𝐈𝐕 - 𝐂𝐨𝐦𝐛𝐢𝐞𝐧, 𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 ?

516 34 9
                                    

🎶I Can't Handle Change - Roar🎶

" - SI je vous dis de penser à un nombre ou un chiffre, lequel vous apparaît en premier ?

- Heu... Je ne sais pas trop... Six, je crois.

- Si vous deviez donner une note à votre vie au sein de votre foyer ?

- Peut-être six aussi.

- Et dans votre travail ?

- Trois.

- Et comment noteriez-vous votre vie de manière globale ?

- Vous voulez dire, incluant ce qu'il se passe dans ma tête ?

- Si vous estimez que cela a un impact sur la qualité de votre vie de tous les jours, alors oui.

- Pas plus de deux. Attendez, on note bien sur vingt depuis tout à l'heure ?

- Je pensais plutôt à dix.

- Alors plus Un sur dix dans ce cas.

Elle tapa lentement sur le clavier à touches en reliefs de son ordinateur, puis elle fit défiler via la roulette de sa souris ma fiche médicale dématérialisée.

- Vous ne m'avez pas dit beaucoup de choses sur votre passé depuis qu'on à commencé à se voir.

- Je ne pensais pas cela essentiel. Vous ne m'avez pas posé beaucoup de questions sur le sujet, et je pensais que, comme c'est ma psychologue qui m'envoie, vous auriez pris une partie des informations qu'elle a récolté sur moi en plus de six mois.

- Les psychologues ne font pas parti de l'Ordre des médecins mais ils sont tout de même tenus au secret médical. Même entres confrères et consœurs, on ne se confie pas tout. Votre vie privée reste votre privée, je ne vais pas aller fouiner des informations que vous ne semblez, visiblement, pas prêt à me donner.

- Je n'ai pas la sensation de ne pas être prêt, pourtant.

- Alors pourquoi ne m'en avez-vous pas encore parlé ?

Je resta silencieux.

Sa phrase avait jeté un silence dans la pièce, comme un coup de vent glacial qui se serait répandu dans chaque recoins.

- Vous savez, en psychiatrie, on nous apprends beaucoup à donner des médicaments ou traiter des pathologies claires et définies.

J'acquiesça.

- Sur le papier, ma collègue, votre psychologue, est là pour vous aider et dialoguer avec vous, et moi je suis là pour vous refiler des cachetons.

Je me sentais légèrement coupable de hocher la tête, alors je ne fis rien.

- Le problème, c'est que je n'aime pas vraiment cette vision négative de mon métier. Donc moi, mon objectif, ce n'est pas de confirmer que vous êtes bien en Burn-Out pour avoir le plaisir d'avoir mis le Premier ministre sous antidépresseurs.

Je grinça des dents face à cette appellation.
Je n'aimais pas être référé sous le titre de Premier ministre, et encore moins quand j'étais hors du cadre du travail.

- Mon but, à moi, c'est de comprendre ce qui ne va pas. Pas ce qui ne va pas chez vous, mais ce qui ne va pas autour de vous. En tant que psychiatre, on peut souvent être amenés à penser que je reçois des fous, des personnes dérangées. Aucun de mes patients n'a jamais été fous. Moi, je suis là pour vous montrer que le problème ne viens pas de vous. Votre cerveau n'est pas monté à l'envers. Vous êtes juste au mauvais endroit, je suis là pour vous remettre au bon endroit, Gabriel.

- Me remettre au bon endroit ?

- Lorsque j'ai un patient qui souffre de quelconques troubles ou affections, je remarque que, dans la plupart des cas, ce n'est pas la personne le problème, c'est ce qui gravite autour d'elle. Son environnement, son travail, son entourage, ses traumatismes... Nombreux sont les facteurs, mais je n'ai encore jamais eu de cas assez désespérés pour abandonner et les regarder pourrir à l'hôpital sans rien faire.

- En d'autres termes...

- En d'autres termes, je ne vous laisserai pas tomber, quand bien même vous restez presque muet pendant nos séances. Je trouverais un moyen de vous faire parler et de découvrir ce qu'il se cache derrière votre façade.

Une fois de plus, elle me plongea dans le mutisme.

Sa méthode commence à être plus efficace pour me faire taire que me faire parler.

- J'ai cru déceler que vous aimez qu'on vous parle franchement, sans langue de bois. Alors c'est ce que je compte faire. J'ai aussi cru comprendre que vous étiez très scolaire et étiez plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'apprendre que d'enseigner. En gros, vous serez plus à l'aise si je vous demandais d'apprendre votre propre vie que de me l'enseigner.

J'écoutais la médecin, toujours profondément interloqué par ses techniques qui n'avaient, semblait-il, rien de conventionnel.
Je n'étais pas un habitué des cabinets de psychiatres, mais j'aurais mis ma main à couper que le quart d'entres eux ne se seraient jamais exprimés de cette façon.

- Pour une raison que j'ignore, j'ai gardé certains cours qui proviennent du temps où j'étais étudiante. Sûrement une intuition, je suppose.

Elle tourna l'écran de son ordinateur fixe vers moi, pour me monter ce qu'il s'y affichait.

- Ceci, sont des fichiers PDF qui proviennent de ma spécialité psychiatrie. Et celui-là, Elle pointa une feuille en particulier avec le curseur de la souris, c'est un cours qui porte sur les systèmes de défenses du cerveau humains face aux chocs, aux traumatismes et à toutes formes d'expériences douloureuses psychologiques intenses.

Mes yeux se mirent à se balader sur les premières lignes, lisant instinctivement ce qui étais posé sous mes yeux.

- Moi, je vais vous envoyer cette feuille par e-mail. Vous, vous allez devoir la lire, l'apprendre et la comprendre. Et à la prochaine séance, je vous demanderai de me dire ce que vous en avez retenu.

- C'est donc une sorte de devoir, comme à l'école ?

- Ce n'est pas "une sorte de", c'est un devoir que je vous donne.

- En clair, je n'ai pas le choix ?

- Non, pas du tout. Mais ne vous en faites pas, la page que je vais vous donner est loin d'être des plus difficiles. Vous êtes intelligent, vous comprendrez vite.

- Bien. J'ai acquiescé.

- Je pense que nous en avons fini pour cette séance, j'imagine que cela ne sert à rien que je vous demande ce que vous en avez pensé, puisque de toute manière, vous allez me répondre que vous ne savez pas d'un air désinvolte, pas vrai ?

Je pouffa de rire à sa remarque.

- Vous pouvez régler.

Je procédais au paiement, récupéra le ticket de carte bancaire et me dirigea vers une porte annexe qui n'était pas celle de la sortie commune.

- Faites attention à ne pas vous faire remarquer en sortant. Elle dit avec un sourire compatissant.

- Il vaudrait mieux éviter, oui. Dis-je en replaçant ma casquette sur ma tête de façon à ce qu'elle couvre la majeure partie de mon visage. Au revoir et à bientôt.

Je lui tendis la main.

- Saluez votre psychologue de ma part, et à bientôt, monsieur Attal."

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant