Chapitre 11

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- Je le répète, il a probablement été déjà transfusé, dit doucement Nathan en dévisageant maman.

Cette dernière avec les mains qui tremblaient sous l'émotion. J'entendis mon père jurer des mots que je ne préférerai pas entendre à propos du Professeur.

- Mais...

Nathan se tourna vers Kim.

- ... la bonne nouvelle c'est qu'effectivement il existe un antidote.

Kim hocha gravement la tête. Ma mère la dévisagea intensément. Je frémis. L'état de maman faisait peur mais il était largement compréhensible au vu de la situation. Pourtant je n'étais pas si affecté que ça de la nouvelle. Pas que je n'aimais pas mon frère, loin de cette idée-là, seulement j'avais confiance en Kim et le regard qu'elle me lançait actuellement me le confirmait.

- Où se trouve-t-il ? demanda mon père d'un ton sec.

Ses yeux lançaient des éclairs.

- Au même endroit que votre fils, affirma Kim, d'une voix sûre.

- C'est parfait alors ! Ne perdons pas de temps, s'agaça-t-il en se redressant.

Mon amie l'arrêta d'un geste.

- C'est bien le problème, le Professeur y est également.

Elle nous lança un coup d'œil alarmé.

- Ce n'est pas un problème, répliqua mon père. A plusieurs, on doit pouvoir l'arrêter.

Emy agrippa un peu plus mes épaules. Malgré son jeune âge, elle semblait comprendre la situation.

- Il y a certains adolescents, risqua tout à coup Noa, hésitante. Qui sont un peu hors de contrôle là bas, en fait.

- C'est vraiment dangereux, avoua Kim, à demi rassurée.

Mon père passa une main dans ses cheveux, épuisé par la tournure que venait de prendre les évènements.

- Très bien dans ce cas, que proposez-vous ?

Les trois amis s'entre-regardèrent. Une pointe de jalousie émana soudainement de ma poitrine, me sentant exclu de leur échange silencieux.

- Dans une semaine aura lieu l'administration d'une nouvelle dose, leur annonça Nathan en se triturant les mains.

Je me crispai aussitôt et jetai un coup d'œil à Kim. Mais celle-ci gardait ses yeux fixés sur mon père, et m'ignorait volontairement. Rien que l'idée qu'elle souffre à nouveau me mettait hors de moi, pour une raison que j'ignorais encore.

- Tout le monde sera là. Ce sera plus facile d'administrer l'antidote à tout le monde.

- Et hormis ceux qui ne peuvent se contrôler, les autres seront ravis de nous aider, assura Noa.

Mon père soupira mais finit par acquiescer.

- Très bien, fit ma mère d'une voix beaucoup plus calme. Et comment allons-nous faire pour quitter cette île de malheur ?

Kim se tourna vers elle, un petit sourire au coin des lèvres.

- Justement, c'est ce que je suis allée chercher cette nuit, répondit-elle en me jetant un coup d'œil.

Je restais un moment interdit sous sa révélation. Je comprenais alors le retard qu'elle avait pris. Elle avait dû passer une courte nuit, ses cernes en témoignaient.

- Il m'était déjà arrivé de penser à m'enfuir, expliqua-t-elle au petit groupe. J'avais déjà repéré un bateau de sauvetage, dans les loges du Professeur...

- Tu as été chez lui ?! l'interrompit tout à coup Noa furieuse. Mais qu'est-ce que tu foutais là-bas ?!

La jeune fille avait les poings serrés et son visage était crispé par la colère et la terreur.

- Je... Il n'était pas là ce jour-là, c'était le moment idéal, se justifia-t-elle mal à l'aise.

- Tu es folle ma parole, souffla du nez sa camarade en desserrant les mains. Je n'imagine pas ce qu'il t'aurait fait s'il t'avait découverte...

Je frémis de peur. Je n'imaginais que Kim avait pris autant de risques. Cela aurait pu très mal se terminer, Noa avait raison. Mon amie la fusilla du regard.

- Je n'avais pas d'autres choix, et puis au moins, cette nuit j'en ai trouvé deux autres ! lâcha-t-elle presque en criant, les yeux au bord des larmes.

Elle paraissait sur le point de craquer, au bord de l'épuisement. Le visage de Noa s'illumina et elle s'élança vers sa camarade pour l'enlacer. Elle lui murmura des mots inaudibles.

- Donc si je comprends bien, on attend ce fameux jour du renouvellement de votre dose pour vous donner l'antidote et partir ? résuma mon père, incertain.

Les deux filles se détachèrent l'une de l'autre. Kim confirma sa question d'un hochement de tête.

- Et Mathieu ? s'enquit maman inquiète.

- On ira le chercher à ce moment, (le visage de ma mère s'assombrit), je suis désolée, c'est trop risqué sinon, s'excusa précipitamment Kim en séchant ses larmes.

- Il ne souffrira quasiment pas, ajouta Nathan, d'un ton qui se voulait convaincant.

Mon père se redressa et attrapa Emy qui se trouvait toujours dans mes bras. Cette dernière commençait à peser son poids. A vrai dire je n'étais pas mécontent qu'il la prenne.

- Très bien, lança-t-il finalement en reposant ma petite sœur à terre. En attendant, il faut nous reposer pour pouvoir l'affronter.

Il lança un regard appuyé à Kim qui peinait à rester debout sous la fatigue. Elle n'a pas dormi ou quoi ? pensais-je en réalisant l'état de lequel elle se trouvait.

- Bonne idée, approuva ma mère en rentrant dans la grotte, en me jetant un petit sourire contrit.

Papa emmena également Emy afin qu'elle dorme un peu. Je restai un moment debout, sans rien, à contempler mes chaussures - un peu noircies soit dit en passant - en me remémorant tout ce qu'il venait de se produire. Bordel, purée mais quel bordel !

- Alex ?

Une main se posa sur mon épaule me faisant sursauter.

- Oui ?

Je me tournai vers Kim se trouvait face à moi. Elle me détaillait d'une manière étrange.

- Tu viens ? J'aimerais te montrer quelque chose.

Elle me tendit sa main pour l'inviter à la suivre.

- Mais, et les autres...?

Je me rendis alors compte que Nathan et Noa avaient disparu.

- Ils sont partis prévenir le reste d'entre nous, expliqua-t-elle doucement. Tu viens ?

Je la dévisageais curieux et attrapa sa main sans hésiter. Nos doigts se trouvèrent d'eux-même et s'enlacèrent en un même mouvement. Elle me guida vers la cascade qui se trouvait non loin de la grotte mais elle ne s'arrêta pas. Je la suivis perplexe. Je n'avais pas encore été plus loin. Elle tira légèrement sur ma main pour me faire signe d'avancer.

Le Regard de la louveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant