Chapitre 3

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« Alex ? Alexandre, il faut que tu manges. »

« Je veux rester avec lui. »

Ces voix résonnaient dans le noir, à la frontière du rêve et de la conscience. C'était la voix de sa mère, puis celle d'Alexandre, mon petit ami. Était-ce un rêve ou un état d'éveil troublé ? Je ne savais pas. Je ne pouvais ni bouger ni ouvrir les yeux. Une peur sourde m'envahissait, le noir m'enveloppait, oppressant.

« Ça fait deux jours que tu ne manges plus, chéri... »

« Lui non plus. »

« Mais lui, il ne peut pas. »

« J'attendrai qu'il mange pour manger. »

J'entendis un soupir résigné de la part de sa mère, puis le bruit de ses pas s'éloigna. Petit à petit, je me sentis sombrer de nouveau, déconnecté de la réalité.

Quand j'ouvris enfin les yeux, je découvris une pièce blanche, différente de celle d'Alexandre. Cela ressemblait plus à une infirmerie qu'à une chambre : les boîtes de médicaments sur les étagères confirmaient mon impression. Ma tête était lourde, chaque battement de mon cœur résonnait comme une douleur sourde. J'essayai de bouger, mais mon corps restait figé, encore trop faible.

C'est alors que je sentis un poids à côté de moi. Je tournai lentement la tête et vis Alexandre, agenouillé près de mon lit, la tête posée sur le matelas. Il dormait paisiblement, ses traits détendus malgré la fatigue apparente. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Même dans cette situation, il était beau, attendrissant.

Je voulais tendre la main pour le toucher, pour le rassurer, mais mes forces me faisaient défaut. Pourtant, rien que le voir là, veillant sur moi, me réchauffait le cœur.

« Oh, tu es réveillé, Mark, c'est ça ? » La voix douce de sa mère me tira de mes pensées.

Elle fit son entrée dans la chambre, portant des bandages et un désinfectant. Prenant un tabouret, elle s'assit à côté de moi, du côté opposé à Alexandre. Avec des gestes délicats, elle commença à retirer les bandages autour de mon bras meurtri par les violences de mon père. Enfin, de mon géniteur.

« Tu es arrivé ici dans un état... Tu avais tellement de blessures et tu t'es évanoui. J'ai paniqué sur le coup, mais je t'ai reconnu. Le soir d'avant que tu viennes, mon fils m'avait parlé de toi, de son petit ami. Il m'a dit tellement de belles choses sur toi ! »

Elle laissa échapper un petit rire, puis pressa doucement le coton imbibé de désinfectant sur mon bras. Je grimaçai immédiatement sous l'effet de la douleur. Mon cœur accéléra le rythme, martelant ma poitrine.

« J'ai voulu appeler les secours, mais Alexandre m'a suppliée de ne pas le faire. Vous avez de la chance que je sois infirmière d'hôpital, » poursuivit-elle avec un sourire rassurant. « J'ai fait appel à un collègue pour m'aider à te soigner ici. »

Je l'écoutais distraitement, mes yeux toujours fixés sur Alexandre, qui continuait de dormir, épuisé. Elle appliqua un nouveau bandage autour de mon bras, serrant soigneusement pour maintenir les pansements en place.

« Cela aurait été mieux de t'emmener à l'hôpital, c'est évident. Mais si mon fils insiste pour que ça reste secret, je devine que ta famille doit être... compliquée. C'est ce qu'il m'a dit. »

Je ne pouvais répondre que d'un faible hochement de tête. Mon corps refusait de produire plus de mouvements. Alexandre bougea légèrement dans son sommeil, et je ne pus m'empêcher de sourire. Sa mère me regarda, amusée.

« Cela fait trois jours qu'il refuse de manger et de dormir correctement. Il reste ici, près de toi, en attendant que tu te réveilles. J'ai réussi à lui faire manger un peu, mais il se sentait coupable de prendre soin de lui pendant que toi tu étais inconscient. Nous t'avons installé une sonde pour te nourrir. C'est probablement ça qui t'a permis de retrouver un peu de force. »

Moi-même [TERMINÉ + EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant