Chapitre 17

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- Encore désolée, balbutia la dénommée Nina.

Elle paraissait plus jeune que Kim, son regard était empli de culpabilité. Mon amie la regardait compatissante.

- Tu sais bien que tu n'y es pour rien Nina (son visage se ferma), tout ça c'est de sa faute...

Un air de dégoût s'imprima sur sa figure.

- Ne t'en fais pas, ce n'est rien.

Mon père balaya ses excuses d'un geste de la main. Il la regardait d'un air compatissant. Je le regardai surpris. Il semblait s'être tout à fait remis de notre frayeur. Alors que moi... Je grimaçai. C'est quand même impressionnant, il faut bien se l'avouer.

- Nous allions vers le labo, l'informa alors Kim.

Nina ne sembla pas étonnée de la nouvelle et hocha la tête.

- Je sais, Nat' nous a informé avant qu'il...

Elle sourit faiblement. Avant qu'il ne se transforme, terminais-je sa phrase silencieusement. Intérieurement, je me demandais bien quel animal correspondait à Nathan. Il ne m'en avait jamais parlé.

- Je peux vous accompagner si vous voulez, proposa-t-elle en emboîtant le pas à Kim qui commençait à reprendre la direction de notre destination.

Je soufflai du nez. Malgré ce que nous venions de vivre, mon amie ne nous accorda aucun répit. Et je le comprenais bien. Il fallait faire vite.

- Quand vous serez arrivés, je partirai, précisa-t-elle sous le regard sceptique de Kim.

- Tu es sûre que ça va le faire ? demanda-t-elle soucieuse.

Je marchai en silence derrière les deux femmes, écoutant discrètement leur échange.

- Oui, je... Ça va mieux déjà.

Kim ne répondit pas mais je vis ses doigts se crisper, jouant nerveusement avec le plis de son t-shirt. J'avais une folle envie de la prendre dans mes bras pour la rassurer et lui dire que ça allait bien se passer. Mais je réprimais cette pulsion au fond de mon esprit. Ce n'était ni l'endroit ni le bon moment. Nous n'avions pas une minute à perdre.

*

Après avoir bien marché pendant une heure, sans avoir rencontré quiconque depuis que Nina nous avait rejoins, nous nous étions arrêtés. Nous étions proches du but, je reconnaissais vaguement le lieu. Même si lorsqu'on était venu, il faisait sombre, l'ambiance restait la même.

Mon regard glissa vers Kim. Elle se tenait accroupie, cachée derrière un buisson épais. Elle murmura quelques mots à Nina, qui se trouvait dans la même position qu'elle. Cette dernière se releva silencieusement et leur fit un petit signe de tête avant de disparaître dans la végétation. Dire qu'ils vivent ainsi depuis des semaines... Je secouais la tête. C'était inimaginable.

Kim se redressa à son tour et nous rejoignit.

- On va faire le tour, nous indiqua-t-elle à voix basse.

Malgré le bruit continu de la forêt produit par les animaux entre autres, cela ne suffisait pas à masquer notre présence. Il était impératif de se faire le plus discret possible.

- Suivez-moi.

Elle planta une microseconde son regard dans le mien avant de m'attraper la main sans me demander mon avis. Quand nos peaux nues rentrèrent en contact, un étrange fourmillement me parcourut. Même si je trouvais cette sensation assez agréable, je n'en tenais pas compte. J'étais concentré sur mes pas et je fixai un point invisible devant moi, attendant que la bâtisse apparaisse à chaque instant entre le feuillage.

Derrière moi, mon père attrapa ma deuxième main. Il ne fallait pas se perdre et maintenir un rythme de pas constant. C'était coincé ainsi, entre Kim et papa, que je vis enfin une forme se dessiner au-delà des arbres. Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine. La lumière devenait plus vive au fur et à mesure qu'on approchait.

- Vous voyez la porte devant ?

Kim venait de s'arrêter complètement, à quelques pas des arbres qu'ils nous restaient à traverser pour rejoindre le laboratoire.

- Oui...

- Elle est ouverte normalement.

La jeune femme me jeta un coup d'œil nerveux. Je resserrai ma prise sur sa main. Je suis là Kim, tout va bien se passer, avais-je envie de lui dire.

- On te suit, répondit mon père en nous regardant d'un air entendu.

Je sentis une boule d'anxiété grandir en moi. J'allais enfin pouvoir voir mon frère.

Kim nous entraina à sa suite vers la ladite porte. Sans prendre le temps de s'arrêter, elle l'ouvrit rapidement qui grinça légèrement. Quand tout le monde fut entré, elle la referma d'un coup sec. Il faisait assez sombre dans la pièce où nous étions.

- C'est normal qu'on ne voit rien ?

Je distinguais mon amie devant moi qui se déplaçait droit devant. Elle me tira légèrement sur la main pour que je la suive, mon père sur mes talons.

- Oui ce n'est qu'une sorte de pièce de stockage...

A ces mots, je la vis pousser une seconde porte, la lumière du jour entra aussitôt dans la pièce. On se dépêcha de refermer la pièce dite de stockage derrière nous. Et je pus enfin découvrir le laboratoire de ce fou.

- Suivez-moi.

A ma grande déception, ce n'était qu'un couloir immaculé de blanc. Alors que nous y progressions, nous croisâmes quelques portes qui donnaient sur le couloir. Elles paraissaient verrouillées. Je ne fis aucun commentaire. Je n'avais pas spécialement envie de savoir quels genres d'expériences elles renfermaient.

Nous arrivâmes rapidement au fond du couloir, donnant sur une grande porte, cette fois-ci grise. Je m'étais attendu à quelque chose d'un peu plus grand mais ça l'était déjà suffisamment pour un unique et même homme. Kim posa sa main sur la poignée, l'air hésitante. Elle se retourna brièvement.

- Quoique vous voyez n'intervenez pas, notifia-t-elle en nous regardant tour à tour.

J'acquiesçai doucement. Mon cœur battait toujours aussi vite dans ma poitrine et ma bouche commençait à s'assécher sous le stress.

- Ils... Ils sont là.

Elle plongea ses yeux dans les miens avant de prendre une profonde inspiration. Elle se retourna et fit basculer la poignée. La porte s'ouvrit sans difficulté. Tout à coup une forte odeur me prit au nez. Je me retins de tousser tellement elle était présente. C'était un mélange de chair putréfiées, de sueur et de produits chimiques. L'atmosphère était lourde et pesante, mes yeux me piquaient presque. Papa me poussa légèrement pour entrer à son tour. Kim se dépêcha de fermer la porte derrière nous. Elle glissa ses doigts dans les miens, mon regard vagabonda sur elle. Elle était terrifiée. Enfin mes yeux se posèrent devant moi. Une scène cauchemardesque s'étendait devant nous. Oh putain.

Le Regard de la louveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant