Chapitre 10

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Rokia ressent un pincement au cœur à l'idée de se séparer de Ryujin.

« Bon... Rokia, on se dit à demain, j'espère. Ça m'a fait plaisir de te rencontrer. »

« Moi aussi. J'espère être encore en vie d'ici là. À demain. »

Les adolescents sont contraints de vivre ici pour le moment, ne pouvant rien faire pour retourner chez eux. Ils ont besoin d'une échappatoire, car ils sont trop profondément immergés.

« Allez, viens ! Je ne te mangerai pas ! »

Rokia fait la connaissance d'une fille avenante, aux longs cheveux bruns et à la peau brune, qui a de grands yeux marron. Sa tenue, un peu trop courte, lui donne un air décontracté. Cette demoiselle l'invite à entrer et l'accueille avec un sourire chaleureux, bien que son visage soit couvert de poussière à cause d'une dure journée. La bonne humeur de cette fille rassure Rokia et lui donne envie de s'intégrer.

Touchée par ce geste, Rokia suit son hôtesse, qui lui montre sa chambre. Là, Rokia découvre un livre qui décrit en détail des créatures marines effrayantes ; certains dessins lui donnent des frissons.

« Elle est trop belle, ta méduse ! »

« Elle est comme ma meilleure amie, » répond Rokia avec fierté.

Rokia prend le temps d'explorer le dortoir, qui est si fabuleux et chaleureux qu'elle a l'impression d'être dans une suite luxueuse. Les lits sont marbrés de rouge, et des tapis portent l'effigie de l'opale dorée de la ville.

Un grand aquarium trône dans la pièce, abritant un requin et de petits cerceaux blancs, dont elle se demande l'utilité. Anjali lui explique qu'il faut un mot magique pour ouvrir le buffet mis à disposition, un mot qui change toutes les deux semaines. Elle s'essaie à l'exercice. Pour allumer la lumière, il suffit de taper des mains ; Anjali lui montre avec entrain.

Il est temps pour elles de faire plus ample connaissance.

« Moi, c'est Anjali ! C'est quoi ton prénom ? »

« Je m'appelle Rokia, enchantée ! »

« Ça va ? Ça fait combien de temps que tu es ici ? »

« Depuis aujourd'hui ! Je viens de la terre ferme. »

Anjali fronce les sourcils, ne comprenant pas ce que cela signifie, n'ayant aucune connaissance de la vie au-dessus des abysses. Rokia lui explique qu'elle a été projetée ici par des algues et ajoute que sur la terre ferme, personne ne mange d'opale pour vivre.

« Ça alors ! Il y a une vie hors des profondeurs ? Et on peut vivre et respirer là-bas sans manger ces affreuses opales ? Je veux aller là-bas ! »

Rokia lui montre la pierre verdâtre qui est coincée dans son larynx. Anjali est stupéfaite ; elle n'a jamais vu cette gemme verte ici. Au travail, ils reçoivent toujours des pierres polychromes. Elle fixe la gemme, qui brille de mille feux, en rêvant de l'avoir.

« Tu as de la chance ! Mes parents sont morts par manque d'opale. Ils étaient gravement malades et ne pouvaient plus travailler. J'aurais voulu les inscrire à ce dispositif pour bénéficier de gemmes gratuites, mais c'est réservé aux personnes âgées. Moi, toute seule, je ne pouvais pas subvenir à leurs besoins, malgré mes heures supplémentaires. Je les ai vus mourir sous mes yeux. Si j'avais eu cette pierre verte, j'aurais pu les sauver. »

Anjali commence à ingurgiter des opales pour augmenter sa jauge d'oxygène, tout en parlant de ses parents, pour ne pas finir comme eux.

Rokia, quant à elle, est bouleversée par ce que lui raconte sa nouvelle camarade. Elle peine à croire l'horreur de la situation ici. Elle prend conscience de la chance qu'elle a d'avoir cette opale verte ; sans elle, elle serait probablement déjà morte.

Essayant de trouver le sommeil, Rokia ressent une douleur sourde dans son bras. C'est similaire à la dernière fois à la maison, mais cette douleur est encore plus intense. Elle serre les dents pour ne pas réveiller Anjali, qui vient de s'endormir. Elle tient son bras comme s'il allait se détacher, espérant que ce geste atténuera la douleur.

Opales des AbyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant