IV. 𓆩Taehyung𓆪,Je suis de retour dans ma chambre, les jambes étendues sur le lit face à moi. Le moindre mouvement me rappelle ce que je suis devenu, une ombre de ce que j'étais autrefois. La douleur est là, toujours, tapie sous ma peau, prête à m'arracher des cris que je m'efforce de contenir. Pourtant, je n'arrive pas à rester immobile. Je me suis assit dans ce fauteuil roulant, malgré les supplications de Mina pour que je reste allongé. Mais j'avais besoin de cette cigarette.
Même si je l'ai regretté instantanément, les médicaments ne faisant plus vraiment effet. J'ai senti la douleur revenir en force, attaquant mes jambes, mes hanches, remontant même jusqu'à ma colonne vertébrale.C'est horrible comme sentiment, ne plus avoir le contrôle sur son corps. Moi qui y étais habitué, le tout avec une précision redoutable. Maintenant, je ne suis plus maître de rien, surtout pas de ces foutues jambes qui ne veulent plus m'obéir. C'est comme si mon corps m'avait trahi, comme s'il avait décidé de me punir pour avoir osé rêver trop grand.
Mark, l'infirmier, entre sans faire de bruit. Il me regarde avec une sorte de compassion dans les yeux, celle que je déteste le plus. J'essaie de ne pas croiser son regard, mais c'est trop tard. Il s'approche de moi avec cette seringue, me murmurant que ça va aller mieux, que la douleur va s'atténuer. Je déteste cette voix douce, ce mensonge. Parce qu'on sait tous les deux que ça ne va jamais vraiment aller mieux. Mais je laisse faire, je n'ai pas la force de protester.
La piqûre est rapide, presque indolore, mais je sens immédiatement l'effet de l'anesthésiant. Mes jambes commencent à s'engourdir, la douleur se dissipe lentement, me laissant dans un état de torpeur. C'est mieux que rien, je suppose. Une fois sa tâche accomplie, Mark nous salue et quitte la pièce.
Mina, toujours présente, lit un livre sur le fauteuil près de mon lit. Je lui ai dit qu'elle n'était pas obligée de rester, je ne suis pas mourant. Elle peut retourner travailler ou rentrer voir son fiancé. Mais non, elle veut me tenir compagnie, que je veuille discuter ou non ça lui ai égal. Elle veut me tenir compagnie, c'est tout. Et je me sens un peu coupable d'être un poids dans sa vie. J'ai l'impression d'être retourné à mes 13 ans quand j'ai eu une forte fièvre et que j'étais cloué au lit. Elle est restée près de moi pendant 3 jours. 3 jours à s'occuper de moi, a rater ses cours au lycée, parce que j'étais malade.Mais elle a toujours été comme ça, toujours à veiller sur moi. Toujours depuis la mort de nos parents quand j'avais 7 ans et elle 12. C'est dans sa nature, après tout. Et elle doit tenir cela de notre mère. Moi, à l'inverse, j'ai toujours voulu être indépendant, ne plus avoir à compter sur elle, pouvoir lui laisser un peu de répit et lui rembourser tout ce que je lui dois. Et je lui devais ma vie, ma carrière. Elle a tout donné pour moi, et moi pour elle. En la rendant fière, en gagnant plus d'argent que nous n'aurions jamais pu en rêver, tout ça c'était pour elle avant d'être pour moi.
Mais me revoilà cloué au lit, elle a mon chevet.Un bruit sec à la porte. Je tourne la tête et vois John entrer, toujours impeccable, toujours si droit, comme un homme d'affaires en plein milieu de ses affaires quotidiennes. Rien en lui ne trahit la moindre faiblesse, pas un seul cheveu hors de place, pas une once de fatigue dans ses traits. C'est ce que j'ai toujours admiré chez lui, cette constance, cette force tranquille. Mais aujourd'hui, il y a quelque chose de différent dans son regard, quelque chose qui me met mal à l'aise.
- Salut, coach, je lance en essayant d'adopter un ton léger, même si je ne ressens rien de tel.
Il me rend mon salut, mais son sourire ne monte pas jusqu'à ses yeux. Mina se redresse, lui fait un signe de tête, mais elle reste en retrait, comme si elle pressentait que cette conversation n'était pas pour elle. Il prend place devant le lit, face à moi.
VOUS LISEZ
Black Swann .Taekook. BTS
Hayran Kurgu𓆩J'en ai déjà vu, des visages se décomposer. À l'annonce d'un décès. D'un handicap. D'une complication sévère. Ça fait parti de mon métier. Mais jamais, jamais aussi meurtri. Jamais aussi.... Détruit. Pourtant, je ne venais pas de lui dire qu'i...