Chapitre 47

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Mon âme est au diapason de l'océan qui s'étale sous mes pieds : agitée. 

Pourtant, j'avais tout pour passer la meilleure des fins de journée. Les KK se sont réconciliées. Thierry et Magalie roucoulent. Personne ne prêtait attention à moi. Jeonho m'a appelé pour m'apprendre qu'il avait une énorme surprise pour moi. Les choses se sont gâtées vingt secondes après qu'il a raccroché. Mon téléphone a sonné derechef et j'ai bêtement pensé qu'il avait oublié de me dire quelque chose. J'ai répondu.

Grave erreur : c'était Rémi.

Et malheureusement pour moi, je n'ai pas eu le réflexe salvateur de lui raccrocher au nez. Pendant une infinité de secondes, j'ai subi son courroux. Pour ne pas lui avoir répondu plus tôt. Pour ne pas lui avoir ouvert la porte quand il est venu s'excuser. Pour avoir réagi comme un « enfant » à notre rupture. Il m'a reproché d'autres faits, mais je ne l'écoutais plus. Mon cerveau a fini par reconnecter les neurones débranchés par Jeonho, j'ai lâché un glacial « On en parle à mon retour en France. Ou pas. J'ai un Coréen à rejoindre » avant de mettre fin cet échange qui n'en a pas vraiment été un. 

J'aurais aimé que le flot de mes pensées soit aussi simple à maîtriser. Sauf que des vagues de « J'aurais dû », de « Si seulement » et de « Pourquoi je n'ai pas » reviennent en permanence me polluer. C'est plus fort que moi : quand la conversation m'a déplu, je la rejoue dans ma tête, encore et encore, cherchant ce que j'aurais pu dire pour changer les choses.

Et dans ce cas précis, je n'aurais rien pu faire d'autre qu'ignorer cet appel. 

Oublie ça. Respire. Pense à l'océan. Pense à ton prochain chapitre. Pense à Jeonho. Pense à Wei Wuxian et Lan Zhan qui t'attendent. 

Cette série, c'est vraiment une bouffée d'oxygène. Une remise à zéro du cerveau. Un moment de pur bonheur et de félicité. Une immersion dans la fantasy chinoise dont je n'avais jamais entendu parler. 

C'est ça que je devrais faire. Me plonger dedans. Là. Maintenant. Même si c'est seulement dans ma tête. Si j'arrive à me perdre dans les souvenirs de l'animé, l'autre idiot disparaîtra ! 

Je ferme les yeux, retrouve mes deux cultivateurs où je les ai laissés (en mauvaise posture). Les images défilent rapidement devant mes yeux. Je revisionne dans ma tête mes passages préférés. Imagine mille et une théories pour la suite, toutes avec un happy ending. J'apprécie aussi les fins tristes, mais je pense que pour ces deux-là, ce serait une erreur scénaristique. 

Bah, je verrai bien !

Mes pensées volent en éclat lorsque j'atteins le sommet du pic. La vue n'est rien de moins qu'époustouflante. Devant moi, l'immense cratère de quelque six cents mètres de diamètre s'incurve en cuvette géante parsemée de végétation avec l'océan en toile de fond. Un vertige me saisit d'imaginer les falaises en roches volcaniques plonger à une profondeur vertigineuse dans les vagues.

Heureusement qu'ici, sur la plateforme, je ne risque pas de tomber. Juste de brûler vif s'il prend l'envie au volcan de s'éveiller... ce qui n'arrivera pas, bien sûr. Sinon, l'ascension aurait été interdite. Et il ferait probablement plus chaud : à cette altitude, mes oreilles et mes doigts menacent de geler et se décrocher ! 


La descente prend moins de temps que prévu. Nous dévalons les marches, les KK (réconciliées) en tête de file. Elles gloussent de nouveau ensemble. Crient. Me jettent des regards outrés. J'ignore ce que Kamilla raconte à son amie, et je m'en contrefiche, tant qu'elles se tiennent éloignées de moi, tout va bien ! 

De retour en ville, nous nous installons dans une sorte de bar restaurant pour nous restaurer, le couple à une table, les KK et moi à une autre. Je choisis des raviolis coréens appelés mandus, les gamines écervelées se jettent sur des... hamburgers. 

Famous 𝓘𝓭𝓸𝓵, Secret 𝓵𝓸𝓿𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant