𝟕 - 𝐓𝐨̀ 𝐬𝐮𝐦𝐩𝐨́𝐬𝐢𝐨𝐧

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🎶Toxic - BoyWithUke🎶

" IL est rare que les humains soient confrontés à un franc parler sans limite, à un dialogue sans une once d'hypocrisie de politesse.

Les codes sociaux de bienséance nous poussent à une comédie constante, où chacun revêtit son masque et tente de jouer le meilleur jeu possible.

Je vois la vie comme un grand théâtre, qui ne possède aucun spectateur.
Une dramaturgie sans auditoire ;
Enfin, peut-être que pour certains, le public doit se trouver divin, se composant de divers anges et dieux.
Mais pour moi, le verdict était sans appel : nous jouions tous ce cinéma comme de bons acteurs, pour une salle de spectacle vide.

Et le monde de la politique ne faisait pas exception, il était même encore pire.
Chaque personne était dotée d'une carrière d'hollywoodien manquée et d'une dizaine de prix aux Oscars non-reçus.
Si bien que, en passant par Molière jusqu'à DiCaprio, personne sur terre ne pouvait défier un politicien sur son terrain de prédilection : le mensonge et la tromperie.

Là aussi, j'en étais intimement convaincu, sûrement parce que j'étais moi-même de la partie.


Et je crois ne pas me tromper en affirmant que, ce soir, était un des moments principaux de l'intrigue, et que tous les comédiens n'hésiteraient pas à faire leurs meilleures performances.


J'étais invité au Palais de L'Élysée.


Et ce n'était pas tous les jours que quelqu'un comme moi se voyait convié à de telles réceptions, c'était, pour ainsi dire, la première fois. Intérieurement, je ressentais une satisfaction sans précédent. Mon parcours n'était plus à prouver aujourd'hui, et j'en étais conscient, mais il n'était pas mauvais de nourrir son égo de temps à autre.

Aujourd'hui, le garçon du fond de la cours d'école, celui qui faisait plus jeune que son âge et que les autres gamins traitaient d'intello, était invité à L'Élysée, chez le président de la République.

Je rêvais que ces abrutis me regardent depuis leur télé tout en crevant de jalousie.

En attendant cela, je me préparais pour cette cérémonie avec impatience, un sourire de vainqueur qui ne voulait pas quitter mon visage. Je me fixais intensivement dans la glace.


J'aimais ce reflet. Le reflet de la réussite.

Je n'aimais pas spécialement les grandes fêtes de ce genre, elles étaient souvent trop longues à mon goût, et je savais que celle du Président ne ferait pas exception à toutes celles que j'avais connues auparavant. Je ne me réjouissais pas de l'invitation en elle-même, ce qui animait mon cœur, là maintenant, c'était la sensation que l'on a après un gros retour sur investissement. J'avais l'impression d'avoir touché un gros cachet – en fait, non – c'était encore mieux que d'avoir touché un gros cachet.

Emmanuel Macron requerrait ma présence.
Ma présence et celle de personne d'autres.
Pas celle du clan Le Pen, pas celle des gros cadres du Rassemblement National.


Non, c'était moi, Jordan Bardella, qui étais demandé, en personne, par le président, en personne.


Voilà de quoi je me réjouissais depuis que j'avais reçu cet e-mail, il y a de cela une semaine.


Évidemment que cette réunion allait m'ennuyer, évidemment que je voudrais rentrer chez moi au bout de moins d'une heure passée là bas, et évidemment que je ne ferais que grommeler de l'intérieur chaque fois que l'on m'adresserait la parole. Mais quand tous ces pénibles détails ont le goût du succès, ils devenaient rapidement futiles.

Au delà du réel [ BARDATTAL ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant