Chapitre 15

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— Ha punaise, c'est ça leur nom ! m'exclamée, à deux doigts de me frapper le front du plat de la main et juste avant de me souvenir que Kamilla ne les aime pas.

Les yeux de la vipère se plissent déjà. Elle affûte ses crocs, je suis sûr. Prête à mordre l'innocent Rosie à la gorge. Le pauvre lui sourit avec bonheur, inconscient de la vraie nature de son interlocutrice.

— Hi, I'm Jeonho ! Oh, you were with Stan at the airport ! (Salut, je suis Jeonho ! Oh, tu étais à l'aéroport avec Stan !)

Ha oui, c'est vrai qu'il s'appelle pas vraiment Rosie.

— Je parle pas anglais, lâche-t-elle avec dédain. Et même si je parlais anglais je te parlerais pas.

John-oh se tourne vers moi, troublé et confus. Les coins de sa bouche menacent de retomber, mais il lutte vaillamment pour rester neutre, si ce n'est joyeux.

— What...did she... (qu'est-ce qu'elle a...)

Je croise les bras, fusille ma demi-sœur du regard. Apparemment, elle ne voit pas le problème. Comme si parler aussi rudement à un inconnu était normal. Comme si détester un inconnu pour son appartenance à un groupe de musique était normal.

— Rosie, don't talk to her. She's a hater. (Ne lui parle pas, c'est une hater)

— Rosie ?

Le « r » roule d'une délicieuse manière sur sa langue. Ça doit être pour ça que je réponds bêtement « Oui, Rosie ». Et je ne prends conscience de l'avoir appelé par ce surnom secret que lorsqu'il me demande qui est Rosie.

— T'es sérieux ? T'as appelé le débilos Rosie ? Pas étonnant que tu le défendes, c'est trop nul comme surnom ! Et d'où tu l'appelles Rosie ? Vous vous connaissez ?

Qu'elle m'empêche de répondre à John-oh me contrarie plus que de raison. Plus le temps passe, moins j'apprécie la vipère. Et comme je ne l'appréciais déjà pas avant ce séjour...

— Ferme-là, lui ordonné-je. Essaie même pas de répandre des rumeurs à la con, je le connais pas. Et arrête d'attirer l'attention. 

Quelques regards se sont posés sur nous, avec trop de curiosité pour ne pas me mettre mal à l'aise. Mes trois voisins ont rentré les épaules et baissé casquette ou bob pour couvrir leur visage.

— Tu l'connais pas, mais tu parle avec lui d'puis v'la l'temps ? continue l'insupportable vipère. Il est gay aussi, c'est ça ? Entre gays, vous vous reconnaissez ?

Je dois être un gay défectueux, alors, parce que je n'ai pas été livré avec le radar. En revanche, j'ai assez étudié les réactions humaines et mon propre visage dans le miroir (étude d'auteur, il faut bien être le plus réaliste possible !) pour reconnaître la panique latente dans son regard. Pas besoin de comprendre le français pour savoir ce que signifie son prénom + gay dans la même phrase.

Tiens, d'ailleurs, c'est quoi la position de la Corée sur l'homosexualité ? Pas fameux, j'dirais. Le pauvre, il a l'air au bord des larmes.

— Ajoute encore un truc et je me lève, je sors de là et je dis aux vigiles que finalement on ne va pas rester voir tes idoles. Et donnez-moi vos téléphones toutes les deux.

Horrifiée, Kloé plaque son smartphone contre sa poitrine. Kamilla essaie de cacher le sien sans son sac en bafouillant que je n'ai pas le droit et qu'elle filmera si elle a envie. Je tends la main paume vers le haut, intraitable. Si la vipère est prête à rester un temps interminable dans un aéroport dans le seul but de diffuser de la haine, nul doute qu'elle tentera de faire une vidéo pour le buzz. Je ne pourrais pas garder l'œil sur elle constamment.

Famous 𝓘𝓭𝓸𝓵, Secret 𝓵𝓸𝓿𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant