Chapitre 7

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♦ Ce chapitre contient du tabac ♦

Je me tenais toujours sur la terrasse, une cigarette à la main, dissimulée discrètement pour ne pas attirer l'attention de Clément. Le soleil s'était levé depuis peu, baignant la ville dans une lumière douce et dorée. Il devait être neuf ou dix heures du matin, et la fatigue pesait lourd sur mes épaules. Mes larmes de la veille avaient drainé toutes mes forces, ne laissant qu'un vide douloureux. Mon téléphone vibra dans ma poche. Avec un soupir, je l'en sortis et regardai l'écran : un message de Alexandre.

T'es réveillé ?

Je l'ignorai, refermant aussitôt le téléphone. Trop blessé pour lui répondre, je n'avais ni l'envie ni l'énergie de replonger dans ces discussions. Sa faisait plusieurs jours que je pleurais et que j'étais incapable de lui répondre. Prenant une bouffée de ma cigarette, je fixai la fumée s'évaporer dans l'air, comme mes pensées sombres. Je savais que ça me faisait du mal, que chaque bouffée n'était qu'une autre façon de m'intoxiquer, mais je n'arrivais pas à m'en défaire.

« Mark ? »

La voix me fit sursauter. Je soufflai un dernier nuage de fumée, qui s'envola au rythme de mon trouble intérieur. Merde... J'étais vraiment en train de sombrer là-dedans, n'est-ce pas ? Je me détestais un peu plus à chaque instant.

« Ah, t'es là, je te cherchais partout ! »

Je me retournai lentement pour voir Clément debout, accompagné d'une fille que je n'avais encore jamais vue. Elle avait de longs cheveux châtain et portait une robe blanche, légère, avec un serre-tête bleu qui illuminait ses yeux verts éclatants. Son sourire était innocent, presque angélique, et je compris instantanément pourquoi Clément paraissait si hésitant à me la présenter.

« Eh bien Mark, voici Théa, ma petite amie. »

J'eus un instant d'hésitation, la phrase me frappant de plein fouet. Sa petite amie ?

« Ta petite amie ? » répétai-je, presque incrédule.

« Ouais, on est ensemble depuis deux mois. »

Je les regardai tous les deux, debout côte à côte, et repensai à la nuit d'il y a trois jours. La tension, les baisers échangés... on avait failli aller beaucoup plus loin. Il m'avait embrassé contre le frigo hier, avec plein d'amour. Et lui, il avait une petite amie ? Un rire nerveux m'échappa tandis que j'éteignais ma cigarette contre la rambarde.

« T'es vraiment un salaud, Clém. »

« Ta gueule, » répondit-il en riant, mais je savais qu'il prenait la remarque à la légère.

Je tentai de sortir une autre cigarette du paquet, mais Clément réagit rapidement et me l'arracha des mains.

« Non, pas aujourd'hui. »

Je le regardai, suppliant du regard, mais il secoua la tête et rangea le paquet dans la poche de son gilet.

« Assez pour aujourd'hui. »

« Mais c'est le matin ! » protestai-je.

« Et c'est déjà ta troisième de la matinée. Je les compte toujours avant, je te rappelle. »

« Putain, tu fais chier ! » lançai-je en partant, irrité.

« Remercie-moi surtout, » répondit-il calmement.

Je me dirigeai vers le salon, agacé. Au fond, je savais qu'il avait raison, qu'il faisait ça pour mon bien. Mais j'étais trop englué dans mes problèmes pour accepter la vérité. Ces cigarettes étaient devenues mon échappatoire, ma seule manière de relâcher cette pression qui pesait sur moi.

Moi-même [TERMINÉ + EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant