20. Conséquences

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♫ Duvet - Bôa

J'émerge lentement de mon sommeil. J'entends le souffle lourd de Jake à côté de moi, et, peu à peu, son bras enroulé autour de ma taille. Je le dégage doucement, toujours dérangée par l'idée que quelqu'un me touche. Je me redresse doucement et m'étire, assise en tailleur sur le lit, la couette recouvre mes jambes.

Un bref rayon de soleil transperce le volet fermé, apportant un peu de luminosité à cette sombre pièce. Je regarde l'heure sur mon téléphone; 10h44, il n'y a pas cours aujourd'hui à cause des événements d'hier. Je reste assise quelques minutes, incapable de me rendormir mais pas assez motivée pour sortir du lit. Soudain, je sens le poids de Jake se lever du matelas et le regarde s'asseoir doucement au bord du lit, son dos nu tourné vers moi.

Le rayon de soleil lui caresse le haut du bras gauche, laissant apparaître quelques cicatrices blanches recouvertes d'encre bleue. Je déglutis en frottant ma cuisse elle aussi couverte de cicatrices que je sens sous la pulpe de mes doigts.

Je finis par me lever, attirant l'attention de Jake, et pars m'habiller dans la salle de bain. En sortant, je tombe nez à nez avec lui, et il me lance un regard inquiet, prêt à me dire quelque chose, mais il se retient et me laisse retourner dans la chambre.

Je range mon pyjama et ouvre les volets, laissant la lumière envahir la pièce. Je me penche au dessus du vide, l'aire frais de février emplit mes poumons et effleure ma peau avec une douceur glaciale qui finit par me donner la chaire de poule, et je referme la fenêtre avant de me rendre dans la cuisine où je me prépare rapidement deux tartines, histoire de remplir mon ventre qui cri famine.

C'est comme si tout ce qui s'était passé hier n'était rien qu'un mauvais rêve.

Mais la réalité est que mon cœur, déjà lourd de toutes mes mauvaises expériences, est maintenant alourdi par le meurtre de deux hommes.

Et mes actions auront des conséquences.

La sonnerie de mon téléphone me tire de mes pensées, et je pars le chercher sur ma table de chevet, décrochant sans regarder qui m'appelle.

- Coucou ma chérie, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues, prononce ma mère d'une voix douce au bout du fil.

C'est vrai qu'elle me manque, et après tout ce qu'il s'est passé, j'aimerais vraiment la voir.

Mais c'est trop risqué.

- Coucou maman, oui, c'est vrai que tu me manques un peu...

- Pourquoi tu ne reviens pas vivre à la maison ?

Et elle recommence à agir comme si rien ne s'était passé entre nous depuis l'arrestation de Sam. Tout ça me déchire doucement le cœur...

- Maman, je... j'ai encore du mal avec... ce qui s'est passé avec Sam.

Elle souffle, pensant éviter le sujet, mais c'est encore raté.

L'absence de toute affection de la part de mes parents à creusé un vide, au fond de moi, et je ne sais pas comment faire pour le combler, ni même s'il sera un jour comblé. J'ai envie de lui crier qu'elle me manque atrocement et que je rêverais de faire mes valises et de partir à l'autre bout du monde avec elle pour commencer une nouvelle vie, mais j'ai aussi envie de lui faire comprendre que, malgré tous les efforts qu'elle pourra faire, il est bien trop tard pour essayer de reconstruire une quelconque relation mère-fille.

- Je dois y aller, j'ai... des choses à faire, dis-je après un long silence.

- Attends ! me coupe-t-elle. J'ai entendu parler de ce qu'il s'est passé hier au lycée. Tout va bien ?

𝓨𝓸𝓾'𝓻𝓮 𝓶𝔂 𝓓𝓻𝓾𝓰Où les histoires vivent. Découvrez maintenant