𝐈𝐈𝐈 - 𝐆𝐫𝐢𝐬𝐞́

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🎶My strange addiction - Billie Eilish🎶

" ÉVOLUER dans ce milieu était quelque chose de difficile.

Je le savais, j'avais commencé la politique très tôt et n'avais pas lâché depuis, ce qui fait que, malgré mon jeune âge, j'avais fini par en connaître les rouages et travers.

Je savais, entres autres, qu'il ne fallait jamais se mettre les médias à dos, que la réputation était d'une importance primordiale et que les contacts étaient ce qu'il y avait de plus essentielle.

Je n'avais, cependant, jamais réalisé que trop s'entendre avec quelqu'un pourrait me porter préjudice.

Et s'il y'a bien un conseil que j'aurai apprécié que l'on me donne : c'est de ne jamais mélanger attirance et politique.

De tous ce que j'avais pu recevoir comme remarques, critiques ou remontrances, jamais personne n'avait osé me dire de ne pas me laisser tenter par un collègue.

Il y a de fortes chances que, si on m'avait prévenu de ce code social essentiel plus tôt, je n'aurais jamais embrassé le premier ministre dans son appartement, n'aurais très certainement jamais flirté avec lui, et n'aurais pas été jusqu'à entamer une relation sous couvert d'une fausse identité non plus.

En clair, on m'avait éduqué sur beaucoup de sujets, mais visiblement pas sur le bon.

J'ajouterai aussi, qu'il y a de fortes chances que, si on m'avait prévenu de ce code social essentiel plus tôt, je ne me serais pas retrouvé à deux heures du matin, un jeudi soir, entrain de fouiner sur mon ordinateur pour savoir qui était la personne à qui Gabriel Attal avait bien pu s'abonner sur son compte TikTok.

Aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux du monde, j'étais comme ça.
Je me passionnais de tout et de rien à la fois.

Il arrivait que je sois désinvolte et profondément nonchalant sur un tas de sujets, mais par moment, il arrivait que je me captive d'un, et que je ne le lâche plus.

J'avais passé le restant de la réunion de ce matin à y penser. Ça m'obsédait.
Je m'imaginais déjà sur toutes sortes de réseaux sociaux, articles, sites internets - où que sais-je ? - pour trouver ce mystérieux individu.

N'importe qui serait passé à autre chose, mais pas moi.

Il y avait quelque chose d'excitant, qui me tenait en haleine. Une envie de rechercher sans m'arrêter jusqu'à trouver, une détermination rare.
Je n'ai jamais été quelqu'un de passionné.
Rarement amusé, rarement investi, souvent blasé.

Je joue au jeu qui me me rapportera le plus gros.

Mais par moment, c'était différent.

Étant plus jeune, à peu près vers la période du lycée, je m'étais pris de passion pour un jeu vidéo nommé Call Of Duty, sur lequel je pouvais passer des heures interminables, jusqu'à ce que mes notes en pâtissent et que je n'en soit privé par ma mère, arrêtant l'obsession dans sa lancée.

Depuis lors, il était rare que je sois autant épris jusqu'à la fixation.
J'aimais, sans doute, beaucoup de choses.
J'aimais la politique, l'ironie, le sarcasme, les débats animés, avoir raison, me venger.
Mais dire que cette liste - non exhaustive - relevait de la passion aurait été un beau mensonge.
Malgré tout, elles n'étaient pas indispensables à ma vie.

Mais avec lui, c'était différent.

Je replongeais dans mon adolescence, les centaines d'heures de visionnage du jeu de combat, les longues mémorisations de stratégies ou de combinaisons de boutons.
Tout redevenait comme sur la console quand il s'agissait de cet homme. De Gabriel.

Il a cette capacité d'être addictif.
Plus que la cigarette, plus que l'alcool, plus que le sexe, plus que la drogue, plus que les jeux vidéos encore.

Aujourd'hui, j'avais découvert que son nombre d'abonnement avait changé, et je trouvais à cette enquête un caractère particulièrement stimulant qui savait m'occuper l'esprit. Il ne m'en avait pas fallut beaucoup plus pour devenir accro.

C'était à base de recherches poussées, de calculs de probabilités que je jouais avec les recherches, le tout avec un bloc de papier sous les yeux, et un crayon de bois qui tournait inlassablement entre mon pouce, mon index et mon majeur.

J'avais trouvé un nouveau jeu à jouer.
Bien plus grisant que ce que j'avais eu à me mettre sous la dent durant ces derniers mois, et bien plus grisant que les guerres sur écran plat, manette à la main.

La saveur incomparable à laquelle il m'avait habitué, je la retrouvais.
La fadeur partait pour laisser mes papilles se remplir de ces goûts connus.
Je léchais ma lèvre inférieure pour l'humidifier, me délectant de ce challenge mieux que de n'importe quelles sucreries.

Je savais, d'ores et déjà, à quoi allaient être occupés ces prochains jours ou prochaines semaines.
Et si on ajoutait à cela les élections européennes approchant à grand pas...

N'était il pas improbable que je goûte à nouveau à l'entrain qui animait mes jours il y a quelques mois de cela ?

Et si les choses recommençaient ?

Mais que cette fois ci, au delà du virtuel, on trouvait le réel ?

Que ma quête n'allait pas être de créer quelque chose dans l'ombre et de dissimuler la vérité, mais d'exposer au grand jour cette partie récréative ?

Désormais, les choses allaient changer.

Je trouverais qui se cache derrière cet abonnement mystère, quoi qu'il m'en coûte.

Et je retrouverais Gabriel Attal.

Perdu dans de vieux souvenirs, j'allais réussir à tendre cette perche pour le récupérer et regoûter à sa présence. Cesser de prétendre être étranger l'un à l'autre.

Je suis bien trop grisé par cette pensée.

Il est temps de ne plus être deux inconnus, Gabriel."

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant