La partie n'est pas finie

Le poison du doute

**Chapitre 27 : Le Poison du Doute**

Les jours qui suivirent l'agression furent marqués par une tension palpable. Gabriel et Jordan avaient décidé de ne pas céder au chantage, mais l'ombre de cette menace pesait lourdement sur eux. La police poursuivait son enquête, et les deux hommes, bien que plus unis que jamais en apparence, sentaient les fissures se creuser dans leur relation.

Un matin, alors que le soleil se levait à peine, Jordan reçut un appel qui le fit blêmir. L'appel venait d'une source anonyme, prétendant avoir des informations cruciales à partager. Le cœur battant, il écouta attentivement les mots murmurés à l'autre bout du fil. Ce qu'il entendit fit vaciller toutes ses certitudes.

Sans dire un mot à Gabriel, Jordan se rendit à l'adresse indiquée par l'informateur. Un café discret, dans une rue peu fréquentée. Il entra, le regard sombre, et s'assit à une table isolée. Quelques minutes plus tard, un homme en imperméable s'approcha de lui, un dossier à la main.

« Jordan, » dit l'homme en s'asseyant, sa voix grave. « Je suis désolé de devoir te montrer ça, mais tu mérites de savoir. »

Jordan prit le dossier avec des mains tremblantes, l'ouvrit lentement et parcourut les pages. Ce qu'il y découvrit lui fit l'effet d'une gifle. Des documents, des enregistrements, des courriels... Tout pointait vers une trahison. Une trahison de Gabriel.

Les preuves semblaient indiquer que Gabriel avait, au début de leur relation, collaboré secrètement avec un groupe politique rival, échangeant des informations stratégiques en échange de soutien pour sa propre campagne. Pire encore, certains éléments laissaient entendre que Gabriel savait depuis longtemps qu'ils seraient ciblés par les agresseurs, mais n'avait rien dit à Jordan pour le protéger.

Jordan referma le dossier, le souffle court, le cœur brisé. « Pourquoi... Pourquoi aurait-il fait ça ? » murmura-t-il, les larmes menaçant de couler.

« Le pouvoir corrompt, Jordan, » répondit l'homme, ses yeux tristes. « Parfois, ceux en qui nous avons le plus confiance sont ceux qui nous trahissent le plus profondément. »

Jordan se leva, incapable de rester assis plus longtemps. Il quitta le café, les jambes vacillantes, le dossier serré contre lui comme une arme qui venait de percer son cœur. Sur le chemin du retour, les pensées s'entrechoquaient dans son esprit. Tout semblait soudainement flou, irréel. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Comment avait-il pu ne pas voir ce que Gabriel lui cachait ?

De retour chez eux, il trouva Gabriel dans le salon, en train de discuter avec un conseiller de la campagne. Lorsque leurs regards se croisèrent, Gabriel comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas.

« Jordan ? » demanda-t-il, l'inquiétude perçant sa voix. « Qu'est-ce qui se passe ? »

Jordan ne répondit pas. Il avança vers lui, silencieux, et lui tendit le dossier. Gabriel le prit, fronçant les sourcils, et l'ouvrit. À mesure qu'il parcourait les pages, son expression changea, passant de la confusion à la panique.

« Ce n'est pas ce que tu crois, » balbutia-t-il, le souffle court.

« Alors dis-moi ce que c'est, » répliqua Jordan, la voix tremblante de colère et de douleur.

Gabriel referma le dossier, ses mains tremblantes. « C'est... c'est compliqué, Jordan. Oui, j'ai fait des erreurs, mais ce n'était pas comme ça. Je n'ai jamais voulu te trahir. »

« Tu m'as menti, » accusa Jordan, les yeux emplis de larmes. « Tu savais que nous allions être attaqués, et tu n'as rien dit. Tu as joué avec notre sécurité, avec ma vie... Pourquoi ? »

Gabriel voulut s'approcher de lui, mais Jordan recula, levant une main pour l'arrêter. « Ne me touche pas. »

« Jordan, je t'en prie, laisse-moi t'expliquer... »