🎶Child Psychology - Black Box Recorder🎶
" LE brouillard se mêle à mes songes, épaississant la couche brumeuse qui rend le décor flou, quand elle me prend par les épaules.
Je sens ses mains s'agripper fermement à moi, comme si elle cherchait à m'implanter dans le sol et que j'y reste.
Je voyais son ombre s'abaisser, son visage à quelques centimètre du miens."Arrête de t'excuser."
"Arrête de chercher tes mots."
"Arrête de bégayer."
"Arrête de jouer les faibles."Sa voix atteignait mes oreilles avec une clarté sans pareille et d'une puissance qui en faisait bourdonner mes tympans.
Puis je me réveillais.
Un souvenir du passé venant me hanter.
Étonnement, je savais la raison de son apparition dans mes cauchemars.Les élections européennes approchent, et demain aura lieu une réunion avec les hauts membres du Rassemblement National pour établir la stratégie de campagne à adopter.
Et il semblerait que les années d'expériences ne fassent pas toujours le ménage du stress et de l'anxiété.
Les vielles angoisses revenaient toujours. Des discours sans fin qui galopaient dans ma tête sans rarement me laisser du répit, alimentant une colère et une tristesse presque incomparables. Presque.
Quand je me suis levé de mon canapé sur lequel je m'étais assoupi, une douleur me lança dans le dos, une sorte de décharge électrique qui venait allumer ma colonne vertébrale dans son entièreté, causant également un torticolis.
Je jetais un coup d'œil à mon appartement dont les clairs de lunes venaient illuminer les abords de nuances de bleus.
Je pouvais distinguer les vestiges de mon "repas" étendus sur la table basse - et sur le sol -.
Des emballages de chips, de biscuits sucrés, des canettes de boissons énergisantes et des cadavres de bières.Je sentais, malgré les quantités que j'avais englouties, la faim s'insuffler dans mon estomac. Je regardais alors l'heure sur mon téléphone qui siégeait au milieu des déchets.
Il était presque cinq heure du matin.
L'heure de travailler était lointaine et proche à la fois, me faisant hésiter dans cet éternel dilemme d'aller se recoucher ou de commencer à se préparer.
Et, comme souvent, ce genre de questions restent sans réponses, puisqu'on finit par procrastiner de ces deux actions et traîner sur notre téléphone. Ce soir ne dérogeait pas a la règle.
Je me saisis alors d'un paquet de bonbons encore intact que j'avais sûrement planifié de manger plus tôt dans la soirée, et le grignota, affalé sur mon canapé.
Les premières bouchées des Haribo me firent regretter ces mélanges de nourritures grasses, sucrées et d'alcool, me donnant la nausée.
Mais, en un sens soulagé de la petite affection, je me sentais suffisamment bien pour terminer le paquet et espérer une intoxication alimentaire pour échapper à la réunion d'aujourd'hui.Pathétique stratagème il est vrai.
Et ce n'était honnêtement pas dans mes habitudes, mais les derniers mois n'étaient, en réalité, aucunement représentants de ce que j'étais avant.
Avant cela.
Naturellement, les scrolls sur l'écran tactile m'amenèrent à un seul et même compte, une seule et même personne, c'était toujours lui.
C'était Gabriel. Gabriel Attal.
Son compte publique, tout ce que j'avais de lui, que je pouvais me donner le loisir d'explorer et d'actualiser à l'infini.
Mais rien, ou presque rien.Une activité irrégulière, des posts de temps à autre, et c'est tout ce à quoi j'avais le droit.
Le regarder vivre de loin.Je cherchais à comprendre comment, en l'espace de quelques minutes, j'avais pu me retrouver de la personne qui le voyait de plus près, à la personne qui le voyait de plus loin.
Pas un seul contact, pas un seul regard, pas un seul message.
Seul le vide alimentait désormais ce que nous avions construits par le passé.
Un vide que son absence dans ma vie avait laissé.Aujourd'hui, nous sommes deux étrangers marqués au fer rouge par les vestiges d'une relation morte prématurée, étouffée à la naissance, noyé dans le liquide amniotique.
Je souffrais de l'absence de ces moments où, quand je me sentais seul, qu'importe l'heure, je pouvais lui envoyer un message dans le seul et unique but de parler.
Parfois, nous n'avions rien à dire, mais échanger suffisait à me redonner le sourire.
Maintenant, c'est vide. Tout est vide.
L'hygiène de vie que je réussissais à maintenir malgré la pression et les responsabilités n'est plus d'actualité, et les élections européennes m'effraient.
Je pense à l'avenir, au temps qui m'est compté avant que le volcan en moi n'entre à nouveau en éruption, et ravage tout sur son passage, entraînant avec lui les constructions d'une existence entière.Aujourd'hui encore, on allait titiller le cratère jusqu'à en pousser le magma à la porte, prêt à sortir et exploser.
Mais je le retenais à chaque fois.
Je rationalisais. Je me rappelais que, tout ce que j'avais bâti était le fruit d'un long travail et que mes états d'âmes ne devaient en rien l'influencer.
D'ailleurs, c'est ce que l'on m'avait toujours enseigné.
Quand j'étais à l'école primaire, et que je refusais de m'y rendre le matin, jusqu'à m'enfermer en pleure dans la salle de bain, ma mère me disait a travers la porte :
" Jordan, tu veux bien arrêter les caprices ? L'école est faite pour travailler et avoir un avenir."
Quand je suis entré au lycée et que j'arrêtais de prêter attention aux cours pour m'adonner aux loisirs, les professeurs me disaient :
" Jordan, ce n'est pas rire devant ta console qui te fera avoir ton bac et une bonne université. C'est ton avenir que tu joues."
Quand je me suis lancé en politique, les plus âgés me disaient :
" Jordan, si tu veux un avenir dans ce milieu, il va falloir mettre de côté ta fierté et savoir te contrôler, même si on te manque de respect. "
Et l'avenir c'était aujourd'hui.
Chaque lendemain est une perspective d'avenir incertain, dans lequel je pense à la vitesse à laquelle tout pourrait s'arrêter si je laissais sortir le torrent d'émotions en moi.
Mais à quoi bon penser encore à l'avenir ?
Le futur me paraît être une obscurité sans fin dans lequel je suis contraint à me restreindre à cette vie qui ne me satisfait pas.
Une vie vide, emplie de solitude, d'anxiété, de fantômes qui prennent plaisir à me hanter.
Il y a ces moments où je désire quelque chose - quelqu'un - que je ne peux pas atteindre.
Je souffre.
Il y a ces moments où je ne désire, ne ressens rien, rien qu'un tout, vide.
Je m'ennuie.
Ma vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennuie."
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Au delà du réel -2- [BARDATTAL]
FanficAu delà du réel, on trouve le virtuel... Entre les élections européennes qui approchent et l'absence de Gabriel dans sa vie, Jordan est plongé dans un tourbillon d'émotion négatives. Un jour, cherchant du réconfort, il va jeter un coup d'œil au comp...