Chapitre 21.1 : Entre les deux

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Chapitre 21 : Entre les deux

— Tu tiens bien la cadence, dis donc ! On ne croirait pas en te voyant taillé comme une allumette ! Tant mieux, si tu arrives à nous suivre !

Ce n'est pas la première fois de la journée que l'on me fait la remarque et je ne fais qu'un petit sourire. Ce n'est pas vraiment moqueur, ni dans l'intention de me rabaisser, je n'ai donc aucune raison de m'énerver. Alors que nous continuons de courir sans cesse en faisant plusieurs fois le tour du terrain, certains ont vraiment du mal à nous suivre. Mais de mon côté ? Je ne suis pas spécialement essoufflé. Pourtant, je ne suis pas un grand sportif.

— Mais je note que tu sais garder ton souffle si tu ne cherches pas à me répondre.

— Héhéhé, on m'a souvent fait la remarque que parler pendant une course, c'est le meilleur moyen pour se faire un point de côté !

— Tu as eu plutôt un bon professeur, hahaha ! Mais tu n'écoutes pas vraiment ses conseils alors si j'ai bien compris ! Il doit être bien triste !

Je ne peux m'empêcher de rire moi aussi. Cela me fait du bien, beaucoup de bien. Surtout que j'ai l'impression de bien m'acclimater rapidement à leur façon d'agir et autres. Ils sont moins guindés et à partir de là, il est plus aisé de communiquer avec eux.

Après avoir terminé la course, on a le droit de souffler pour quelques minutes. D'autres exercices physiques nous attendent mais surtout, interdiction d'utiliser la magie, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les types comme moi. Alors que je suis assis à côté des autres soldats, voilà que l'un d'entre eux m'interroge :

— C'est vrai ce qui est raconté ?

— De quoi ? Si je ne sais pas de quoi vous parlez, je ne vais pas pouvoir vraiment répondre hein ? Alors, par rapport à quoi ?

— Tu dis un peu à tous et à toutes que c'est la maréchale qui t'a emmené ici, en personne.

— Oui et ... ? Je ne sais pas si c'est une bonne chose. Je ne me suis pas vraiment inscrit au bon endroit, il semblerait. J'étais entouré de fils et filles de noble qui me regardaient comme si j'étais un moins-que-rien parce que je viens d'un village perdu au milieu des bois et montagnes. Tsss.

— Ah oui ? Tu n'as même pas une petite ascendance noble ou autre contrairement à nous ?

Contrairement à eux ? Comment ça ? Ce sont aussi des nobles ? Clignant des yeux, je les observe avec étonnement. Non, sincèrement, ils n'en donnent pas l'impression. Ma surprise doit être vraiment grande puisque je reçois une petite tape dans le dos d'une femme qui doit avoir mon âge et qui s'exclame :

— Ne tire donc pas cette tronche ! On a de noblesse que le titre ! On a peut-être eu une meilleure éducation que la moyenne des shunteriens mais ça ne change en rien la situation, loin de là, hahaha !

— On est trop bien pour les paysans, pas assez pour les nobles. On a le cul entre deux chaises donc en réalité, c'est difficile de se trouver une place !

— C'est plutôt moi qui ne suis pas à ma place donc, non ? Je veux dire, je n'ai vraiment pas un trait de lignée noble. Je suis le fils d'une paysanne du village de Leskar.

— Ben pourtant, tu sais quoi ? Tu en donnes pas l'impression. Ta mère t'a sûrement bien éduqué. T'es un brave petit fils à sa maman.

Là, rien qu'à l'écoute des éclats de rire qui m'entourent, je sais qu'ils se moquent me taquinent mais oui, ils marquent un point. Ma mère m'a élevé comme aucune autre femme n'aurait pu le faire. Je ne l'ai remarqué que trop tard mais pendant plus dix ans, elle était seule. Elle n'a jamais cherché à se remarier et je n'ai jamais manqué de rien.

Fantasy TeryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant