Fantasy Tery

Chapitre 3.2 : Bonnes et mauvaises intentions

— Hein ? Mais non, tu n'es pas un fardeau, loin de là ! Simplement, comme c'est le premier jour que nous sommes ici, c'est normal de se reposer. Je suis sûr que tu aurais du mal à marcher en continu si nous quittons la ville à nouveau. Ton corps a besoin de souffler.

— Et pourquoi est-ce que tu fais ça pour moi ?

— Car tu es la première personne que j'ai rencontrée pour cette mission.

— Moi ou une autre, ça n'aurait rien changé donc, c'est bien ça que tu veux me dire ?

— C'est exact et... Hey ! Non ! Tu me fais passer pour une mauvaise personne ! J'ai juste envie que tu t'en sortes, c'est tout. Et puis, ce que j'ai décidé, c'est un peu personnel.

— Un peu personnel mais ça me concerne aussi. Tu n'abuserais pas un peu par hasard ? Et puis, comment est-ce que je vais payer ma dette ? Je refuse de rester là sans rien faire !

— Cela peut attendre demain, tu ne crois pas ? Nous avons marché pendant des heures et des heures. Nous ne sommes qu'au milieu de l'après-midi. Soufflons un peu, reposons-nous et ensuite nous verrons quoi faire, d'accord ?

Elle s'adresse à moi comme à un enfant. Je ne sais pas son âge mais clairement, l'Ombre ne doit pas être beaucoup plus vieille que moi. Pour qui est-ce qu'elle se prend ? Mais mon ventre se met à grogner et me stoppe avant même que je ne lui dise le fond de mes pensées.

— Ooooh, tu vois ! Je savais que tu allais avoir faim ! Tu n'as pas vraiment le physique de quelqu'un qui fait beaucoup de sport. Cette marche t'a fait user toutes tes réserves.

L'être masqué se moque vraiment de moi ! Je grogne de mécontentement mais je sens mes joues qui chauffent par la gêne. Si je ne veux pas être pris comme un gamin pouilleux qui vient de la cambrousse, je ferais mieux de me taire. Se remettant en marche, l'Ombre me guide à travers les rues comme si de rien n'était.

Sur notre chemin, mes yeux sont posés sur les étals des divers marchands. Il y en a sûrement plus en matinée mais ce n'est qu'une supposition de ma part. Pour autant, la personne encapuchonnée devant moi ne s'arrête à aucun d'eux avant de finir par m'emmener jusqu'à une auberge.

Je n'ai pas le temps de m'attarder sur l'extérieur du bâtiment qu'elle me demande de la suivre pour que l'on puisse prendre du repos et des chambres. Très vite, contrairement au vent frais qui balaie les ruelles, ici, je ressens aussitôt une chaleur m'envahir. Est-ce à cause des plats servis sur les tables qui me mettent l'eau à la bouche ? Mon ventre recommence la même symphonie qu'auparavant.

— D'abord la chambre, ensuite les consommations !

M'installant à une table, je cherche à éviter les regards des autres. Pas besoin d'avoir une grande expérience de la vie pour comprendre que garder les yeux posés sur les autres personnes est une mauvaise idée, surtout quand ces dernières ont déjà consommé de l'alcool en bonne quantité.

Je profite d'être seul pour plonger dans mes pensées. Le village de Leskar, ma mère, mes amis et... Non. Qu'est-ce que je pense comme idiotie exactement ? Des amis, je n'en ai jamais eu car je n'en ai jamais cherché. Peut-être quand j'étais enfant mais ça remonte à bien longtemps et avant cet incident.

Je devrais plus me concentrer sur ce que je vais dire à ma mère. Dire ou écrire ? Car dire reviendrait à revenir au village. Si encore j'ai la possibilité de me faire pardonner mais là, si je me présente à elle, la bouche en cœur, je vais me prendre une de ces baffes que je suis sûr que je garderais la marque pendant des années.

Si je dois retourner au village, je dois accomplir quelque chose pour ça. D'une manière ou d'une autre. Je ne sais pas comment, je ne sais pas quand, mais je dois y arriver. Peut-être en obtenant de l'argent ? Pour ça, il me faudrait un petit travail, même si ce n'est que temporaire.