𝟏𝟕 - 𝐋𝐞 𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭

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🎶 Strange - Celeste 🎶
🎶Somebody That I Used To Know - Gotye🎶

" - Jordan, dépêches-toi, nous allons être en retard.

- Oui, je sais.

Planté devant le miroir, le reflet bleuté de mon costume me donne une certaine carrure, mais mes yeux vitreux sont incapables de le voir.

Je me contente de remettre en place ma cravate et mon col de chemise.
Je crois avoir fait ça plusieurs fois ces dernières minutes.

- Est-ce que j'ai l'air bien ? Je sens bien le parfum ?

- Oui, tu es parfait. Tant que tu souris, personne ne fera réellement attention à ce que tu dis. Fais juste attention de ne pas trop parler si tu sens que les adversaires ont de meilleurs arguments que toi.

Je l'ai vu arriver derrière moi dans le miroir, elle à lissé, avec sa paume bleuâtre de ses veines, le tissu de ma veste. Enlevant les petites poussières qui s'y seraient logées, ou les plis qui se seraient formés.

- Merci maman. Je dis en regardant sa silhouette réfléchie.

La femme pouffa de rire, des fossettes se formant aux coins de ses lèvres.
J'ai baissé les yeux en me rendant compte de mon erreur.

- Je voulais dire.. Marine. Désolé.

Elle ne dit rien de plus.
Ce n'était pas la première fois que je me trompais, mais c'était plus fréquent ces derniers temps.

- Il risque de pleuvoir dans la soirée, prévois tout de même un parapluie, au cas où.

- J'y penserai.

Je me suis dirigé vers l'entré de mon appartement où était rangée ma petite collection de parapluie. J'en sélectionnais un et le plaça sous mon bras, pour garder les mains libres.

- Tu viens ? Je demandais à la blonde.

Elle hocha la tête et vint me rejoindre, elle prit bien soin d'éteindre les lumières avant de sortir.

Mon chauffeur nous attendait en bas de l'immeuble. Nous sommes tous deux montés à l'arrière de sa voiture.

- Tu as bien tous tes documents ? S'assura-t-elle de sa voix toujours aussi calme et confiante.

- Je crois, oui. Je vais jeter un dernier coup d'œil.

J'ai fouillé la petite pochette en plastique censée contenir chacun des papiers nécessaires au débat approchant.
Ça ressemblait à des sortes d'antisèches, de quoi rebondir pour attaquer l'opposition si je venais à cours d'idée ou que mon temps de parole venait à manquer.

J'avais appris cette technique de Marion. Marion Maréchal. Du temps où nous étions du même parti politique, il arrivait que les plus anciens forcent le contact entre nous. Parmi les nombreux silences à meublés qui envahissaient nos échanges, elle m'avait glissé ce conseil.

Ce qui était bête, c'est que c'était la même investigatrice de cette technique que j'allais devoir affronter ce soir.
Alors bien sûr, nous n'étions pas de directs ennemies. Nos idées sont similaires, nous sommes les plus rapprochés dans l'échiquier politique, mais nous n'en restons pas moins deux adversaires concourants à la course aux sièges.

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant