𝟏𝟓 - 𝐎𝐮𝐢

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🎶Spanish Sahara - Foals🎶

" LES deux heures du matin approchaient. L'appartement était plongé dans un calme et une pénombre reposants. La seule lumière éclairant l'ensemble du salon était celle de la télévision qui tournait en boucle, sans son. Ma mère et moi, chacun sur les deux bouts du canapé.
Une couverture par dessus mes épaules et une tisane, qui me réchauffait les doigts, entre mes mains.

Les pleurs avaient cessé pour laisser place à une respiration plus régulière, et à des reniflements de temps à autre.

Elle brisa finalement le silence.

- Maintenant que tu es calmé, est-ce qu'on pourrait parler ?

Elle n'était en rien d'un ton méprisant ou accusateur. Elle était douce, aussi douce que je l'avais toujours connu depuis que j'étais né.

Malheureusement, toute la douceur du monde ne saurait pas être suffisante à me faire avouer mes peines, mes échecs.

J'inspirais lourdement, portant la tasse à mes lèvres pour en absorber la dernière gorgée, faisant couler le liquide chaud et sucré dans ma gorge.

- Je devrais plutôt aller prendre ma douche. Il se fait tard.

J'ai commencé à me lever, mais sa main m'en retenue. Me ramenant sur le sofa.

- On parlera une autre fois, on risque de réveiller Nikolaï.

- Gabriel...Vas-tu continuer longtemps à fuir la réalité ? À me fuir ?

Je l'ai regardé. Toute la culpabilité du monde s'affaissant sur mes épaules.

Fuir.

C'est ce que je faisais depuis trop longtemps.
Fuir la réalité en chattant sur ce forum.
Fuir ma famille.
Fuir mon travail.
Fuir ma propre vie.

Tout cela pour replonger dans un passé qui, je le croyais, me rendait heureux.
Une vie de regret. De nostalgie. De Et-Si?.

Chaque jour que je passais me faisait sentir hors du temps et de la réalité.
Chaque minute, chaque seconde, mon cerveau cherchait à me tirailler vers de vieux souvenirs. Parce que ma vie actuelle n'était que ce que j'avais de plus décevant, alors pour y pallier, j'avais commencé à me plonger dans une confortable nostalgie. J'avais chercher tous les stratagèmes possibles pouvant me ramener à une réalité qui n'était plus la mienne.

- Maman Amorçais-je. Je veux juste... te préserver, préserver notre famille. Notre lien.

Son regard passa d'une émotion à une autre en une fraction de seconde.
Mais, même si je semblais connaître cette femme mieux que quiconque, j'étais incapable d'y voir clairement ce qu'elle ressentait en ce moment-même.

- Tu ne me préserves pas, tu ne nous préserves pas, tu te préserves toi-même. Je ne prétends pas tout savoir de toi, mais tu es et resteras mon fils, celui que j'ai élevé. Rien de ce que tu pourras me dire ou faire n'y changera quelque chose, et tu le sais. Parles-moi Gabriel, je t'en conjure.

Elle posa une main sur ma joue, de toute sa tendresse.

Je cherchais ce que je ressentais au plus profond de moi-même. Mais la seule chose que j'avais en tête, c'est la fatigue.

La fatigue.

- Maman... Je suis fatigué.

Ma jambe tremblait de façon incontrôlable, faisant taper le bout de mes chaussures sur le parquet en bois foncé de la salle d'attente.

Au delà du réel [ BARDATTAL ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant