𝐕 - 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝𝐞𝐬 𝐢𝐝𝐞́𝐞𝐬

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🎶Stop the world  I wanna get off with you - Arctic Monkeys 🎶

" À peine rentré dans la pièce, il était déjà là. Se tenant droit devant moi, son timbre de voix laissant entendre qu'il m'avait attendu, et depuis longtemps. Je voyais toute la nonchalance qu'il avait à mon égard, à l'égard de ce débat, à l'égard de tout ce qui l'entourait. À l'égard de tout ce qui n'était pas Lui.

Jordan Bardella, bien sûr.

Un être aussi antipathique que sa réputation le dit. Un être aux idées et au comportement aussi abjects qu'agaçants.
Qui m'avait donné plus d'une raison de ne pas le porter dans mon cœur depuis que je l'avais rencontré pour la première fois.

J'irais même jusqu'à dire que je le méprisais par moment. Son arrogance et son air de je sais tout – alors qu'il ne savait rien – était ce que j'abhorrais le plus chez lui.

Son visage emplit d'une certaine impatience, je décidai alors de jeter un rapide coup d'œil à ma montre, vérifiant que je n'avais aucune minute de retard.

Ce n'était pas le cas. J'étais à l'heure.

Finalement, je pris l'initiative de répondre au ton cassant du jeune homme, tout en n'oubliant pas de lever les yeux au ciel, souhaitant lui faire part de mon exaspération.

- Je suis arrivé à l'heure, Monsieur Bardella. Si vous ne souhaitiez pas m'attendre, vous n'aviez qu'à patienter dans votre loge.

Puis je me suis avancé vers la présentatrice, un sourire amical, pour lui faire la bise.

J'avais pour ambition d'éviter les salutations formelles avec le Président du Rassemblement national, mais il semblait en avoir décidé autrement. Alors que je m'apprêtais à rejoindre ma chaise, le principal intéressé me barrait la route, la main tendue.

Il me regardait de haut, de son air supérieur.

- Attention à ne pas oublier la politesse, Monsieur Attal. Vous alliez partir vous asseoir sans m'avoir serré la main. Dit il avec un sourire que je savais hypocrite.

Je pouvais déceler chaque parcelle d'ironie dans sa voix.

Mais, ne voulant pas rentrer dans son jeu – que je considérais puéril – j'acceptai sa main tendue.

- Voilà qui est mieux. Déclara l'homme en relâchant mes doigts.

Je tentai, tant bien que mal, de retenir mon regard, que je savais meurtrier, de se poser sur lui.

Quand bien même il m'agaçait, il n'était pas commun que je lance ce genre de regard assassin. Si je le faisais aujourd'hui, c'est simplement parce que ce n'était pas le bon jour.

Et qu'en fait, aucun jour n'était le bon depuis six mois.

Je suis parti de l'autre côté de la grande tablée pour m'installer. J'ai déposé mes affaires devant moi. Dont une pochette de plastique dans laquelle mon équipe avait pris soin de ranger des petites aides pour le débat à venir, et ainsi m'assurer une victoire.

Le temps nous contraignant à patienter, jusqu'à ce qu'il soit vingt heure tapante, heure de diffusion.

Jordan et moi devions patienter l'un en face de l'autre. Et même en cherchant à l'éviter, je pouvais sentir son lourd regard se poser sur moi dans un rythme frénétique, depuis maintenant plusieurs minutes.

Ce genre de surplus d'attention de sa part me déconcertait légèrement. Ou plutôt m'intriguait. Je me demandais où il puisait cette force pour énerver autrui à seulement quelques secondes du commencement.

Au delà du réel [ BARDATTAL ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant