Chapitre 5

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Ce chapitre contient de l'abus moral

Je me réveillai dans un endroit totalement différent. La pièce était baignée d'une lumière douce, presque réconfortante, avec ses murs peints en deux tons : un bas orange-marron qui s'élevait jusqu'à un blanc immaculé. Une mélodie délicate jouée au violon flottait dans l'air, créant une atmosphère faussement apaisante. Pourtant, chaque fibre de mon corps était tendue. Je tournai lentement la tête, sentant une présence à mes côtés. Ma mère.

« Oh, tu es réveillé ? » dit-elle d'une voix douce, presque maternelle. « Comment tu te sens, mon fils ? »

Je voulus répondre, mais aucun mot ne franchit mes lèvres. Une sensation d'urgence s'empara de moi, je devais sortir d'ici, fuir cette pièce, fuir cette femme. J'essayai de bouger, mais un bruit métallique retentit sous le drap qui me couvrait. Mon regard se baissa et je vis des menottes qui enserraient mes poignets et mes chevilles. L'une de mes chevilles, blessée, était immobilisée par une attelle.

« Ne te précipite pas, tout va bien », continua-t-elle, son ton toujours aussi doux, presque chantant. « Tu veux aller quelque part ? »

Son sourire était tout ce qu'il y avait de plus innocent, mais c'était précisément ce qui me terrifiait le plus. Je savais qu'elle jouait un rôle dans tout ça. Ce sourire n'était qu'un masque, une façade pour cacher la monstruosité derrière. Puis, la réalité me frappa de plein fouet, brutale et inévitable : Suzie. Ma sœur. Morte. Les larmes montèrent sans que je puisse les contenir, roulant lentement sur mes joues.

« Oh, mon pauvre chou... ne pleure pas », murmura-t-elle en s'approchant pour me prendre dans ses bras. 

Je me débattais, voulant hurler, la repousser, mais ma voix restait désespérément absente. Aucun son ne sortait. Mon corps, affaibli et enchaîné, ne me répondait plus. J'étais piégé.

Finalement, je cessai de me débattre, incapable de lutter contre cette étreinte froide et artificielle. Ce faux amour maternel me dégoutait, mais je n'avais pas la force de le rejeter. Je fermai les yeux, m'abandonnant à ce simulacre de réconfort. Mon esprit, brisé, ne trouvait de répit que dans le souvenir de ceux qui m'avaient réellement aimé : Alexandre... et sa mère, des personnes qui avaient été mes seuls refuges. Mais même eux semblaient si loin maintenant, hors d'atteinte.

Suzie, elle, n'était plus là.

Et moi, j'étais encore plus seul que jamais.

Quelques minutes s'écoulèrent, mais le vide en moi restait le même, profond et impénétrable. Des fragments de souvenirs de cette nuit revenaient par vagues, des images floues et douloureuses. Tout ce que je savais avec certitude, c'est que ma sœur avait été assassinée. Mon propre frère, Léon, n'avait rien fait pour la sauver. Non, pire encore : il les avait aidés. Ce goût amer d'injustice et de trahison me dévorait de l'intérieur. C'était une douleur qui ne partirait jamais.

Ma mère – non, ma génitrice – s'approcha et détacha les menottes qui me retenaient au lit. Pendant un instant, je faillis lui demander de l'aide pour me lever, mais avant que je ne puisse prononcer un mot, elle s'éloigna sans un regard.

« Qu'est-ce que tu fais ? Tu peux te débrouiller seul, tu es un grand garçon maintenant », lança-t-elle d'un ton faussement aimable, son sourire aussi vide que mes émotions.

Son expression, aussi charmante qu'elle voulait paraître, me fit comprendre que je n'obtiendrais rien d'elle. L'aide, l'amour ou même la moindre trace de sollicitude n'existaient pas dans son monde. Chez Alexandre, tout était différent. Là-bas, même la plus petite attention comptait. Là-bas, je n'étais pas seul.

Moi-même [TERMINÉ + EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant