𝐈𝐕 - 𝐍𝐨𝐲𝐚𝐝𝐞

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🎶Drowning - The Lonely Tree🎶

" JE sens ma tête coulée lentement. S'enfonçant un peu plus dans l'eau trouble à chaque seconde qui passaient. Deux mains appuyaient fortement contre ma tête pour la garder immergée. Je sentais toute l'immensité de l'eau paisible autour de mon visage. Mais je coulais lentement, sans me débattre, résigné à mon sort. Le manque d'oxygène semblait atteindre mon corps. J'étais comme sans vie pendant que ma tête baignait dans les profondeurs.

Puis j'entendis une voix au loin.

- Jordan ? Jordan, tu m'entends ? Jordan ? Répétais la voix inlassablement.

Après un long soupire, je finis par remontrer à la surface et sortir la tête de l'eau.

J'ai ouvert les yeux et me suis redressé. Il semblait que je m'étais assoupi sur le fauteuil de ma loge. Il était très confortable. Un peu trop confortable pour quelqu'un qui n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Après quelques secondes pour émerger, je me suis finalement tourné vers la personne qui m'a réveillé et ai décidé de répondre à ses appels.

- Oui, Marine ? Prononçais-je avec une fatigue qui m'était rare.

La cinquantenaire me regardait avec un regard inquiet. Je me demandais d'abord si c'était à mon égard, puis relativisa rapidement, en me rappelant qu'elle était, sans aucun doute, simplement inquiète de savoir si j'allais pouvoir assurer le débat dans un tel état.

À vrai dire, elle s'en foutait pas mal de ma santé, mon épuisement, ou quoi que ce soit d'autre. Le principal était de sauver les apparences. Et ça, ils l'avaient bien compris. Elle et tous les grands de ce parti. Alors, moi, leur tête d'affiche, toujours bien soigné, poli et jeune, il était totalement exclu que je montre le moindre signe de faiblesse à l'image publique.

J'anticipais alors ce qu'elle allait me dire avant qu'elle n'eût le temps de le faire.

- Ne t'en fais pas, j'ai simplement manqué de sommeil hier soir. Je vais manger un peu et je serais opérationnel.

Je me suis levé difficilement du sofa qui était bien trop agréable, et j'ai ramassé les quelques bonbons qui traînaient sur la table basse pour les ingurgiter avec vitesse. Le goût sucré vint réveiller mes papilles et mon cerveau somnolant.
Je savais que ce carburant ne serait que de courte durée, mais il allait servir à me donner l'élan nécessaire pour tenir debout et parler pendant, au moins, la moitié du débat. À savoir une heure. Je m'arrangerais pour la seconde moitié, pour sauver les apparences.

La voix de la blonde me sortit de mes calculs d'énergies et de calories.
Je la fixais du coin de l'œil aussitôt qu'elle eut pris la parole.

- Tu devrais faire plus attention à toi, Jordan. Particulièrement les jours où tu fais des apparitions publiques. N'oublie pas que tu es le président du parti. Tu es le Rassemblement National, et le Rassemblement National, c'est toi. Tu ne peux pas te permettre d'être à moitié endormi lorsque la journaliste te posera des questions !

Je soufflai intérieurement.
Ses remontrances étaient plus épuisantes que ma nuit blanche.

- Ne détruis pas tout ce que nous avons bâtit pour te hisser au sommet. Ajouta-t-elle d'un ton qui se voulait, presque, culpabilisateur.

J'avais l'impression de me faire gronder comme un enfant. Je n'aimais pas cela.
Et pourtant, j'avais l'impression que tout le monde se le permettait avec moi. Comme s'ils représentaient une moindre autorité sur ma personne.

Au delà du réel [ BARDATTAL ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant