Chapitre 10

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♦Ce chapitre contient du tabac ♦

Trois jours plus tard à peine, c'était la rentrée. L'angoisse me serrait la gorge alors que je me tenais devant le grand portail de mon nouveau lycée. Tout me paraissait immense, étranger, et surtout, terrifiant. Alexandre n'était pas là, il avait intégré un autre établissement, un lycée spécialisé pour le métier qu'il rêvait de faire. Il m'avait demandé plusieurs fois si cela me dérangeait qu'on ne soit pas ensemble. J'avais toujours répondu que ça irait, que je pouvais me débrouiller. Mais maintenant que j'étais là, seul devant cet immense bâtiment, le doute m'envahissait. L'angoisse rampait dans mon ventre, et chaque souvenir douloureux de mes anciens collèges et lycées se ravivait, comme des cicatrices mal refermées.

Je m'éloignai discrètement du flot d'élèves qui se pressaient à l'entrée. Cherchant un peu de solitude, je m'abritai dans un coin à l'abri des regards et allumai une cigarette. La première bouffée de fumée me brûla la gorge, mais une partie de moi se détendit aussitôt. Je pensais m'être débarrassé de cette habitude... Mais non. Je laissai la fumée s'échapper de mes lèvres, en me demandant si échanger ma santé physique contre un peu de paix intérieure en valait vraiment la peine. Peut-être que oui, juste pour aujourd'hui.

Après quelques minutes et une dose bien sentie de nicotine, je me sentis assez calme pour retourner vers le portail. Les portes du lycée étaient ouvertes et les élèves défilaient, montrant leurs badges ou carnets pour entrer. Un problème s'imposa aussitôt : je n'avais ni badge, ni carnet. Évidemment, je suis nouveau, je n'ai encore rien reçu. Le stress monta à nouveau, comme une vague prête à me submerger. Je n'osais pas demander de l'aide, la peur de croiser les regards des autres, de sentir leur jugement, m'empêchait de bouger.

Soudain, une voix douce me sortit de mes pensées.

« Euh, hey. »

Je levai la tête, surpris. Devant moi se tenait un garçon aux cheveux blonds clair bouclés, légèrement plus petit que moi. Ses yeux bleu clair brillaient d'une innocence presque angélique. Il avait l'air tout droit sorti d'un conte, avec ce sourire enfantin et bienveillant. Je regardai autour de moi, cherchant à qui il s'adressait. Il n'y avait personne d'autre.

« Oui, c'est à toi que je parle, » reprit-il avec un sourire en coin.

Ma gorge se serra. Je n'arrivais plus à parler, ma voix semblait s'être évaporée. Je me contentai de pointer un doigt vers moi, comme un idiot.

« Tu as l'air un peu perdu, tu vas bien ? » demanda-t-il, son regard bienveillant ne me quittant pas.

Je me mordis l'intérieur de la joue, hésitant à répondre. Mais face à son sourire sincère, quelque chose en moi se relâcha. Je soupirai, passant ma main dans mes cheveux noirs.

« Ouais... Je suis complètement perdu, » avouai-je enfin. « Je suis nouveau ici. »

« Suis-moi, » dit-il simplement.

Il se mit à marcher, et je le suivis timidement. Comment pouvait-il deviner mon malaise aussi facilement ? Peut-être était-il simplement habitué à repérer les nouveaux venus désemparés. Il parla brièvement au surveillant à l'entrée, tout en me désignant du doigt. J'avais du mal à suivre la conversation, trop occupé à essayer de contenir les souvenirs douloureux qui remontaient sans cesse. Mon cœur battait vite, le souffle court. Ces traumatismes du passé ne voulaient pas me lâcher, accrochés à moi comme des ombres prêtes à resurgir au moindre faux pas.

Le garçon blond me tira doucement par le bras pour m'entraîner à l'intérieur du bâtiment. L'établissement était immense, moderne, bien plus élégant que mon ancien lycée privé. Je restai bouche bée devant les grandes baies vitrées, les murs impeccables, tout semblait brillant, presque irréel.

Moi-même [TERMINÉ + EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant