois, les choses ne s'expliquent simplement pas.
Elles arrivent sans que nous puissions y changer quoi que ce soit.

Stéphane fait partie de ces choses.

Cette connexion indéfectible qui nous lie, la sensation de bien être quand nous parlons.

La sensation d'être vivant.

Avec lui, c'est comme si mon cœur battait pour la première fois, comme si je prenais la première bouffée d'air de toute ma vie.

Il m'aidait à guérir, alors il m'aidait à vivre.

Les choses n'étaient guère plus compliqué que cela. Je ne voulais pas poser plus de mots sur notre relation, nous nous complaisions à la perfection dans ce schéma et je ne le changerais pour rien au monde.

Les expériences passées m'ont apprises que la simplicité était la meilleure forme de bonheur.

Avec Stéphane, tout paraissait intuitif. Comme si lui parler était un instinct primitif naturel à mon corps et mon esprit.
Aussi facile qu'il était pour moi d'entendre, voir, respirer, toucher ou sentir.
Je sentais que mon être entier était programmé pour tenir de longues discussions avec lui.

Au fond de moi, une pensée me hurlait qu'il ressentait la même chose. Que ce bonheur était en tout point réciproque.

Et je n'avais pas besoin de lui demander une longue déclaration pour le savoir, quelque chose le criait en moi, une intuition.

Mais il n'avait pas été le seul à me soutenir.
Ma famille s'était montrée plus que présente à mes côtés et avait même trouvé le temps de réitérer le séjour chez moi.

Ma mère prenait de mes nouvelles régulièrement, s'assurant toujours que j'avais bien mangé, que je n'étais pas malade, me demandant comment j'allais après chaque séance de thérapie.

Mon petit frère souhaitait constamment m'appeler après l'école, me raconter des tas d'anecdotes, rire avec moi.

Mes sœurs me proposaient des tas de sorties. Dans des centres commerciaux, des restaurants, des parcs d'attractions...

Je n'étais plus seul.

Et puis il y avait cet homme :
Jordan Bardella.

Je ne l'avais plus revu. Plus depuis cette nuit au cœur de la capitale étoilée.

Les propositions de débats et d'interviews se faisaient plus rares, le déferlement médiatique semblait s'essouffler et il n'avait plus cherché à me contacter.

À vrai dire, moi non plus, je n'avais plus cherché à le contacter.

Ce vent d'amitié naissante entre nous s'était épuisée, laissant une trêve dans notre rivalité en suspend.
Une situation silencieuse qui promettait que la bataille était finie, mais peut-être pas la guerre.

Mais que pouvais-je espérer d'autre de lui ?

Il était un adversaire, et s'il était arrivé que notre excursion nocturne soit venue aux oreilles de certains membres de son parti, il n'était alors pas étonnant que nous n'ayons plus l'occasion de nous revoir.

J'imagine, sans grande difficulté, que certain membre de Renaissance penseraient la même chose s'ils étaient au courant, et souhaiteraient m'interdire de le revoir.

Lui, ou un autre membre d'un bord politique différent du nôtre.

Avec le recul, je sais qu'ils auraient raison.
Mais la solitude fait parfois faire de drôles d'actions.
Malgré tout, je garde un bon souvenir des soirées à ses côtés.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin.

Et les meilleures choses restent a jamais.

J'avais Stéphane désormais ; il fais parti de ces " meilleures choses ".
Il vaut largement toutes les soirées avec Jordan Bardella.

Il vaut toutes les soirées du monde.

En partie grâce à lui, ma vie était sur le chemin de la guérison.
J'étais sur le chemin de la guérison.

J'apprenais de nouveau à sourire les jours où le soleil illuminait la ville.
J'apprenais à rire aux blagues de mes collègues.
J'apprenais à avoir les larmes aux yeux devant un film touchant.
J'apprenais à avoir des papillons dans le ventre en recevant ses notifications.
J'apprenais à soupirer de joie en ayant fini une lourde pile de dossier.
J'apprenais à faire de beaux rêves lorsque je dormais.
J'apprenais à cuisiner mon plat préféré quand j'en ressentais l'envie.
J'apprenais à vivre.

J'apprendrais, de nouveau, à vivre."

Au delà du réel [ BARDATTAL ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant