𝟕 - 𝐉𝐞𝐮𝐱 𝐝'𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭𝐬

474 41 57
                                    

🎶Silent running - Gorillaz🎶
🎶Roi - Videoclub🎶

" J'AVAIS arrêté de compter le nombre de fois où j'avais réajusté cette cravate.

Je la trouvais trop desserrée, trop serrée, trop sur la gauche, trop sur la droite. Elle n'était jamais parfaite.

J'avais d'ailleurs fait sensiblement la même chose avec mes cheveux.
Ils avaient beau être courts, cela ne m'empêchait pas de les replacer incessamment, tentant de plaquer les petites mèches rebelles.

L'écran de mon téléphone ou même le rétroviseur de mon chauffeur n'était malheureusement pas assez grand pour me permettre d'observer ma tenue complète. D'ordinaire, je me débrouillais pour être accompagné de quelqu'un. Quelqu'un capable de couper les fils qui dépassent de mon costume, de me recoiffer ou d'enlever une poussière qui se serait logée quelque part sur mon visage.

Cette personne, c'était souvent Marine.

Depuis mes débuts en politique, lorsque nous nous sommes rencontrés, elle était la première à croire en moi et me soutenir. Elle s'assurait toujours que je sois le plus parfait que possible lors de mes apparitions.

Je me sentais comme un enfant dont la maman ajuste la tenue juste avant la photo de classe.

Aujourd'hui, elle n'était pas là.

J'étais de retour à l'école primaire, quand j'étais le seul enfant dont la maman n'ajustait pas la tenue juste avant la photo de classe.

C'était une sensation que j'avais oublié avec les années, mais il serait mentir que de dire qu'elle ne m'affectait plus.
Mais fierté oblige, j'y étais désormais, devant le palais de l'Élysée, et il n'était certainement pas question de faire marche arrière.
Trop tard pour retourner dans la voiture ou pour m'excuser auprès de Marine.

J'ai humidifié mes lèvres sèches une dernière fois avant de marcher en direction des grandes portes.

Les journalistes n'étaient pas de sortis, offrant le luxe de pouvoir marcher sans être criblé de questions, d'appels et de flashs.

En jetant un coup d'œil à la montre sur mon poignet, je réalisais les nombreuses minutes de retard qui accompagnaient mon arrivée.

Fait chier.

La salle de réception n'était pas bien éloignée de l'entrée.
Enfin, "pas bien éloignée" pour un endroit qu'on appelle de Palais.
Il a tout de même fallut qu'un employé m'accompagne jusque dans la pièce pour que je ne me perde pas parmi les couloirs.

- Par ici Monsieur Bardella.

Il ouvrit la porte pour moi, je le saluais d'un signe de tête et entrais.

Ce qui me semblait être un milliers de regard se posèrent sur moi.

Putain.

Tous les partis qui participaient aux élections européennes étaient réunis.
Groupe par groupe, ils se tenaient chacun compagnie, certains évitant soigneusement de se mélanger à d'autres.
La gauche restaient recluses, témoignant du manque d'ouverture aux autres bords,  les centristes et Les Républicains qui faisaient ami-ami sans grande surprise, et le camp de Reconquête, presque collé au mur, restant également entre eux.

Les extrêmes n'avaient pas bonne figure dans ce dîner macroniste.

Mais si cela n'était pas suffisant d'arriver en retard, il avait fallu que je vienne seul.
Chaque groupe avait amené, au minimum, sa tête de liste et son président.
Le reste de la foule était composée de différents députés européens ou des membres les plus importants.
Et sans grande surprise, la majorité présidentielle était, là encore, en plus grand nombre.

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant