Ça y est. Je sature. Quand je rentrerai en France, je ne veux plus JAMAIS entendre parler de KPOP.
J'ai accepté d'écouter la gamine radoter pendant des heures ; j'ai supporté les mêmes chansons en boucles (cette peste n'a rien trouvé de mieux que de coupler MON casque à sa tablette, encore et encore, jusqu'à ce que je cède et arrête de le déconnecter) ; j'ai répondu à des questionnaires « photocard » (je sais reconnaître Yoonie à présent, youpi) ; j'ai révisé (de force) les noms des chansons en prévision du concert, tout ça dans l'espoir de gagner un peu de tranquillité et de repos à l'hôtel.
Alors, pourquoi, POURQUOI je poireaute depuis 45 minutes au milieu d'une foule trépignante ?
Lorsque l'avion s'est posé à l'aéroport international d'Incheon, je ne m'attendais pas à tomber sur une foule de journalistes et des hordes de fans à peine le hall d'arrivée quitté. Bien évidemment, la vipère s'est moqué de moi et m'a rabaissé parce que « tout le monde sait qu'il y a tout le temps des groupes d'idols dans les aéroports ! » avant de décréter que « On va attendre pour voir qui c'est ! En plus, j'vais avoir trop de vue sur tiktok si j'arrive à les filmer pour poster !".
Je n'ai pas su quoi répondre et à cause de ça, je suis là. Au milieu d'un essaim impatient de pouvoir capturer le moindre geste de leurs idoles, à me sentir comme un stalker.
Et puis soudain, c'est le chaos. Les hurlements. Les bousculades. On m'écrase les pieds. On m'enfonce les coudes dans les côtés. J'ai toutes les peines du monde à garder un œil sur Kamilla. Nous sommes séparés une première fois. Puis une seconde. Excédé, j'attrape la poignée de son sac à dos afin de ne plus la perdre et me retrouve entraîné à sa suite alors que la foule suit la troupe de six jeunes hommes qui marchent dans l'aéroport.
Les pauvres, ils n'ont même pas l'air à l'aise ! Ils saluent les journalistes, envoient des cœurs aux fans qui hurlent leur nom le plus fort, mais leurs mâchoires restent crispées. Les groupies les plus téméraires vont jusqu'à se précipiter devant eux pour les toucher avant de se faire refouler par la sécurité.
C'est du grand n'importe quoi. Une soupe immonde comportement inapproprié et malsain. Et je suis au milieu.
— Kamilla, ça suffit, on y va !
Mon cri se perd dans le brouhaha ambiant et sans que je ne sache comment, nous nous retrouvons en première ligne, à même pas un mètre des chanteurs. De près, ils paraissent encore plus tendus. Si celui qui ouvre la marche arbore un sourire figé, les autres regardent leurs pieds ou le vague.
Soudain, une fille pousse Kamilla. Ma demi-sœur tombe vers l'avant en battant des bras. L'idol devant elle écarquille les yeux, tend déjà les bras pour la rattraper en même temps qu'un agent de sécurité amorce un mouvement. Je suis plus rapide qu'eux. D'un geste ferme, je tire sur la poignée du sac à dos pour la ramener en arrière.
Elle piaille. Hoquette.
La main sur le cœur, le jeune homme ébouriffe ses cheveux roses, tire sur le bas de son T-shirt rayé, puis nous dévisage tour à tour avant de se parer d'un sourire mécanique.
— 괜찮아 ?
Les mots caressent mes oreilles, chantant quelque chose comme « Kentchana »... dont la signification m'échappe complètement.
— Hein ?
Il n'a pas le temps de répondre, chassé vers l'avant par un homme qui le suit de près.
— 전호, go !
Le temps que je prenne conscience de ce qu'il vient de se passer, la foule s'est éloignée et Kamilla s'est déjà désintéressée du reste du monde, absorbée par son smarpthone.
— Je ne savais pas que tu suivais aussi des groupes de garçons... c'était qui ?
— Eux ? Je les suis pas, t'es malade, ils sont complètement nuls !
Sidéré, je secoue la tête.
— Attends, attends... tu nous as fait poireauter et subir tout ça pour un groupe que t'aimes pas ?
— Bah quoi, j'vois pas l'problème ! J'vais pouvoir les poster sur tiktok pour me moquer d'eux et pour faire rager les French Stormies ! Non, mais t'as vu la tête de Jeonho ? Cette tronche d'ahuri, il t'a regardé comme s'il avait jamais vu un blond de sa vie. Et franchement, il est débile de te parler en coréen, c'était évident que t'allais pas comprendre !
— Sinon, si tu les aimes pas, tu peux juste les ignorer, non ?
— Bah non, renifle-t-elle en téléchargeant la vidéo.
— Bah si, repliqué-je, agacé, avant de lui prendre son téléphone.
— Hey ! T'as pas le droit ! J'vais prévenir papa et il te paiera pas !
— J'ai déjà été payé.
Sans état d'âme, je supprime toute trace de notre passage à l'aéroport avant de lui rendre son téléphone. Elle m'insulte. Me donne des coups de poing. M'insulte encore. J'essaie bien de lui expliquer pourquoi ce qu'elle prévoyait de faire n'est pas correct, mais elle ne m'écoute pas.
Normal : la vipère n'écoute jamais rien ni personne. Elle avait déjà un fort caractère enfant, mais depuis qu'elle a son propre smartphone (cadeau de Noël des grands-parents pour ses dix ans. Dix ans !), son comportement s'est détérioré. Écumer les réseaux sociaux sans surveillance et bien avant l'âge n'a pas aidé. Ma belle-mère a bien essayé de mettre des contrôles parentaux (je le sais puisqu'elle m'avait demandé de le faire), mais mon père a tout retiré. C'était trop pénible de devoir tout accepter manuellement et puis « ça lui donne de l'autonomie, c'est bien ! »
Tellement bien qu'à 14 ans, elle poste des vidéos haineuses juste pour avoir des vues et des likes.
C'est pas ton problème, Stan. T'es sa baby-sitter temporaire, pas son père.
De tout le trajet en taxi (heureusement que le chauffeur parle un anglais impeccable, la communication a été aisé et agréable), la vipère ne desserre les crocs que pour me cracher son venin à la figure : elle ne me pardonnera jamais la perte de sa vidéo. Elle me détestera jusqu'à la fin des temps et si elle en a l'occasion, elle me maudira. Elle fera de mon séjour un enfer !
De quoi me faire douter de ma décision... mais si c'est le sort qu'elle réservait aux fameux Stormies en commentaires, ce n'est peut-être pas plus mal que je prenne le rôle de la victime.
Définitivement... le monde de la KPOP n'est pas fait pour moi.
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Famous 𝓘𝓭𝓸𝓵, Secret 𝓵𝓸𝓿𝒆
RomanceStan a tout pour être malheureux, vraiment tout ! Une rupture récente, une vie professionnelle catastrophique, un père dépassé et une demi-sœur détestable. Oui, vraiment, Stan a tout pour être malheureux, mais à force d'additionner du négatif, il ne...