"À tous ceux dont l'enfance a été détruite par les problèmes familiaux;
gardez espoir..."♫ Carmen - Lana Del Rey
HOPE
Je suis partie très tôt de chez moi ce matin. C'est ce que je fais en général quand je ne veux voir personne, et comme je fais des insomnies, je suis, le plus souvent, déjà réveillée quand mon réveil sonne. Je ne mange pas le matin, j'ai pris cette mauvaise habitude quand j'étais encore anorexique.
Hier soir, mon géniteur m'a frappée. Il n'a pas fait les choses à moitié en me balançant à la gueule tout ce qu'il avait sous la main. Il avait bu, ce qui avait accentué son irritation. Il m'a frappé sur les bras, le dos, les jambes, le ventre... Partout sauf le visage. Il a terminé son travail avec la bouteille de vin qu'il avait vidé quelques minutes plus tôt. Elle s'était brisée à mes pieds; j'ai juste eu le temps de me décaler pour ne pas la voir se fracasser sur mes tibias. J'ai ensuite dû ramasser les débris de verre à main nue, elles sont maintenant écorchées.
Normalement, mon frère vient remettre notre paternel à sa place, et évite, au passage, que je finisse à l'hôpital - chose qui est déjà arrivée -, quitte à se prendre quelques coups, lui aussi. À ce moment-là, je cours m'enfermer dans ma chambre, terrifiée par leur violence, et j'écoute mon frère se battre avec l'homme qui nous sert de père, jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement, et d'ivresse.
Mais cette fois, mon frère n'était pas là, et ça faisait 2 jours qu'il était parti, comme ma mère...
Ça commençait à faire un petit moment que mon géniteur ne s'était pas acharné ainsi. J'en avais presque oublié la douleur des ecchymoses qui recouvrent maintenant ma peau. Mais ce qui reste le plus douloureux, c'est que ces bleus sont l'œuvre de l'homme qui m'a mise au monde.
Il pleut, ce matin. Je sors de mon immeuble et vagabonde dans les rues sales et très encombrées de Los Angeles. Je suis trempée de la tête au pieds, mon pantalon habituellement large colle à mes jambes et les gouttes ruissellent sur les verres de mes lunettes, m'empéchant de bien voir. Mon premier réflexe est d'allumer une cigarette, protégeant de ma main frêle le tabac incandescent se consumant au bout de celle-ci.
Je n'habite pas particulièrement loin de mon lycée, mais l'idée de devoir rester toute la journée dans des vêtements trempés est assez désagréable. Je m'arrête donc à l'arrêt de bus le plus proche, attendant tout en terminant ma cigarette. C'est avec regret que je vois les cendres atteindre le filtre, m'indiquant qu'elle est finit.
Dieu seul sait à quel point cette cigarette du matin est importante...
Le bus arrive finalement, je monte dedans et pars m'installer au fond de celui-ci. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et me perd dans mes pensées.
Par la fenêtre, le jour se lève, laissant les rayons du soleil percer les nuages dans une lueure doré - même si, ce matin, le ciel est couvert, on arrive tout de même à apercevoir des tâches colorées entre les nuages.
Le bus scolaire s'arrête finalement devant le lycée. Je descends et entre dans le bâtiment, puis monte jusqu'à ma classe tout en retirant mes écouteurs.
Mes cheveux trempés dégoulinent sur le dos de mon pull laissant apparaître une tâche humide sur celui-ci. Je les attache en une queue de cheval haute afin d'enlever les boucles humides qui me collent à la nuque et j'en profite aussi pour nettoyer mes lunettes trempées.
J'attend patiemment l'arrivée du professeur, assise à ma place au fond de la classe, à côté de mes amis qui rient aux éclats en racontant leur week-end.
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𝓨𝓸𝓾'𝓻𝓮 𝓶𝔂 𝓓𝓻𝓾𝓰
AcakDans l'ombre du silence, Hope vit depuis toute petite entre les éclats de colère de son père et l'absence pesante de sa mère. Mais sa vie bascule le jour où le destin la force à affronter l'impensable, mettant sur son chemin Jake, un homme froid au...