Chapitre 38

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Je viens de dormir pendant quinze heures consécutives. Dans le calme et la joie. Dans la béatitude. Dans la félicité qui avale toujours les héros de romance qui se rendent compte de l'intérêt réciproque avec le love interest.

Je découvre l'indescriptible sensation de flotter sur un petit nuage. C'est... comment dire... à la fois... et aussi... non, c'est indescriptible. 

Du bout des doigts, je récupère mon téléphone, le lorgne un instant, perdu, avant de me souvenir que ce modèle m'a été donné en remplacement de celui que j'ai brisé. Mon poignet tire un peu, mais pas assez pour que je m'extirpe du confort des couvertures. 

L'heure qui suit me voit swiper comme un zombie sur Tiktok avant d'abandonner pour aller baver sur des photos de Jeonho.  D'ordinaire, jamais mon regard ne se serait arrêté sur lui. Déjà, parce qu'il a les cheveux roses. Moi, je déteste le rose, et pourtant sur lui, c'est à la fois sexy et adorable. Ensuite, parce qu'il n'est pas mon style d'homme. Tous mes ex (pas qu'il y en ai eu beaucoup, ils sont trois) étaient plus vieux que moi, de deux à cinq ans plus vieux que moi. Lui a deux ans de moins. Et puis, tous mes ex étaient des anonymes, comme moi. Des types qui se fondaient dans la masse et qu'on aurait remarqués pour leur banalité, peut-être. Certainement pas pour leur beauté remarquable ou leur aura fascinante. Lui, sans être le plus bel homme du monde (il ne faut pas exagérer), il est époustouflant et quand je tape son nom sur les réseaux (je ne dis pas que je l'ai fait ! ... évidemment que je l'ai fait), des milliers d'entrées sortent. 

C'est la faim et une atroce envie d'uriner qui me pousse à finalement repousser les plaids polaires pour partir en excursion dans la maison. Magalie m'a bien sûr fait visiter, quand je suis arrivé, seulement, j'avais à peine fermé l'œil de la nuit, pas encore récupéré du décalage horaire et de la multitude de sous-intrigues toutes plus folles les unes que les autres que mon scénariste m'a collées sur le dos.

Malheureusement pour moi, je toque à la mauvaise porte. Ma phalange n'a pas plutôt effleuré le battant que des sifflements montent. 

Un nid de vipères. J'ai mis le pied (enfin, le doigt) dans un nid de vipères.

— Ha, putain, Stan, c'est pas trop tôt ! J'ai cru que t'étais mort de vieillesse là-dedans ! attaque Kamilla.

— Ouais, on est venu renifler pour vérifier que ça sentait pas plusieurs fois, renchérit Kloé. 

Je les dévisage l'une après l'autre sans réagir.

— Pour voir si tu te décomposais pas, précise bêtement Kloé.

Je fais déjà une overdose de KK.

— J'avais compris. J'vais pisser.

Hélas, c'est bien connu : les vipères ne laissent jamais échapper leur proie. Elles plantent leur croc dedans, les immobilisent de leur venin avant de les dévorer tout cru. Même si dans mon cas, Kamilla m'attrape le bras pour me tirer à l'intérieur avant d'enserrer mon poignet blessé de sa main libre.

— Si tu essaies encore de t'enfuir, je te casse le poignet !

— Et tu comptes casser l'orthèse avec ?

— Ssss...

Quand je disais que c'était une vipère...

— J'suis pas un campagnol, alors relâche-moi.

— Un quoi ? Un campagnard ? Bah non, on habite en ville, t'es con, toi !

— Oui, c'est moi qui suis con, ça doit être ça. Et donc, pourquoi tu m'empêches d'aller remplir un de mes besoins fondamentaux ??

Famous 𝓘𝓭𝓸𝓵, Secret 𝓵𝓸𝓿𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant