Chapitre 20 : Sursis
—Maréchale, je n'ai aucune chance contre vous.
—Cela ne fait aucun doute si tu pars sur cette mentalité. Néanmoins, ce n'est pas pour te laisser obtenir une défaite ou la victoire que tu es placé devant moi, tu le sais aussi bien que moi, n'est-ce pas ?
—Ma magie est la raison pour laquelle je suis ici et en même temps... je ...
Je dois dire quoi exactement ? Qu'est-ce que je peux réellement prononcer ? Que je ne peux pas la montrer ? Alors que j'ai rejoint Midès et son armée uniquement à cause de ça ? C'est vraiment ridicule et je suis en train de ...
—Il vaut mieux pour toi que tu arrêtes d'être déconcentré, Tery Vanian.
Elle est à ma hauteur. Elle est encore plus vive et rapide que mon adversaire d'entraînement. C'est ça la différence. La différence entre elle et moi. Il y a tout un monde et je ne peux pas vraiment lutter à armes égales avec elle.
—Pourquoi est-ce que tu as rejoint l'armée ? Surtout celle de Midès ? Tu n'es clairement pas à la recherche de la notoriété. Tu n'as en réalité aucune idée de ce qu'est une armée, n'est-ce pas ? Autre sa description sommaire lue dans un livre.
—Je l'ai rejointe ... Je l'ai rejointe...
Par dépit ? Pour me protéger ? Me mettre à l'abri ? Il y aurait tellement de raisons mais laquelle est la bonne ? Les yeux baissés, je me fais sermonner par la maréchale, non ? Pourquoi est-ce qu'elle perd son temps avec moi ?
—Tu ne peux guère me donner de réponse car tu en as aucune idée. Je vais te laisser une seule minute pour me montrer ta magie. Si tu ne le fais pas, tu finiras au cachot pour quelques jours. Cela sera un excellent début pour ton arrivée dans notre armée.
—Maréchale, est-ce que vous regrettez parfois de pouvoir faire de la magie ?
—Il y a des moments où cela peut m'arriver mais il te reste maintenant une quarantaine de secondes pour me montrer ta magie.
—Est-ce que vous attenterez à ma vie ? Je ne veux pas partir sans avoir au moins écrit une fois à ma mère depuis que je me suis enfui.
—Vingt secondes, Tery Vanian. Tu joues avec le feu.
—Vous êtes la maréchale. Je vais me dire que vous êtes sûrement au courant de beaucoup de choses et donc que vous devez savoir que ça existe. Je vais miser sur ça.
—Dix secondes. J'imagine que j'en demande trop. C'est dommage.
—Je vais forcer ma magie complètement comme si je devais me battre pour ma vie.
Et si je dois ensuite fuir alors, je le ferais. Qu'importe ce qui m'attendra en retour. Pfiou. Je ne me sens mal rien qu'en y pensant mais ... c'est mieux de m'y lancer dès maintenant. Mes mains laissent paraître mes lignes noires, ces lignes effroyables. Mes yeux ne sont pas posés sur mes griffes qui se recouvrent d'une particule de pierre, les rendant aussi solides que la roche. Non, ils fixent intensément la maréchale.
Et ensuite ? Qu'est-ce que je peux faire ? J'ai fait mes griffes de pierre et machinalement, voilà que je frappe dans le vide avec elles, une aisance certaine dans le maniement de ces armes si particulières malgré le poids bien plus important sur mes poings. Mais ce n'est pas ça, la maréchale ne bouge pas de sa position, les bras toujours croisés.
—Et donc ? Est-ce pour cela que tu ne voulais pas combattre avec ces griffes de pierre, Tery Vanian ? Est-ce pour cela que tu t'es ridiculisé de la sorte ?
—Non ! Vous savez très bien pourquoi je... Non. Désolé. Je ne voulais pas crier.
Je me rétracte aussitôt dans mes paroles, comme pris en faute. Ce n'est pas le bon moment. Je ne peux pas lui tenir tête, je suis bien responsable de toutes mes erreurs mais se pourrait-il que la maréchale ne soit pas au courant de ces lignes noires néfastes ?

VOUS LISEZ
Fantasy Tery
FantasíaTery Vanian est un jeune homme qui n'aspire à rien dans la vie. Vivant chez sa mère dans le petit village de Leskar, il décide de fuguer de ce dernier le jour de son anniversaire pour éviter d'avoir à participer au tournoi annuel du village qui perm...