Chapitre 1

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Une douce chaleur caressa mon visage et de la lumière s'introduisit doucement entre mes paupières. Je battis doucement des yeux. Mes paupières pesaient des tonnes. Tout à coup je sentis une forte douleur à la poitrine. Mon corps quémandait de l'air, et vite. J'ouvris aussitôt la bouche pour expulser l'eau salée accumulée dans mes poumons. Aussitôt j'étais pris d'une quinte de toux. Quand je pus respirer à nouveau convenablement, je risquai un coup d'œil. Je sentais quelque chose de chaud et doux sous ma peau. Du sable ?

J'entrouvris les yeux et me redressais brusquement pour voir ce qu'il en était. Je dus pourtant fermer les yeux en sentant ma tête tourner. Des étoiles défilaient devant mes yeux. Je m'étais levé trop rapidement. Je pris quelques secondes pour reprendre mes esprits et retrouver une vision correcte. Et alors tout refit surface.

Le souvenir de l'incident du bateau, de ma chute dans l'eau... Mon cœur se mit à battre rapidement dans ma poitrine alors que je me remémorais chaque parcelle de l'accident, naufrage ? Je n'en avais qu'à faire, tout ce que je savais, c'était que je me trouvais dans un endroit inconnu.

- Bordel...

Tout me revenait à présent. Je regardais autour de moi. Une étendue de sable fin se trouvait devant moi. Derrière il y avait une forêt et si je plissais les yeux, je pouvais apercevoir des rochers. Je me suis échoué sur une île ? De mieux en mieux... On se croirait dans le film de Robinson Crusoé maintenant, je songeais déboussolé. Il faut que je retrouve les autres. Ma décision prise je mis à marcher. Mes vêtements étaient trempés, le sel de l'océan me piquait la peau mais je n'étais étrangement pas blessé. Tant mieux, pensais-je soulagé. La santé était le plus important.

Alors que je continuai de longer l'océan, mes pas s'enfonçant dans le sable chaud, j'aperçus au loin, comme une masse sombre qui flottait à moitié sur l'eau. Par la forte chaleur, ma vue se brouillait légèrement. Je plissai les yeux. C'est un corps ! Je sentis mon cœur s'accélérer et je courus dans sa direction.

Quand j'arrivai à sa hauteur je découvris un adolescent d'une quinzaine d'années gisant à moitié dans l'eau salée. Je m'approchais prudemment, le cœur battant. Et je le reconnus immédiatement. Ce n'était autre que mon frère. Sans la moindre hésitation, je me dépêchai de le tirer hors de l'eau. Une fois allongé sur le sable fin, Mathieu se mit violemment à tousser et tourna sa tête dans ma direction.

- Où suis-je ? marmonna-t-il en clignant des yeux.

Il me regardait, l'air hagard.

- On est sur une plage, répondis-je en me pinçant les lèvres.

C'était la seule information que je connaissais, hormis le fait qu'on se trouvait sur une supposée île. Mais cette idée ne me plaisait guère. Alors je la chassais immédiatement de mon esprit.

Mathieu se redressa sur ses coudes et me fixa de ses yeux inquiets.

- Où sont papa et maman ? Et Emy ? ajouta-t-il paniqué, en posant ses yeux affolés un peu partout autour de lui. J'ai vu maman tomber avec Emy et papa a sauté après...

Sa voix se brisa brutalement. Il venait tout juste de réaliser ce qu'il s'était produit. De mon côté, je ne disais rien, encaissant la nouvelle.

- On ferait mieux de partir à leur recherche, décida mon frère en prenant un peu contenance de lui-même

Il fit mine de se relever.

- Avec un peu de chance ils ont atterris ici, eux aussi.

- Je suis d'accord, lâchais-je enfin. Tu... Tu es capable de marcher ?

- Bien sûr ! s'écria Mathieu avec conviction.

Se redressant d'un bond décidé, les poings serrés, il se mit à ma hauteur. Et planta ses yeux dans les miens.

- Alors allons-y.

Nous commençâmes ainsi à partir à la recherche du reste de la famille. Le nœud au creux de ma gorge ne cessait de s'agrandir. Je ne savais pas comment nous allions nous en sortir dans cette situation. Nous étions sur un territoire inconnu. Et quand mes yeux parcouraient le paysage qui nous entourait, je devais bien avouer que cela ne faisait pas très habité. Mais je gardais espoir. Si par pur hasard, Mathieu et moi étions arrivés au même endroit, alors pourquoi pas le reste de la famille ? Surtout que nous consacrer à chercher quelqu'un, permettrait de nous sentir un peu en sécurité, enfin si on les trouvait.

Nos pas s'enfonçaient doucement dans le sable chaud. Nos chaussures étaient remplies d'eau. Avec le sable qui s'y infiltrait, c'était une vraie torture. Je grimaçai de dégoût en sentant l'étrange texture dans mes chaussettes. Du sable mouillé. Cette sensation était vraiment un enfer. C'était extrêmement désagréable. Comme si nous n'étions pas à la fin de nos peines. Je tentais donc d'ignorer mes pieds boueux dans mes chaussures afin de marcher convenablement. Un écosystème va finir par se créer si on les garde plus longtemps...

Le Regard de la louveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant