𝓨𝓸𝓾'𝓻𝓮 𝓶𝔂 𝓓𝓻𝓾𝓰

19. "Journée de merde"

♫ Stop The World Cause I Wanna Get Off With You - Arctic Monkeys

Aujourd'hui sera une mauvaise journée.

Cette phrase se répète en boucle dans ma tête depuis ce matin, 5h40, quand je me suis réveillée sans raison alors que j'avais enfin réussi à m'endormir tôt sans prendre de somnifères.

J'ouvre brusquement la porte de la salle de bain en allumant la lumière, et la première chose que je vois dans le miroir me donne envie d'arracher toute la peau qui recouvre mon corps.

Mes cheveux sont emmêlés, mes ondulations sont tout sauf définies et mes cernes sont encore plus sombres que mes pensées un soir de Noël. Je m'estime tout de même chanceuse de ne pas porter mes lunettes et d'avoir la vue trop floue pour voir en détail le corps qui me dégoute finalement le plus au monde.

Je claque la porte et m'approche du lavabo sans oser lever les yeux vers la glace, et pause mes vêtements sur le rebord avant de rafraîchir mon visage d'un coup d'eau gelée.

- Aujourd'hui sera une mauvaise journée, dis-je à voix haute en m'assuyant le visage.

J'allume la douche et laisse couler de l'eau froide avant de me glisser sous le jet en retenant mon souffle.

Mauvaise.journée.

Je me savonne rapidement et me rince aussitôt; la froideur de l'eau ruisselant sur ma peau encore meurtries dès 6h30 du matin n'a rien d'agréable. J'éteind l'eau et attrape ma serviette dans laquelle je m'emmitoufle en répétant:

- C'est une mauvaise journée.

Je m'habille et vide le pot de gel sur mes cheveux en espérant qu'ils restent en place toute la journée. Je finis par m'habiller confortablement en optant pour mon énorme jogging et un débardeur que je cache par un sweat qui me tiendrait chaud même sur la banquise.

Je sors de la salle de bain, persuadée que rien ne pourrait être pire que ça ne l'est déjà, mais c'est en sentant mon pieds taper violemment le coin du mur que je me retiens d'hurler. Le rire de Jake retentit dans le salon, je lève les yeux au ciel et prends mon mal en patience pour aller ranger mon pyjama dans la chambre de Jake dans laquelle je dors maintenant toutes les nuits.

J'attrape mon livre sur la table de chevet et pars m'effondrer dans le canapé de Jake pour continuer ma lecture. C'est finalement aux alentours de 7h20 que je me détache de mon livre et que je me décide à aller au lycée.

Je me dirige les bras ballants vers l'entrée et enfile mes chaussures, pas plus motivée que tout à l'heure. Jake me rejoint rapidement et nous descendons dans le silence le plus total jusqu'au parking. À ma grande surprise, une fois sortis de l'ascenseur, nous nous dirigeons à l'opposé de d'habitude jusqu'à arriver devant une voiture que Jake n'a même pas les moyens d'acheter. Pourtant, il la déverrouille et nous montons chacun dedans avant qu'il ne démarre et qu'il se mette à rouler jusqu'au lycée.

Je passe mon trajet à regarder par la fenêtre les gouttes d'eau faire la course sur ma vitre. La musique dans mes oreilles me détend quelque peu, m'aidant à échapper à la réalité ennuyeuse.

Jake s'arrête net après avoir roulé à toute vitesse à travers tout Los Angeles, je lève les yeux en enlevant un écouteur et reconnaît la rue de mon lycée.

- C'est bon, tu peux descendre, me préviens Jake, froid.

J'éteins ma musique et range mon téléphone ainsi que mes écouteurs dans mon sac avant de le prendre et de quitter la voiture. Le claquement de la portière résonne dans la rue, contrastant avec les clapotis incessants de la pluie battante sur la chaussée.