𝐗 - 𝐂𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞𝐦𝐚𝐫

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🎶Mama's boy - Dominic Fike🎶

" LES pas lourds résonnent entre les murs, je suis prisonnier de ma propre cage.
Elle tambourine la porte de ses coups puissants et violents.

Je me couvre les oreilles, essayant de faire taire les basses rythmées par les secousses qui assourdissent la pièce. Sa voix me hurle des mots auxquels je tente d'échapper.
J'essaye de fuir la réalité de ma situation, d'imaginer un autre monde, de me plonger dans des rêveries.

On affronte mieux le réel armé de ses rêves.

Mais mon si petit corps, totalement impuissant, incapable de faire quoi que ce soit pour se défendre. Dont la seule possibilité est de laisser des larmes couler comme une sorte d'appel à l'aide silencieux. Chaque pleurs trahissant d'une incapacité à me sortir de cette situation. Bloqué dans ce très vieil appartement sans aucuns échappatoires.

- Ouvre la porte, Jordan !

Ce cri dénote de ses précédents, me faisant sursauter de surprise ou bien encore de panique.
L'épaisseur de mes frêles mains n'est pas assez importante pour recouvrir tous les sons autours, incluants ses hurlements à mon égard.

- Je ne veux pas...

Ma voix se brise sous les sanglots, elle est faible, infantile, elle n'atteint peut-être même pas ses oreilles. Et je crois que, même si c'était le cas, son état ne lui permettrait pas de comprendre ce que je dis, simplement de l'entendre.

La fragilité de mon corps se retranscrit, jusque ancrée dans ma peau, dont les bras sont recouverts de blessures, d'ecchymoses en tous genres. Une illustration visuelle et matérielle de la souffrance, des douleurs, et, encore et toujours, de mon impuissance.

- Jordan, sors d'ici !

Mes membres sont paralysés, ils me clouent au sol de la salle de bain et m'empêchent d'en bouger. De toute manière, je ne voulais pas en bouger

- Tu sais ce qu'il va se passer si tu ne sors pas ?

Sa menace était aussi inutile qu'efficace. Les conséquences à ce phénomène qu'elle nomme de "caprice", je les connais. Je les connais parfaitement. J'en suis même terrifié.
Mais le courage me manque pour déverrouiller le loquet de la salle de bain. Il me manque pour décider de l'affronter, elle.
D'affronter son regard, son visage déformé par un mélange de colère, de honte et de déception.
De tels sentiments qu'elle ne savait même plus le cacher de son expression facile, et c'est qu'on les ressent encore plus, quand on a que huit ans, qu'on est qu'un enfant.

Et puis ouvrir la porte, c'était aussi signifier y aller, devoir subir à nouveau. Subir les railleries, les attaques mais d'être toujours trop faible pour répliquer.

Alors je ne pouvais pas, je ne peux pas.
Je suis figé. Figé sur le sol, pris entre les larmes, le stress, ma respiration qui se bloque.

- Je compte jusqu'à trois, Jordan. 1...

La peur m'envahit, le début du compte à rebours.

- 2...

La menace pèse au dessus de ma tête comme l'épée de Damoclès.

- 3 ! Sa voix transperce mes tympans.

Je me réveille en sursaut.
Mon lit trempé de sueur froide, la peau qui colle aux draps.

- Un cauchemar... Je chuchotais à moi-même.

Je me suis frotté les yeux pour y voir un peu plus clair dans la pénombre de ma chambre.
J'entendais le son de la pluie qui se déversait sur Paris. Ce début d'année n'avait pas été une réussite météo. Une réussite tout court.

Je pris quelques temps pour émerger de ce sommeil, pour le moins bousculant.
Lorsque je pris mon téléphone pour regarder l'heure, la lumière - Trop forte pour mes yeux sensibles - m'éblouissait brusquement.

J'en profitais pour faire le tour de mes applications, mes réseaux sociaux, vérifiant les potentielles notifications qui auraient pu apparaître durant la nuit, et que j'aurais loupé.

Et puis je les vit.

Des tas, et des tas, et des tas d'appels manqués, probablement tous associés à un - ou plusieurs - messages vocals chacun.

Je frissonnais en regardant le nom du contact.
Un frisson de gêne, de malaise qui s'immisçait au plus profond de moi. Ma bouche devant pâteuse.

C'était désagréable.

"13 appels manqués de Maman"

Je voulais me pincer pour vérifier que j'étais bel et bien encore dans mon cauchemar, que tout ça n'était que factice.
Malheureusement, ça ne l'était pas.
Tout autour de moi était réel, y compris ce qui s'affichait sur l'écran de mon cellulaire.

En regardant l'heure du dernier appel passé, je vis qu'il datait d'à peine dix minutes.

Je savais. Je savais que n'importe quelle fils, n'importe quelle personne, se serait précipiter de rappeler sa mère, pour s'assurer que tout allait bien.

Mais ce n'était pas mon cas.

Il est tard, bien trop tard pour se donner autant de peine.

Je me promis que j'allais, au moins, écouter ses messages vocaux tout à l'heure, même si je devinais dès à présent leurs contenus.

Mais là tout de suite, j'avais la tête toujours embuée de mauvais rêves trop réalistes et tourmenté par mon passé.
Je préférais rapidement à effacer toutes ses notifications, mettre mon téléphone sur vibreur et l'éteindre tout en reposant ma tête sur l'oreiller.

Un maigre espoir de me rendormir paisiblement semblait encore persister.
Mais il s'éteint vite quand la seule sensation de l'humidité des draps contre ma peau suffisait à m'empêcher de trouver le sommeil.
Résolu, je me suis levé, sachant que le jour n'était qu'à quelques pas de refaire surface, et j'ai décidé de prendre une douche.

De quoi réveiller mon corps et mon esprit, sentir l'eau froide se déverser sur moi. Faire redescendre ma température corporelle.

C'est d'ailleurs sous l'eau que je me rappelais que nous étions Dimanche.
Un dimanche où je n'avais, d'après mon agenda, rien de prévu.
Pas d'interviews, pas de débats, pas de sorties ni même de séances de tractage à faire, et encore moins de réunions.
C'était donc, véritablement, un Dimanche tranquille.

J'avais la journée libre. Libre de m'adonner à mes activités, mes loisirs. 

Mais je dois avouer que, à l'instant T, rien ne me venait en tête.
Je n'étais pas un habitué des journées Off, et, à part traîner sur mon téléphone, mon ordinateur - enfin bref, tout ce qui contenait un écran - je ne faisais jamais grand chose.

Et je n'étais pas certain que le temps pluvieux me laisse l'occasion de me balader sur les avenues parisiennes ni même de faire quelconques activités en plein air.

Mais, peut-être, finirais-je par trouver de quoi m'occuper ? "

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant